Une union sacrée et régionale pour le Grand-Théâtre de Verviers (photos + vidéo)

D'où l'intérêt que "vous montriez que vous êtes tous derrière la Ville" et donc derrière ce projet de restauration du Grand-Théâtre, a-t-elle ajouté à l'adresse des invités.

Parmi ceux-ci, Il y avait des élus locaux, des représentants des administrations du Patrimoine et de la Fédération Wallonie-Bruxelles, des acteurs culturels et du monde socio-économique, etc. Mais aussi des parlementaires de la région verviétoise. Alors que certains se sont excusés de ne pouvoir être là, d’autres étaient bien présents, dont la VerviétoiseStéphanie Cortisse (MR) et le Spadois Charles Gardier (MR et également codirecteur des Francofolies), deux parlementaires quisiègent à la Fédération Wallonie-Bruxelles… dont, justement, la Ville de Verviers attend le soutien. Celui-ci passe par deux volets.

Projet culturel bouclé

D’une part, il revient désormais à la ministre de la Culture, Bénédicte Linard (Écolo), de valider le projet culturel, indispensable pour boucler le dossier, et que la Ville lui a rentré le 23 décembre dernier. Il s’agissait de la dernière étape à franchir par Verviers pour boucler le dossier, avant de passer à celle de la réalisation des travaux.

Ouverture, fin 2025?

C'est seulement quand la ministre de la Culture aura donné son feu vert pour le projet culturel que la Ville pourra directement lancer le marché public des travaux. Si, comme le projette l'échevin de la Culture, Jean-François Chefneux (Nouveau Verviers), l'aval ministériel est délivré d'ici avril prochain, le timing actuel prévoit le début du chantier en fin de cette année et "pour la fin de 2025" une ouverture du Grand-Théâtre restauré à l'identique mais modernisé et agrandi avec une extension à l'arrière.

Ce projet culturel, avec le statut de Carrefour des Musiques comme fil rouge, a été établi, réfléchi, avec de nombreux acteurs du secteur culturel verviétois et de la région; y compris bien évidemment avec le centre culturel de Verviers, qui sera le gestionnaire du Grand-Théâtre (lire ci-dessous).

Financement du fonctionnement

C’est là encore qu’intervient la Fédération Wallonie-Bruxelles ou plutôt qu’elle est appelée par la Ville de Verviers à intervenir: celui du fonctionnement du nouveau Grand-Théâtre (dont la restauration aura coûté 33 à 35 millions, subsidiés notamment par la Région wallonne) et de sa rentabilité financière.

Car un outil tel que celui-là, au service de tous, des artistes et de la population, ne peut s'autofinancer, a rappelé l'échevin de la Culture. Le plan financier qui a été établi pour la période 2026-2030 prévoit un budget tournant aux alentours des 2,5 millions d'euros par an. Avec les recettes des activités et les différents subsides (1,5 million), il resterait un déficit d'un quart de million d'euros. D'où "l'objectif d'aller chercher des subsides complémentaires auprès de la Fédération Wallonie-Bruxelles", lesquels pourraient diminuer de moitié la note de la Ville pour combler ce déficit, a plus que glissé Jean-François Chefneux à l'adresse des invités à la présentation de ce mercredi.

En résumé: la Ville de Verviers a bouclé l’intégralité du dossier et, maintenant, la balle est dans le camp de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Le message est passé.

La Ville de Verviers a décidé de confier la gestion du Grand-Théâtre (restauré, rénové et agrandi) au centre culturel, qui y retournera donc après avoir dû le quitter lors de sa fermeture en juin 2015, pour heureusement trouver "refuge" à l'Espace Duesberg. Cette longue parenthèse a toutefois été une opportunité, selon la directrice du centre culturel de Verviers, Audrey Bonhomme, car elle a nécessité de (re)nouer des relations et des collaborations avec d'autres centres culturels de la région, ne fût-ce que pour pouvoir délocaliser des représentations qui nécessitaient davantage que les 250 places de l'Espace Duesberg; aussi de redéployer des activités avec des acteurs culturels (conservatoire de musique, maisons de jeunes, etc.) et sortir de "la tour d'ivoire" dans laquelle il avait pu se renfermer précédemment.

"Pas une tour d’ivoire", un lieu de vie, en journée et en soirée

"La perspective de réintégrer le Grand-Théâtre ne va pas nous remettre dans une tour d'ivoire" et le futur programme culturel sera "coconsruit avec tous les partenaires, opérateurs culturels, artistes, et aussi le monde entrepreneurial, ce qui sera nouveau pour nous (NDLR: avec des activités notamment pour les entreprises, comme des séminaires, destinées à rentabiliser l'outil)", a assuré Audrey Bonhomme.

Avec plus de salles disponibles (et modulables, y compris en y intégrant la scène principale et possibilités de festivals de musique avec plusieurs concerts en même temps), grâce à la future annexe contemporaine à l'arrière du bâtiment, le Grand-Théâtre sera voué à devenir "un lieu d'excellence", notamment en tant que Carrefour des Musiques, mais aussi "un lieu de proximité", avec une vaste mezzanine pour des rencontres ou du coworking, ainsi qu'un espace Horeca, dans ce tiers-lieu (l'annexe).

Cet "espace pour tous sera ouvert le plus souvent possible, en journée et en soirée" sera lui aussi géré par le centre culturel. Cela permettra une complémentarité avec les activités artistiques au programme (comme des cafés-concerts en soirée) et, avec une limitation à un bar avec petite restauration, cela évitera aussi une concurrence au secteur Horeca qui se déploie tout autour du Grand-Théâtre.

Échevin de la Culture, Jean-François Chefneux (Nouveau Verviers) a retracé toutes les étapes franchies pour élaborer ce dossier de restauration et rénovation du Grand-Théâtre de Verviers, maintenant que la dernière aux mains de la Ville a été franchie, avec le dépôt du projet culturel. Un dossier "d'une complexité immense", avec un édifice classé (à titre d'exemple, le dessin de chaque poignée de porte a dû être étudié) et d'un montant de 33 à 35 millions d'euros, ce qui induit "des délais longs".

Mais "le travail a été colossal en matière de transversalité et d'écoute réciproque" entre tous les intervenants, dont plusieurs administrations (et plusieurs législations à respecter). Car "quand on met autant de monde autour de la table, une chose est sûre, c'est qu'on n'est pas d'accord et on met un temps colossal à trouver des accords ".

Rétroactes

– Juin 2015: fermeture du Grand-Théâtre, pour cause d’insécurité, constatée suite à la chute d’une moulure au plafond du foyer.

– 2016: obtention d’une promesse de subsides de 13,6 millions d’euros de la Région wallonne.

– Mars 2017: désignation du bureau d’architecture L’Escaut comme auteur de projet pour la restauration.

– Janvier à octobre 2018: approbation de l’esquisse, commande de l’avant-projet, rédaction d’une première note d’intention culturelle.

– Octobre 2018: présentation de l’avant-projet à la Ville.

– Octobre 2018 à décembre 2020: 15 réunions de patrimoine.

– Janvier à juillet 2019: étude des couches de peintures et matériaux, qui aboutit à l’option de restituer le Grand-Théâtre à l’identique, soit tel qu’il était lors de son inauguration, en 1892 (sur des plans de Charles Thirion).

– Mai 2019: approbation de l’avant-projet par le collège communal.

– Juin 2019: accord de la Fédération Wallonie-Bruxelles sur l’avant-projet, avec une intervention financière de 12,1 millions.

– Juillet 2019: présentation de l’avant-projet.

– 2020: établissement de tous les documents (plans, etc., soit "plus de 1 000 pages") pour la demande de certificat de patrimoine, lequel sera obtenu en décembre de cette année-là.

– Décembre 2020: dépôt de la demande de permis d’urbanisme.

– Mai 2021: délivrance du permis d’urbanisme par la fonctionnaire déléguée de l’urbanisme de la Région wallonne (aucun recours ne sera introduit).

– Mai 2021: approbation par le conseil communal des différents cahiers des charges pour les travaux.

– Juin 2021: délivrance du permis d’environnement.

– Juillet 2021: décision que l’opérateur du Grand-Théâtre soit le centre culturel.

– Décembre 2021: le 23, approbation du projet culturel par le collège communal et dépôt, le jour-même, auprès de la Fédération Wallonie-Bruxelles.