Une consultation populaire pour Spintay? Guère populaire à la tête de la Ville de Verviers
Le collège communal de Verviers ne s’est pas prononcé sur la proposition, véritable pavé dans la mare, lancée par l’échevin Freddy Breuwer d’organiser une consultation populaire sur l’avenir de Spintay. Gros malaise?
Publié le 03-12-2021 à 08h00
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Pas de décision et plutôt grosse margaille, au collège communal de Verviers qui s’est tenu ce jeudi après-midi. À propos de quoi? À propos, bien sûr, de la proposition de Freddy Breuwer (MR) de lancer une consultation populaire afin de demander aux citoyens verviétois ce qu’ils souhaitent voir aménager dans le périmètre dit de "revitalisation Spintay", qui s’étend jusqu’en rive gauche de la Vesdre, jusqu’à la rue du Brou. Soit le périmètre pour lequel le promoteur City Mall a les permis requis, depuis longtemps, notamment pour construire un centre commercial, mais pour lequel il s’apprête à dévoiler un nouveau projet.
Échevin de la Revitalisation urbaine, de l’Aménagement du territoire et de l’Urbanisme, Freddy Breuwer, qui ne fait plus confiance au promoteur, avait averti ses collègues du collège communal, mercredi en fin d’après-midi, de la proposition qu’il leur ferait ce jeudi de lancer une telle procédure de consultation populaire. Il l’avait fait via ce que l’on appelle une "note verte", c’est-à-dire une note confidentielle, qui ne doit pas figurer au PV (procès-verbal) de la séance du collège.
Certains membres de l'équipe dirigeante de la Ville de Verviers (PS, ex-PS, MR, cdH et Nouveau Verviers) ont été plus que surpris de cette initiative, venant de Freddy Breuwer, l'estimant fort de café de la part d'un échevin de l'Urbanisme plutôt généralement favorable à des projets de lotissements, d'urbanisation. Leur surprise a décuplé en découvrant que la teneur de cette "note verte", supposée confidentielle donc, avait été dévoilée par Freddy Breuwer lui-même, dans une interview parue ce jeudi matin dans l'Avenir Verviers.
Grosses discussions et silence radio
Les discussions sur ce point en collège communal ont donc été ardues, houleuses. Elles ont duré deux heures. Pour aboutir à quoi? À aucune décision formelle, ni de principe.
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Pourquoi? Dès avant le verdict de ces palabres, nous avions pris contact avec plusieurs membres du collège communal, afin de connaître leur point de vue sur ladite proposition. Nous avons obtenu une fin de non-recevoir.
La bourgmestre Muriel Targnion nous a fait savoir que le collège avait décidé de confier la communication sur ce point à l’échevin de la Participation citoyenne, Jean-François Chefneux (Nouveau Verviers) – pour ne pas dire qu’il lui refilait la patate chaude –, lequel répond à nos questions dans une interview ci-dessous.
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Même réponse (ou non-réponse) de la part de Cécile Ozer, échevine d’un cdH qui, en 2006, avait crié au scandale quand la majorité PS-MR de l’époque avait remballé une telle consultation citoyenne, déjà sur Spintay…
Le malaise était plus que palpable, politiquement, et aussi dans la perspective des discussions (négociations?) avec le promoteur City Mall et son boss Patric Huon.
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Même Freddy Breuwer lui-même ne souhaitait pas s’exprimer, au sortir de cette séance du collège communal.
Si, finalement, l’échevin Jean-François Chefneux s’est exprimé au nom donc de l’ensemble du collège (mais sans unanimité en son sein), les partis de l’opposition au conseil communal de Verviers (Écolo, PTB et PP), n’ont pas ergoté sur une prise de position. Et même si le fait qu’elle vienne de Freddy Breuwer les titille, l’idée d’une consultation populaire les ravit au plus haut point, ils sont unanimes à cet égard.
De là, maintenant, à ce que l’un ou l’autre parti de la minorité s’engouffre dans la brèche ouverte (dans la majorité) par Freddy Breuwer et dépose lui-même une telle proposition au vote du conseil communal, il y a un pas que l’avenir nous dira s’il sera franchi. Et si tel était le cas, cela risquerait fort de gêner aux entournures l’un ou l’autre membre de la majorité…
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Jean-François Chefneux, pourquoi n’est-ce que vous qui vous exprimez pour le collège communal de Verviers?
Tout simplement parce que le collège a considéré que la question portait fondamentalement sur la participation citoyenne et que c’était l’échevin qui a la délégation pour cette compétence qui était le plus à même d’y répondre.
Alors, quelle a été la décision du collège à la proposition de Freddy Breuwer? Consultation populaire ou pas?
Tout d’abord, je voudrais dire qu’il s’agissait d’une "note verte" de la part de Freddy Breuwer, donc un document à la nature confidentielle, destinée à un premier débat en collège. Nous avons débattu longuement, très longuement, de la question. On s’est arrêté sur le fait qu’à ce stade, cela nécessitait encore une réflexion au niveau de la participation citoyenne. Dans le même temps, nous sommes en train de rédiger la déclaration de politique communale et il faut voir quels outils proposer en matière de participation citoyenne. Et il faut voir quelle réponse apporter à la question particulière évoquée, qui est spécifique et particulière.
Mais il faut d’abord envisager la problématique dans son ensemble et plus largement que cette question particulière, en voyant comment, demain, on pourra classer les outils de participation citoyenne et en trouvant lesquels sont les plus pertinents. La participation citoyenne est une matière complexe, extrêmement compliquée, qui nécessite un dispositif comme de petites élections. Cela a un coût important, qui n’est pas dans nos lignes budgétaires actuellement (NDLR: il nous revient par ailleurs que l’échevin Chefneux aurait demandé, ce jeudi, un budget de 50 000€, puis de 10 000€ pour cette matière, mais en vain).
Et puis, les bouquins qui en parlent montrent que cela nécessite un important travail de pédagogie. Il faut expliquer toute la problématique à la population (l’impact financier de telle ou telle décision, etc.). Si on se dirige dans cette voie, cela nécessite donc un travail très important et il faut que je retravaille sur cette question pour revenir au collège avec des propositions. La participation citoyenne, cela doit être une lame de fond qui corresponde à une plus grande coconstruction de projets. Pas à un gadget dans lequel on va picorer quand il y a des intérêts particuliers. Mais en écoutant de plus nos citoyens à propos de sujets qui les intéressent, comme l’aménagement du territoire, les constructions, etc. (NDLR: une pique vers l’échevin de l’Urbanisme, Freddy Breuwer?).
Cela nécessite un grand travail préalable. Et aux termes de "participation citoyenne", je préfère ceux "d’intelligence collective". Mais je ne sais pas encore vous dire à quoi on va aboutir. La manière de mettre en œuvre cette participation citoyenne doit toujours faire l’objet de discussions et d’arbitrages au sein du collège communal, tout le monde n’est pas d’accord et n’a pas la même lecture de la participation citoyenne.
Vous êtes échevin de la Participation citoyenne et le chef de file d’un mouvement Nouveau Verviers qui a présenté la participation citoyenne comme étant au cœur de son ADN. Pour vous, une proposition de consultation populaire, sur un dossier aussi important que Spintay, cela doit être du pain bénit, non?
Franchement, oui. Car je ne pensais pas que, durant cette mandature, des propos qui incluent autant la participation citoyenne auraient été tenus par quelqu’un d’autre que moi. Certains disent "de la parole aux actes". Alors, moi, je dis: "Chiche!". La participation citoyenne, c’est une procédure qui s’applique dans une série de dossiers pour lesquels on peut se quereller. Cela ouvre des méthodes de travail, pour faire émerger des consensus les plus larges possibles, là où certains ont plutôt l’habitude de passer en force.
Alors, vous, à titre personnel, vous y êtes favorable ou non, du moins sur le principe, pour le dossier particulier de Spintay?
Je vais faire une réponse de Normand… Je suis heureux que cela percole dans les esprits. Mais, parmi les outils de participation citoyenne, la consultation populaire date un peu et elle n’est pas extraordinaire comme outil de participation. Elle est lourde, coûteuse, ce n’est qu’un coup de sonde à un moment déterminé, elle n’est pas contraignante et n’a pas nécessairement significative en fonction du taux de participation (quelle est sa valeur s’il n’y a que 20% des citoyens qui y participent?).
Et puis, peut-on poser la question de ce qu’on peut faire sur le terrain du voisin (NDLR: en référence au dossier Spintay, pour lequel le promoteur City Mall est propriétaire d’une bonne partie du foncier)? Quid des conventions qui existent entre le promoteur et la Ville? Il y a une quantité d’interrogations qui rendent le mécanisme extrêmement complexe à manier.