Inondations des musées verviétois: «Toutes les pièces ne seront plus comme avant» (+ PHOTOS)
Depuis les inondations de la mi-juillet, on s’active aux musées de Verviers. Après le séchage de toutes les pièces, il va falloir les marquer puis les photographier. Avant de penser à les restaurer.
- Publié le 06-09-2021 à 17h01
Les inondations du 15 juillet dernier ont véritablement secoué les deux musées verviétois, celui des Beaux-Arts et de la Céramique, rue Renier, et celui d’Archéologie et de Folklore, rue des Raines. Dans ces deux institutions, l’eau s’est infiltrée dans les sous-sols pour atteindre jusqu’à 1 mètre de haut au musée d’Archéologie et 10 à 20 cm du côté des Beaux-Arts.
Un véritable coup dur pour toute l’équipe des musées. Dans les sous-sols, hormis des pièces en réserve, on trouvait également de riches morceaux du patrimoine local. Par exemple, le Bethléem verviétois, le premier violon d’Henri Vieuxtemps, ou encore les vitrines renfermant les richesses en grès, faïence et porcelaine.
Faut que ça sèche
Depuis plus d'un mois et demi, tous s'activent donc pour rendre de sa superbe à ce patrimoine ravagé. «Nous avons sorti toutes les pièces des sous-sols pour les remonter aux étages et les faire sécher, commente Caroline Henry, directrice des musées de Verviers. On se devait d'enlever le plus rapidement possible toutes les œuvres de la boue et de l'humidité. Ce qui est formidable, c'est qu'on a reçu énormément d'aide, notamment du Bouclier bleu (NDLR: il s'agit d'un comité international qui agit pour la protection du patrimoine culturel). On a aussi été épaulé par des restaurateurs indépendants de la région avec lesquels on a déjà travaillé auparavant. Grâce à eux notamment, on a reçu plein de conseils pour ne pas faire n'importe quoi. En tant qu'historienne de l'art, je ne savais par exemple pas qu'il fallait quatre bains différents pour nettoyer la céramique.»
Une fois ces phases de nettoyage et de séchage terminées, dans les jours à venir, l'équipe des musées va se charger du marquage de chaque pièce, selon l'inventaire. L'eau et la boue ayant effacé certains numéros d'identification des pièces. «Il va donc falloir toutes les passer en revue et renuméroter celles qui en auront besoin. Pour ça, on pose une couche de vernis transparent, puis on note le numéro à l'encre de Chine, et on repose une couche de vernis. Tout ça devrait prendre un bon mois de travail.»

«Il restera une marque»
Viendra ensuite l'étape de la photographie de chaque élément afin d'actualiser l'inventaire avec l'état des pièces après le passage des inondations. «On a tout gardé. Certaines pièces sont en très mauvais état, mais on ne jette rien. La phase de restauration sera donc cruciale car on sait qu'il ne sera peut-être pas possible de tout restaurer à l'identique, ça pourra parfois coûter très cher. On sait qu'il restera une marque des inondations sur les collections. Toutes les pièces ne seront plus comme avant.»
Restera enfin à penser au reconditionnement de toutes les richesses muséales. Pas question de replacer le moindre élément dans les sous-sols. Les stocks devront être entreposés ailleurs. «Une fois, c'est bon, souffle la directrice. On ne va plus risquer quoi que ce soit.» Quant à la scénographie des musées, elle devra également être revue, notamment pour les céramiques, les faïences et les grès dont les vitrines trônaient fièrement jusqu'alors dans les sous-sols. Il faudra réaménager tous les espaces aux étages pour y exposer l'ensemble des collections, sans plus compter sur un passage par les caves.

Pour les équipes, il n'est donc pas encore temps de penser à la réouverture des musées. Si, dans un premier temps, la date de janvier 2022 avait été avancée, Caroline Henry préfère jouer la carte de la sécurité. «Avec le temps de séchage des bâtiments en plus, je pense qu'on rouvrira plus tard malheureusement.»
À noter enfin que l’AWaP, l’Agence wallonne du patrimoine, devrait faire le tour des deux bâtiments, en partie classés, cette semaine.

Le Bethléem verviétois, qui se tient d’habitude chaque année aux fêtes de fin d’année, n’est plus que l’ombre de lui-même. Tant ses centaines de figurines que la mécanique de ce théâtre animé qui raconte l’histoire de la Nativité ont été touchés. Une catastrophe quand on pense que ce Bethléem date du XIXe siècle.
«Toutes les pièces du Bethléem verviétois étaient stockées au sous-sol, explique Caroline Henry. Tout était posé sur une table, à un mètre du sol. Jamais on n'aurait pensé, même en cas d'une inondation du sous-sol, que l'eau atteindrait un jour cette hauteur. Et pourtant… Tout le Bethléem a été noyé.»

Pour l'instant, le temps est au séchage de toutes les pièces. Pour l'avenir? Pas question de faire n'importe quoi. «On avait pensé frotter ou gratter les pièces pour enlever la boue, la terre, mais on nous l'a déconseillé. On n'y touche pas. Il faut dire que les éléments qui composent le Bethléem sont variés. Il y a de la porcelaine, du papier mâché, du bois, du tissu, du plastique, du carton. Le Bethléem fait partie du patrimoine verviétois, on compte donc le restaurer. Des contacts ont été pris, notamment avec une école, on va voir ce qu'on pourra faire.»


Autre pièce on ne peut plus importante dans le cœur des Verviétois attachés à l’histoire et au patrimoine culturel local: le premier violon d’Henri Vieuxtemps. Le musicien virtuose né en 1820 a en effet contribué à installer Verviers au cœur de la scène musicale internationale. Son nom résonne d’ailleurs toujours aux quatre coins du monde.
Début 2020, pour fêter comme il se doit le 200e anniversaire d'Henri Vieuxtemps, le premier violon de l'artiste avait été restauré avant d'être exposé au grand public. Lors du concert inaugural de cette expo, ses cordes avaient d'ailleurs vibré le temps d'un concert. «Le violon avait été renettoyé, restauré et posé sur un joli socle. Aujourd'hui, il est en 8 ou 9 morceaux. Là aussi, on va voir ce qu'il est possible de faire pour sa restauration», conclut Caroline Henry.