«Il faut du temps pour se reconstruire», dit le doyen des églises verviétoises
Le doyen des églises verviétoises, l’abbé Stanislas Kanda, habitant de Prés-Javais, a été touché de plein fouet par les inondations.
Publié le 18-08-2021 à 10h09
Des pavés soulevés, du mobilier emporté, de l'humidité, des archives de baptêmes et de mariages noyées, des odeurs nauséabondes: le presbytère du doyen de Verviers, en Prés-Javais, n'est plus ce qu'il était. Il faut dire qu'il a subi les affres de près de «deux mètres d'eau», il y a un mois.
Aujourd'hui, tout doit être remis en ordre et cela prend un temps fou. Les hommes de métier s'enchaînent tandis que Stanislas Kanda continue à endosser son rôle de patron des églises verviétoises en gérant son propre sinistre, celui de sa voiture disparue dans les flots et de «ses» quatre églises: Dolhain, Saint-Remacle, Notre-Dame des Récollets et Pepinster. «Tout doit être nettoyé et surtout déshumidifié. Il y a du travail. Les cultes ne pourront pas reprendre dans les prochains mois.»
Témoin d’une vie perdue
Au-delà du matériel, l'abbé Kanda doit surtout prendre soin de son moral. Il vit désormais avec le regret de n'avoir pu sauver sa voisine de la rue des Raines, « deux maisons plus bas», qu'il a entendu «cogner à sa fenêtre et crier au secours la nuit des inondations. J'étais coincé au premier étage, impuissant. Le temps de téléphoner aux secours qui n'ont pu intervenir tellement l'eau était trop haute, la dame s'était noyée. Elle ne criait plus. On a compris.»
Quelques heures plus tard, une fois l'appartement de la défunte accessible, le doyen s'y est rendu par la fenêtre, «un voisin l'a cassée», pour la coucher dignement sur son fauteuil le temps que les services arrivent. Des instants douloureux, «la famille est ensuite venue», confie-t-il, encore sous le choc.
À côté du drame, le doyen tient à souligner «l'incroyable entraide» qui s'est installée dans le voisinage et qui perdure. «Toutes les barrières idéologiques et philosophiques se sont brisées. Tout le monde réagit avec le cœur, est sorti pour secourir les uns et les autres. On se retrouve tous fragiles et égaux face à cette situation. C'était dans un premier temps une grande solidarité de proximité et puis, cela s'est encore élargi, on a eu des gens de partout.»
Et cela continue puisque pas plus tard qu'il y a quelques jours, un groupe de jeunes de la Communauté Maranatha de Koekelberg à Bruxelles est venu passer à la demande du doyen une journée solidaire en nettoyant les différents quartiers de Verviers impactés. « Si les eaux ont inondé nos rues et nos maisons, elles s'en sont prises également à l'existence même et à nos vies. Il faut du temps pour se reconstruire. Mais qu'à cela ne tienne: la capacité de nous en sortir est du ressort de la conjugaison de nos efforts de solidarités diverses.»
Et l'effort de l'Église verviétoise, c'est notamment d'avoir mis sur pied un concert solidaire au profit des sinistrés (120 participants). «Avec les bénéfices, nous allons acheter des fournitures scolaires pour les enfants sinistrés. On va faire du porte-à-porte pour identifier les besoins des familles et y répondre en attendant que les institutions et les assureurs fassent leur travail.»
Une récolte de matériel et de manuels scolaires s’organise aussi par son association qui œuvre au Congo, les Amis de Cibombo de Dison, tous les dimanches aux différentes célébrations.