L’histoire des résistants Keyeux et Reip
Christian et Arlette Schmetz racontent l’histoire de Paul Keyeux et Josée Reip, résistants belges arrêtés à Mâcon.
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Publié le 06-11-2020 à 06h00
S'effilocher, se détériorer, se réécrire, se dissiper, puis s'oublier et s'effacer. Il n'y a rien de pire pour une histoire, un vécu. Conscient de cela, les Welkenraedtois Christian Schmetz et son épouse Arlette Denis ont couché, sur papier, l'«Histoire d'un couple de résistants belges, arrêtés en France à Mâcon: Paul Keyeux, de Verviers, et Josée Reip, de Welkenraedt».
Ce couple a «décidé de servir sa patrie, la Belgique, en résistant à l'envahisseur et à l'occupant allemand». Une patrie qu'ils durent fuir, rejoindre la France… y être arrêté et périr en Allemagne. Ces faits, ces deux vies, Christian Schmetz s'en est emparé pendant deux ans. «Mon épouse fait partie du comité de généalogie d'Henri-Chapelle. Elle a fait la généalogie de la famille Reip, puis celle des Keyeux. Moi, je suis le petit-neveu de Josée Reip. J'étais donc au courant de leur histoire, vécue pendant la guerre. Je me suis alors dit qu'ils méritaient bien un livre sur ce qu'ils ont vécu, car je ne pouvais pas laisser partir cette histoire dans l'oubli.»
D’innombrables documents
Et quel livre! D’innombrables documents, plusieurs voyages vers Mâcon et la prison Montluc (Lyon). Des contacts avec l’Allemagne. La lecture, la compilation, de documents anciens. Christian et Arlette ont suivi les traces de Paul et Josée.
«On s’est rendu à Mâcon pour rencontrer Madame Cousin, qui a bien connu l’oncle Paul et la tante Josée. On a pu consulter les archives départementales où nous avons retrouvé une multitude de documents. Nous sommes allés à Montluc, on a essayé de retrouver leurs traces. En Belgique, nous avons eu l’autorisation de la Sûreté de l’État afin de consulter leurs archives à Bruxelles, de jeter un œil sur les archives nationales. Mon épouse parlant l’allemand, l’Allemagne nous a envoyé près de 200 documents sur le camp de Ravensbrück (où est décédée Josée) et sur Buchenwald où se trouvait Paul. Ensemble, nous avons rédigé le texte et collecté les photos.»
Le couple s'est également rendu au cimetière de Verviers, car Paul Keyeux était originaire d'Andrimont. Sans grand effet. Christian Schmetz nous dresse, en quelques mots, l'épopée de «l'oncle et de la tante». «Paul a repris l'imprimerie de son père, ils vivaient rue Thier Mère Dieu à Verviers. Il réalisait de fausses cartes d'identité pour aider à fuir la région sous le régime allemand. Se sentant surveillé, il s'est rendu un matin à Liège. Le même matin, la Gestapo a voulu l'arrêter mais tante Josée a dit qu'ils avaient eu un différent et que Paul était parti. Elle avait pris le soin de cacher des documents sensibles. L'imprimerie contenait aussi des armes, que le réseau a su sortir. La maison étant surveillée, le couple est parti à Liège, puis à Carlsbourg puis, surveillé par la Gestapo, à Paris. Paul, qui voulait travailler, a finalement atterri à Mâcon où il était le comptable de Monsieur Cousin, un pharmacien. Là, il travaillait pour la résistance. La Gestapo les a arrêtés un matin, ils furent envoyés à Montluc puis dans des camps. Josée, qui faisait de la couture à Ravensbrück, est décédée du typhus.
Paul, qui travaillait pour le V2 et pour le chemin de fer, ne l’a pas su directement, mais lorsqu’il l’a appris il fut cassé psychologiquement et il s’est laissé aller. En dernière page du livre est repris le lac où seraient les cendres de Josée.»
Cet ouvrage, richement documenté, est accessible à la librairie Grignard (rue de l’Église) de Welkenraedt. Il sera également proposé au syndicat d’initiative de Welkenraedt, dans des librairies de Verviers et au mémorial du souvenir à Mâcon. 300 ouvrages ont été imprimés.