«Ça devient la règle de s’en prendre aux policiers»
Respect de l’autorité policière, image du MR, l’après-coronavirus; la députée Stéphanie Cortisse sur le gril.
Publié le 12-06-2020 à 06h00
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Stéphanie Cortisse (MR), parmi les thématiques que vous défendez comme députée à la Fédération Wallonie-Bruxelles, il y a le respect de l’autorité policière. Est-ce que vous estimez que l’image de la police est mise à mal ces dernières semaines?
Pas seulement ces dernières semaines, cela fait plusieurs années. J’ai déjà abordé cette thématique au parlement en novembre dernier et, à cette époque, j’avais demandé à la ministre de l’Éducation de pouvoir inviter des policiers dans les écoles pour qu’ils présentent leur métier, qu’ils montrent aux jeunes qu’ils ne font pas que de la répression mais que les policiers sont essentiels dans un état de droit pour sauvegarder nos libertés, notre sécurité. Je voulais revenir sur le sujet mais la crise sanitaire est apparue.
Pendant la crise, sur les réseaux sociaux, on a vu de nombreuses vidéos d’interpellations et on a pu voir des comportements de citoyens qui ne sont pas imaginables. Dans votre journal, le chef de la police Vesdre donnait l’exemple d’une dame contrôlée qui a insulté les policiers qui faisaient respecter les mesures de confinement. Ça témoigne d’un manque croissant de respect pour les services de police.
Ces actes de rébellion envers la police, c’est inacceptable?
C'est totalement inacceptable! Les services de police sont dans la détresse, il faut que ça change. J'ai donc interrogé Pierre-Yves Jeholet (NDLR: ministre-président de la Fédération Wallonie-Bruxelles, MR) sur la venue de policiers dans les classes pour instaurer la question du respect de la police dès le plus jeune âge. Entre-temps, dans l'attente de sa réponse, il y a eu la manifestation à Bruxelles, et, à nouveau, des faits d'une violence extrême ont été commis. Quelques jours avant, c'était à Anderlecht… Donc ma question avait d'autant plus de sens. Pierre-Yves Jeholet m'a répondu que c'était une de ses volontés. Il m'a rappelé que c'était de la responsabilité des parents d'éduquer au respect mais quand les parents sont défaillants, l'école a son rôle à jouer.
Que dire aux victimes d’arrestations abusives?
Comme dans tout métier, il y a des abus de pouvoir et ils doivent être condamnés. Mais mon regret est que ça devienne la règle de s’en prendre aux policiers or la règle, ça doit être le respect.
Le MR fait aussi partie de l’actualité, notamment votre président Georges-Louis Bouchez. Omniprésence dans les médias, réactions sur tous les sujets d’actu… cela met-il à mal l’image du parti?
Non. Ça donne une nouvelle image dynamique du parti avec un jeune président qui est extrêmement compétent. Il a peut-être un avis sur tout et ça en énerve certains mais au moins il en a un et il est toujours réfléchi. Communiquer à tout va, ce n’est pas ce que je ferais, mais c’est une bonne chose qu’on ait de la visibilité et qu’on donne nos positions. Des partis extrêmes comme le PTB en Wallonie ou le Vlaams Belang en Flandre utilisent énormément les réseaux sociaux alors j’invite le MR mais aussi les autres partis démocratiques à faire de même car j’ai peur que ces partis extrêmes prennent de l’importance via ces réseaux. Tous les partis doivent plus communiquer et Georges-Louis Bouchez va dans le bon sens.
D’une manière générale d’ailleurs, je suis fière d’être libérale. Quand je vois le travail de la première ministre ou de Pierre-Yves Jeholet, le MR a démontré dans la gestion de la crise qu’il était un parti responsable.
À Verviers, le MR, dans la majorité avec le PS et Nouveau Verviers, arrive-t-il toujours à marquer son empreinte?
C’est moins évident à trois partis et deux échevins évidemment. Mais dans les matières importantes qu’ont Maxime Degey et Freddy Breuwer, on arrive à se faire entendre par le PS. Sur la gestion du Covid, on avait des matières moins visibles mais les travaux par exemple, une compétence de Maxime Degey, ont pu se poursuivre malgré la crise. On voit une bonne communication des échevins socialistes mais ils relayent des décisions prises en collège, pas par un seul échevin.
Pour parler de la crise, comment envisagez-vous le déconfinement?
Je suis d’abord très contente de constater des chiffres de contamination à la baisse. On a eu nos libertés individuelles restreintes par sécurité, ça paie, mais il ne fallait pas que ça dure encore des semaines. On va dans le bon sens parce que les gens ont respecté les mesures mais je crains un rebond de l’épidémie. J’ai par exemple été dépitée de voir plus de 10 000 personnes à la manifestation à Bruxelles. Je comprends que des restaurateurs à qui on impose des règles strictes ou que des travailleurs de certains secteurs qui ne peuvent pas rouvrir s’indignent.
Quand la crise sera derrière nous, la société devra-t-elle réfléchir autrement?
Oui car la crise a mis en exergue plusieurs problèmes. D’abord, le caractère essentiel de certains métiers qui étaient un peu dans l’ombre. Ensuite, cela a permis de réévaluer les valeurs familiales et amicales, le vivre ensemble. On a aussi pu constater l’importance du télétravail pour le bien-être des travailleurs et pour l’écologie. Enfin, il faudra repenser la prise en compte des aînés afin de les inclure de façon active dans la société.