«Garantir le respect entre les adversaires politiques»
Stéphanie Cortisse, avocate, sera la première femme de la liste MR pour les élections communales. Un statut qu’elle endosse avec motivation et détermination.
Publié le 29-03-2018 à 06h00
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Stéphanie Cortisse, vous occuperez la seconde place sur la liste MR. Une place dévolue à Nathalie Marly avant qu’elle ne décide de quitter le navire. Dans ces circonstances, vous n’avez pas l’impression d’être un second choix?
Non, pas du tout. Je suis arrivée au MR en octobre-novembre 2017, mais à mon arrivée, je n’ai pas su faire valoir ma motivation directement. C’est un fur et à mesure des réunions en interne, aussi en assistant aux conseils communaux, que j’ai pu l’afficher. Quand Nathalie Marly est partie, je n’ai pas revendiqué cette place, c’est Marie-Christine Pironnet, Freddy Breuwer et Maxime Degey qui sont venus me trouver de façon individuelle. Je pense que mes colistiers s’imaginaient aussi que je pouvais me retrouver seconde sur la liste.
Si vous n’étiez pas devenue deuxième, quelle aurait été votre place?
Je ne sais pas. On m’avait dit que je serais dans le Top 10, mais les choses n’étaient pas encore réparties.
Il faut avoir les épaules solides pour occuper ce rang, vous êtes prête à résister à la pression?
Oui, car j’ai déjà une certaine pression dans mon milieu professionnel. Dans le milieu juridique, il y a une déontologie entre confrères où on ne se tire pas dans les pattes, ce n’est pas comme en politique. Cette déontologie nous en empêche. C’est une discipline stricte que j’aimerais adapter dans le milieu politique afin de garantir le respect entre les adversaires politiques et assurer plus de sérénité.
Que dites-vous sur les départs nombreux au MR ces derniers temps?
Tous les départs n’ont pas eu lieu au même moment et le passé, c’est le passé. Depuis que je suis là, il y a eu deux départs, je dirais, car je ne veux pas revenir sur celui de Nathalie Marly. Charlotte Lepas, je l’ai vue une fois. Elle est devenue conseillère communale plus ou moins en même temps que mon arrivée au MR. Elle a participé à une réunion en interne puis je ne l’ai plus vue. Quand elle explique qu’elle s’est retrouvée seule, sans soutien, j’ai envie de dire qu’elle n’avait qu’à en demander. Quant à Christine Magis, j’ai appris à la connaître et je pense qu’elle s’est investie. Mais il semble qu’elle ait été fort sollicitée par Nouveau Verviers… Ces départs ne me touchent pas plus que ça à vrai dire. Maxime Degey crée une nouvelle équipe soudée, avec des hommes et des femmes de qualité – je suis d’ailleurs favorable à la tirette parce que ça permet à des femmes d’occuper des places importantes et de s’investir en politique –, des personnes avec des compétences variées. Je pense qu’à une époque où on oppose la particratie et les mouvements citoyens, le MR de Verviers a justement su faire la combinaison entre les deux, en gardant sur sa liste des personnes qui connaissent bien la politique et d’autres qui débarquent. Faire appel à des citoyens n’est pas une idée nouvelle de Nouveau Verviers.
Vous êtes nouvelle, qu’est-ce qui vous a poussée en politique?
J'ai toujours eu des idées libérales. Mes parents tenaient un atelier de sérigraphie et j'ai toujours été baignée dans ce monde. On associe souvent le MR aux indépendants mais ce n'est pas une exclusive. J'étais déjà membre des jeunes MR durant mes études universitaires et j'ai connu Maxime Degey par des amis. Quand il a fait ses études en sciences politiques à l'ULiège, on avait des cours en commun, dont droit constitutionnel, où, pour l'anecdote, je lui passais mes notes (rires). Quand on m'a proposé de rejoindre la liste, j'ai directement dit oui, sans savoir qu'un final j'allais me retrouver à cette deuxième place. Mais je suis quelqu'un qui a besoin de défi, et, ici, c'est un fameux.
En fonction de vos centres d’intérêt, quelles seront les matières que vous défendrez particulièrement?
Le programme est en cours d’élaboration et nous comptons organiser des ateliers internes et publics, mais dans ce cadre, on a demandé aux candidats leurs sensibilités. Pour être franche, comme je suis nouvelle, j’ai demandé à participer à tous afin d’avoir une vision d’ensemble. Mais pour parler de mes préférences, je dirais d’abord le développement commercial qui doit aller de pair avec l’économie et la culture, notamment en ramenant des entreprises dans le centre et en périphérie afin de faire revenir du pouvoir d’achat en ville. Il ne faut pas que le centre-ville devienne un quartier résidentiel. Ensuite, j’ai fait le conservatoire de Verviers et j’ai participé plusieurs fois aux Chapuis donc j’avoue que le Grand-Théâtre me tient à cœur. J’ai vraiment envie de savoir comment trouver le financement manquant pour son renouveau. Et dans ce cadre, je lance une réflexion, c’est de planifier les budgets pour l’entretien du patrimoine, des bâtiments, des parcs… Je serai aussi attentive aux questions de mobilité, notamment durant les chantiers qui durent trop longtemps. Je n’ai pas de solution immédiate mais il faut plancher dessus car c’est un problème néfaste pour les commerces, l’Horeca et les riverains. Enfin, sur le social, comme le MR l’a rappelé en conférence de presse lundi, il n’est pas l’apanage des autres partis. Le MR aussi est à l’écoute de la détresse sociale mais il a d’autres solutions pour y remédier, notamment en voulant donner aux gens les moyens de s’en sortir.
Quid de l’enjeu du centre-ville?
C’est un enjeu majeur mais il ne faut pas négliger les autres quartiers de Verviers et les villages. Ces villages contribuent aussi à la vie au centre-ville qui doit devenir un pôle régional important. Une fois que nous aurons les clés pour faire refonctionner le centre-ville, il faudra que les Verviétois mais également la population des communes voisines (Theux, Herve, Dison…) y mettent du leur pour revenir à Verviers. Il y a trop de défaitistes, c’est désolant.
La tendance est à la transparence, la bonne gouvernance, à faire de la politique autrement, qu’en dites-vous?
Qu’il faut impliquer les citoyens sur les listes électorales et les intéresser à la politique. Il faut le faire avant les élections mais aussi pendant le mandat. C’est clairement la volonté du MR. Dans la volonté de faire de la politique autrement, je pense aussi au blocage de dossiers pour des raisons purement politiques. Je ne peux pas l’admettre au niveau communal. On doit avoir plus de rapprochement entre les partis pour l’intérêt de la population. Et surtout, arrêter les attaques personnelles que ce soit envers un colistier ou vis-à-vis d’un adversaire politique d’un autre parti.