« On revendique un droit à l’alphabétisation pour tous »
Daniel Richard (secrétaire régional FGTB), Paul Blanjean (secrétaire fédéral MOC) et Jacques Destordeur (directeur Lire & Écrire) en ont assez : 76 % du budget que Lire et Écrire reçoit pour son action de formation est destiné à des demandeurs d’emploi. Cette origine budgétaire laisse sur le carreau ceux qui désirent un accès à l’alphabétisation pour d’autres motifs que l’insertion professionnelle. « Il ne faudrait pas que demain, un public soit exclu par un mode de financement », lance d’emblée Paul Blanjean, « d’autres motivations peuvent amener les gens à pousser nos portes. » Il poursuit : « Que l’on soit un des chaînons de l’emploi est une chose mais on risque d’en arriver à ce que l’alphabétisation devienne une fin et non un outil. L’objectif est clair : être citoyen ! »
Publié le 13-12-2011 à 07h00
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Daniel Richard prend alors le relais: « Nous sommes face à un vrai problème de démocratie. Parfois, des gens sous la menace de la perte de leurs droits sont obligés de venir ici. On fait jouer aux intervenants de Lire et Écrire un rôle qui n'est pas le leur. Nous nous érigeons face à l'utilitarisme pour l'emploi car la question de lire et écrire dépasse l'emploi: c'est une question de citoyenneté. »
Les moyens de financement imposent un public, c'est cette résultante qui est critiquée. « Si 80% des places sont occupées par des projets d'insertions, il ne reste que 20% pour un autre public comme les sans papiers, les parents hors du système d'emploi ou encore les plus âgés. Pourquoi, demain, ces citoyens n'auraient pas droit aux mêmes accès ? Et demain, c'est déjà aujourd'hui ! On revendique un droit à l'alphabétisation pour tous. Aujourd'hui, on sélectionne car il y a trop peu de subvention pour ceux qui ne sont pas demandeurs d'emploi. » La problématique du CPAS n'est pas éludée par le syndicaliste: « Des gens doivent s'inscrire ici pour avoir droit à l'aide sociale. Mis à part le fait qu'ils ne sont pas toujours des plus motivés, on conditionne un droit ! »
Jacques Destordeur entre alors en scène: « Nous avons toujours été financés à 80% pour le socioprofessionnel mais la part du social diminue au profit de l'insertion professionnelle. Il y a eu une redéfinition néfaste du terme début 2011. »
Le secrétaire fédéral du Mouvement Ouvrier Chrétien, Paul Blanjean, conclut: « Bien qu'on ne soit pas les seuls en région verviétoise, la liste d'attente est de 50 personnes. On ne veut pas jouer un public contre un autre. Ce que nous souhaitons, c'est que peu importent les motivations, le droit à l'alphabétisation soit le même pour tous. »¦
P.L.