Plan de secteur modifié à Thimister, des propriétaires lésés ?
Le bureau Pluris a présenté son projet de révision du plan de secteur, ce qui risque d’impacter La Minerie.
Publié le 22-06-2022 à 18h00
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Le site de l’ancienne cidrerie Ruwet est classé " en site à réaménager " (SAR), une procédure qui devait prendre un an mais qui en est déjà à sa seconde année de gestation. Parallèlement, le bureau d’études Pluris (aussi à l’œuvre pour le master plan) travaille sur le projet de révision du plan de secteur. Un délai de trois ans est ici préconisé mais, dans les faits, cette démarche et le SAR pourraient se débloquer dans la même fenêtre temporelle, en sachant que la révision du plan de secteur abrogera le SAR. Bref, c’est technique… Mais ce qui l’est nettement moins, ce sont les plans de secteurs.
Pour faire (très) simple, la Région wallonne a adopté 23 plans de secteurs entre 1977 et 1987, des plans qui étaient "dessinés au crayon et où 1 cm valait 100 m" , a exposé Pluris, ne cachant pas, qu’il y a 50 ans, cela s’apparentait parfois "à des marchandages avec des zones rouges au milieu des bois" . Depuis, le territoire est classé en zones urbanisables, en zones non urbanisables et en zones mixtes (les ZACC, pour Zones d’Aménagement Communal Concerté, soit zones pouvant éventuellement devenir urbanisables).
"Le plan peut être révisé moyennant un dossier justificatif. L’objectif ici est de répondre aux besoins communaux en termes d’aménagements: affirmation du pôle villageois, recentrer l’habitat, réaménagement d’une friche industrielle, création d’une nouvelle typologie de logements… Ici, le périmètre est supérieur au SAR mais inférieur au master plan. On parle de 9,07 hectares en zones de logements, agricoles, le tennis club, la zone d’activité économique (3,66 hectares). La proposition, c’est de prolonger la zone d’habitat à caractère rural dans le but de supprimer la friche industrielle, de répondre aux besoins de logements et de répondre à la volonté d’avoir Thimister avec rôle de pôle central pour la commune" , a présenté Pluris.
Quel impact à La Minerie?
Le hic, c’est l’imposition d’un système de "compensation". Muer une zone agricole de 5,41 hectares en zone urbanisable à Thimister implique de bloquer autant d’hectares potentiellement constructibles en zone agricole ailleurs… Diverses options ont été étudiées: dans les Plenesses, via la zone de loisirs du Thier des Oies (elle est insuffisante), via des parcelles en zone d’habitat (mais gare à l’indemnisation). "À l’analyse, c’est l’Est du village de La Minerie qui est le plus pertinent. Il n’est pas équipé, n’a pas de commerces ou de services, n’est pas un pôle commercial… La Minerie a encore un potentiel foncier important avant la mise en œuvre des ZACC et la ZACC Est (l’une des trois à La Minerie) est une contrainte à l’urbanisation. Sachant qu’un terrain en ZACC n’acquiert de la valeur que si le schéma d’orientation locale est approuvé: c’est extrêmement lourd, coûteux, complexe…".
Cinq privés concernés
Concrètement, c’est une bande de 50 mètres de part et d’autre de l’Engin, à La Minerie, qui est visée par le bureau d’études. Actuellement en ZACC, elle passerait en zone agricole avec, en plus, l’ajout d’un intérêt paysager pour la Bèfve, ses coteaux… Bref, l’urbanisation y serait impossible pour les cinq propriétaires terriens (dont un principal). Des privés avec qui il faudra argumenter, même si l’arsenal juridique est conséquent. "Il y a une occupation agricole, les aléas d’inondation, peu d’accessibilité, des talus de plus de 20%, la qualité paysagère… Des contraintes physiques qui sont des prérequis impossibles à éluder en termes de développement durable. La zone va de toute façon passer en rouge en aléa d’inondation (NDLR: donc non constructible) … Le plus compliqué sera d’informer les propriétaires mais les exigences ne cessent de croître pour lutter contre l’urbanisation en dehors des centres. Dans les faits, c’est ainsi que ça va se passer" , a rassuré Pluris.
Le cheminement du dossier va se prolonger avec, à la rentrée, une réunion d’information préalable et l’avis de la CCATM, avant un rapport d’incidences environnementales, une enquête publique, etc. Nul doute que les citoyens de La Minerie, et plus précisément les propriétaires, se feront connaître.