À la cueillette de l’aspérule odorante
L’aspérule odorante fleurit de mai à juin. Et si on en faisait du maitrank? Le naturaliste theutois Philippe Gason nous conseille.
- Publié le 17-05-2021 à 06h00
Aussi appelée muguet des bois, l’aspérule odorante fleurit de mai à juin. Elle se reconnaît à ses petites fleurs blanches à quatre pétales en croix et à ses feuilles groupées en étages, entourant la tige, explique le naturaliste theutois Philippe Gason.
Si elle porte évidemment bien son nom, celle-ci n'est odorante que lorsqu'on la fane ou la coupe. « Elle a un parfum de vanille, de miel et de foin frais, à cause de la couramine qu'elle contient.»
Cette plante indigène est surtout présente dans la moitié Est de la Wallonie, comme chez nous, et encore plus dans le sud Luxembourg, en Gaume et dans le pays d'Arlon explique le spécialiste. «On la retrouve dans les forêts de feuillus et plus particulièrement dans les hêtraies.»
Ses vertus
«L’aspérule odorante a une action tranquillisante, des effets antistress et des bienfaits sur le système digestif ou sur les insomnies. C’est le tranquillisant naturel par excellence, dépourvu des effets secondaires des tranquillisants chimiques. En usage externe, on l’utilise notamment comme collure, pour soigner les conjonctivites.»
Attention, elle doit être utilisée à petites doses. Sa consommation est d’ailleurs interdite dans certains pays en raison de sa forte teneur en coumarine. Enfin, elle est déconseillée aux femmes enceintes.
Du maitrank!
«Les puristes diront que c’est avant la floraison que doit se cueillir l’aspérule pour la confection du maitrank.»
Si les arômes de la plante sont les plus fins et les plus subtiles avant l’éclosion des fleurs, reste qu’en fleurs les arômes sont plus puissants et durables, commente le cuisinier buissonnier, qui en cueille aux deux moments.
Selon la tradition, le maitrank est réalisé avec du vin blanc de Moselle.
Voici une recette testée et appréciée par Philippe Gason: «Dans un grand récipient de verre de type dame-jeanne, placez quatre à cinq brins d'aspérule par litre de vin, puis versez celui-ci. Secouez bien le récipient. Bouchez le récipient, placez-le au soleil, et laissez macérer durant une semaine. À cette macération, certains ajoutent des jeunes feuilles de cassis, un bâton de cannelle, une orange bio en tranches… Après une semaine, filtrez soigneusement la macération. Dissolvez-y du sucre (ou du miel), selon le goût. Mon conseil, commencez par 10 grammes de sucre par litre, et doublez ou triplez selon votre goût».
Et Philippe Gason d'ajouter: «Certains ajoutent du cognac, porto blanc ou Grand Marnier. Stérilisez les bouteilles, embouteillez et bouchonnez».
À déguster bien frais et accompagné d’une rondelle d’orange.