La surdensité de cervidés menace la biodiversité à Stoumont
Les exploitations forestières font face à une surdensité de cervidés. Avec des conséquences financières et pour la biodiversité.
Publié le 24-09-2021 à 07h59
Les cerfs, biches ou encore les chevreuils sont nombreux dans les bois stoumontois, trop nombreux. À tel point qu’ils menacent la biodiversité et les exploitations forestières. Il y a plusieurs mois, la Cellule d’appui à la petite forêt privée a lancé un projet avec le Parc naturel des Sources, en proposant aux propriétaires qui possèdent une forêt de moins de 5 hectares d’effectuer un diagnostic et leur proposer des actes de gestion. Leur conclusion est sans appel: la région fait face à une surdensité de cervidés importante. Sur les 60 propriétés visitées, ils ont constaté une pression du gibier dans la moitié des forêts privées. Si elles ne sont pas toutes compromises, au moins un tiers d’entre elles présentent des problèmes conséquents. Cette surpopulation a plusieurs causes. Elle s’explique notamment par le réchauffement climatique et les hivers moins rudes des dernières années, augmentant ainsi le taux de reproductions des espèces. Certaines pratiques de chasse seraient également un facteur déterminant.
Des conséquences irréversibles
Cette surdensité des cervidés se voit d'abord dans la végétation au sol, ou plutôt dans l'absence de cette végétation. « La hauteur des myrtilliers par exemple est un indice de pression du gibier dans nos forêts, précise Vincent Colson, responsable de la Cellule d'appui à la petite forêt privée. Dans nos sous-bois, il n'y a pas uniquement de l'herbe. Les jeunes pousses et les petits semis sont broutés systématiquement.»
Les cervidés s'attaquent également à l'écorce des arbres qu'ils pèlent. Ils enlèvent l'écorce protectrice, mettent le bois à nu, qui sera alors victime d'une série d'agents pathogènes et cela entraînera sa pourriture. «On est face à des préjudices qui courent sur plusieurs décennies. Un tronc arrive à maturité à 50 voire 60 ans. Or les arbres attaqués en ont 15. Ils n'atteignent pas cette maturité, à cause de la pourriture dans les troncs.»
Outre l'impact sur la biodiversité, cette surpopulation a également des conséquences économiques importantes pour les propriétaires, dévaluant le prix des bois. «Certains évoquent des pertes de 20%, mais dans certaines propriétés, je me demande si on pourra encore faire quelque chose. On a rencontré des propriétaires découragés…»
La Cellule d’appui veut aider les propriétaires à diversifier leurs plantations, tout en les protégeant des cervidés. Des protections en plastique peuvent notamment être installées autour des troncs. Le coût est cependant important et le résultat n’est pas toujours garanti.
Le Département de la nature et des forêts a quant à lui revu les plans de tir à la hausse, imposant de tirer +20% de cervidés sur Stoumont. La chasse à l’affût et à l’approche et ouverte depuis ce 21 septembre.