Mathilde Alleman (Spa), de la danse au handibasket de haut niveau: "Me créer une nouvelle vie après l’accident"
Victime d’un grave accident à 15 ans, la Spadoise Mathilde Alleman s’est tournée vers le handibasket. Avec réussite: elle est championne de France… et peur rêver des Jeux paralympiques de Paris 2024.
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- Publié le 30-05-2023 à 11h47
- Mis à jour le 30-05-2023 à 11h54
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C’est ce qui s’appelle réussir à rebondir. Le 8 juin 2007, la vie de Mathilde Alleman bascule lorsque la moto sur laquelle elle se trouve avec son grand frère est percutée par un automobiliste. La jeune fille de 15 ans se réveille à l’hôpital, embrumée par les médicaments. "Je n’ai pas réalisé de suite qu’il me manquait une jambe", se souvient aujourd’hui la Spadoise, à quelques jours de son 31e anniversaire. La situation clarifiée, "je me suis vite tracassée vis-à-vis du sport", dit-elle. "Je faisais de la danse… J’ai compris que ça ne serait plus possible. Il y a forcément eu un avant et un après. Il a fallu que je me recrée une nouvelle vie, en plongeant dans l’inconnu car personne de mon entourage n’était en situation de handicap – je ne connaissais pas du tout le monde du handisport."
Mathilde Alleman se tourne vers le handibasket, l’univers du parquet ne lui étant pas totalement inconnu. "À l’époque, le club de Pepinster était en D1, je le suivais beaucoup. En plus, mes frères jouaient au basket-ball. J’avais ainsi vu de nombreux matchs, de différents niveaux. Après ma sortie de l’hôpital, j’ai rencontré un joueur de basket en fauteuil (NDLR: Juan Bernal des Roller Bulls) , qui m’a repéré car je portais justement une vareuse de Nathan Hervelle. Il m’a parlé de la discipline en m’invitant à venir voir ce que c’était."
La handibasket, "très physique", lui plaît directement. Mais les débuts ne sont pas des plus aisés. "La première fois que je me suis mise dans un fauteuil pour jouer, pile cinq mois après mon accident, c’était particulier. Je sortais du centre de revalidation, je n’avais pas récupéré toute ma force musculaire. Je n’arrivais pas à atteindre le filet en lançant le ballon (sourire) . Il a fallu travailler, encore et encore", enchaîne notre interlocutrice. "Je suis devenue meilleure au fil du temps, mais je n’ai pas la prétention de dire que je suis une bonne joueuse: j’ai encore des lacunes."
Direction la France
Au début de l’été 2021, le quotidien de Mathilde Alleman commence à s’écrire dans le sud de la France, où elle emménage. "J’ai quitté la Belgique sur un coup de tête, seule, sans point de repère. Je souhaitais changer de vie, voir autre chose. Actuellement, je vis entre Spa et la France, j’ai deux domiciles. Je vais bientôt me mettre en résidence principale en France."
Dans l’Hexagone, la jeune femme ne reste pas inactive. Après une première saison de handibasket à Montpellier, elle prend la direction du Toulouse Iron Club, actif en Nationale 3 (soit la Division 3). Un choix judicieux: cette saison, son équipe a été sacrée championne !
"À Toulouse, j’ai été très bien accueillie. J’ai trouvé cet esprit d’équipe que je ne percevais pas à Montpellier. Mes équipiers (NDLR: il s’agit d’un groupe mixte) sont d’un très bon niveau." Mathilde s’y épanouit tellement qu’elle a resigné pour la saison prochaine. Sur le parquet, elle évolue entre la place d’ailier et celle de pivot. Pour cette dernière, un siège plus élevé est nécessaire. "Je vais bientôt en recevoir un à moi, a priori fin juin."

Vers les Jeux de Paris ?
Bien intégrée chez nos voisins français, Mathilde Alleman envisage maintenant d’obtenir la double-nationalé pour rejoindre… l’équipe de France. Avec laquelle elle effectue déjà des entraînements, des stages. "C’est en réflexion, mais je pense bel et bien le faire." D’autant plus qu’en Belgique, il n’existe pas d’équipe nationale féminine. "Or, à ce niveau, ce n’est pas mixte", précise la Bobeline.
Un changement de cap qui pourrait lui ouvrir les portes… des Jeux paralympiques de Paris (2024). "Ce n’est toutefois pas à moi de dire si c’est jouable d’y être, mais à la coach. Je sais que je dois encore corriger des lacunes au shoot ."
L’effervescence des Jeux, en tout cas, est déjà perceptible de l’autre côté de la frontière. Y compris au niveau du handisport. "Ils organisent beaucoup de sensibilisation, notamment dans les écoles. J’ai participé à l’une d’entre elles, près de Marseille. Ce ne sera jamais assez, évidemment. Mais l’idée est de faire découvrir le handicap: les personnes qui en souffrent ne sont pas contagieuses et il y a une vie après ces traumatismes !"
Mathilde Alleman en est un très bon exemple.