Gaethan Ernens, un kiné thimistérien chez Intermarché-Circus-Wanty : "Je suis la nounou des coureurs"
Le kiné thimistérien de 34 ans va travailler dans l’équipe wallonne pour la 3e saison de suite. Il évoque son expérience.
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- Publié le 16-02-2023 à 06h02
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Gaethan Ernens, comment l’aventure a-t-elle débuté pour vous chez Intermarché-Circus-Wanty ?
Avant, je roulais en amateur chez Pepinster Primeurs. Voici deux ans, lors d’une sortie vélo avec Maxime Segers (Chief Operating Officer dans l’équipe wallonne), je lui ai demandé s’ils ne cherchaient pas des soigneurs et autres. J’avais déjà été kiné au foot de La Minerie, le côté sportif du métier m’a toujours intéressé. Et je voulais remettre le pied à l’étrier. Maxime était plutôt emballé.
Comment votre collaboration a-t-elle évolué et où en est-elle aujourd’hui ?
J’aime toucher à tout, je suis fort occupé à gauche à droite: dans mon cabinet à La Minerie, au CHR Verviers. Du coup, j’avais proposé de faire 30 jours de course par an. Directement, j’ai été mis dans le grand bain: Tirreno-Adriatico comme première course, puis le Dauphiné, le Tour de Pologne. L’année suivante, en 2022, je suis allé sur le Tour de Suisse, celui de Romandie, la Flèche brabançonne, de plus petites courses en France. Chaque saison, en novembre-décembre, il y a une discussion avec les soigneurs pour envisager la suite. J’ai dit que ça devenait compliqué de m’organiser avec les déplacements à l’étranger, d’autant que je fais en plus, désormais, des études posturales à Alleur. En 2023, j’intègre donc le staff de l’équipe espoirs de Kevin Van Melsen. Les épreuves seront davantage dans la région, ou au moins pas trop loin: Romsée-Stavelot-Romsée, la Flèche ardennaise, le Triptyque ardennais, le Tour de Namur, le Tour du Loir-et-Cher. 31 journées en tout.
Les cyclistes sont-ils des patients comme les autres ?
Au niveau sportif, il y a plusieurs types de patients. Un footballeur va être plus exigeant, en voulant être remis sur pied le plus rapidement possible… quitte à ne pas forcément écouter les indications du kine (sourire). Pour cette raison, c’est "le plus dur" à gérer. Le patient cycliste, lui, est plus à l’écoute de son corps. Il est plus facile à soigner… par contre, il a surtout des micro-traumatismes, qui arrivent avec le temps et sont plus difficiles à faire partie.
Quelle est votre journée-type sur une course ?
Quand j’arrive, je ne peux pas vraiment dire que je suis kiné, mais plutôt soignant. Je suis la nounou des coureurs – ce qui n’est pas déplaisant, hein. Nous devons préparer la food room, en mettant tout à disposition dans une pièce, préparer la logistique, les bidons, les musettes, s’occuper du linge après la course. Le boulot de kiné, réellement, c’est un peu avant mais surtout après pour les petits bobos, des massages.
Vous avez eu la chance d’assister, de très près, à l’éclosion de Biniam Girmay, en 2021…
Je prends toujours plaisir à le raconter, oui. C’était au Tour de Pologne 2021, il débarquait à peine puisque c’était sa première course avec l’équipe. Il était inconnu du grand public. Moi, j’ai été son premier soigneur en Belgique. Andrea Pasqualon était le leader pour les sprints mais directement, Biniam avait attaqué et terminé très fort (NDLR: huitième sur la ligne, Pasqualon étant 54e). Tout le monde s’était demandé qui il était ! Moi, je l’ai eu sur ma table après, j’ai recueilli ses sensations. C’est quelqu’un de très humble. Il me disait se sentir capable d’atteindre un jour le niveau de Mathieu van der Poel, mais avec encore beaucoup de travail à fournir. Et dès 2022, il bat le Néerlandais dans un sprint du feu de Dieu (NDLR : sur le Giro, lors de la dixième étape).
Vous avez aussi des contacts avec les coureurs liégeois du noyau, comme Loïc Vliegen ?
Avec Loïc, nous avons une même bande de potes, donc nous nous voyons en dehors aussi. J’ai déjà roulé avec lui. Avec Kevin Van Melsen également, mais moins souvent. J’ai surtout discuté avec lui: nous avons la même mentalité. De manière générale, il règne une bonne ambiance chez Intermarché, une bonne dynamique.
Intermarché-Circus-Wanty réalise un début de saison 2023 tonitruant, collectionnant les succès et les podiums. Cela vous surprend ?
Quand je vois les grosses équipes à côté, avec des budgets bien plus importants, cela me surprend, oui. Mais d’un autre côté, la dynamique de l’équipe est établie sur le long terme et ceci n’est que le prolongement. Ce n’est qu’à la fin de la première saison en WorldTour que les résultats sont arrivés, avant l’éclosion en 2022.
Quel est, d’un point de vue plus personnel, votre rapport au cyclisme et au sport ?
Petit, j’aimais le foot. Vers mes 18, 19 ans, j’ai commencé le vélo sur le côté avec l’envie de me tester personnellement. Une possibilité qu’offre le cyclisme. J’ai donc roulé avec Pepinster Primeurs sur des courses, ça m’a plu. Je me suis rendu compte que ce sport est très exigeant. Vu mon emploi du temps, j’ai finalement dû faire un choix. Je me suis alors rabattu sur la course à pied, je peux m’entraîner facilement après la journée de boulot car j’ai un tapis au cabinet. En 2022, j’ai participé au Challenge L’Avenir. Je me suis pris au jeu, j’ai signé quelques belles places et je grappille des secondes sur 10 kilomètres. En 2023, j’aimerais atteindre les 18 km/h sur cette distance, je suis actuellement à environ 17 km/h.