Marie Benoit à l'interview: "Je ne dois pas penser à Roland-Garros quand je suis sur le terrain"
Tennis - Marie Benoit, de l'arrondissement de Verviers, vient de remporter le premier 60.000 $ de sa carrière. On avait donc des questions à lui poser... Interview.
Publié le 24-01-2023 à 07h23 - Mis à jour le 24-01-2023 à 08h58
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Notre régionale Marie Benoit n’oubliera pas ce dimanche 22 janvier 2023, date de sa première victoire en tournoi 60.000 $ ITF. C’était à Vero Beach, en Floride, avec un net succès en finale 6-2, 7-5 face à Emma Navarro, 148e mondiale et tête de série n°2. Après avoir mis le cap sur Orlando, elle a répondu à nos questions.
Marie Benoit, avant toute chose: félicitations pour cette belle victoire. Qu’est-ce qui vous a permis d’aller au bout de ce tournoi de Vero Beach ?
Merci ! Je crois que ce que j’ai très bien fait pendant la semaine, c’est d’accepter les situations qui se présentaient sans juger, en restant dans le présent et en continuant de faire ce que je devais faire. J’essayais de ne pas trop m’arrêter sur les scores, les éléments extérieurs, et ça a bien fonctionné.
La finale n’a pas bien démarré (menée 0-2) mais vous avez su réagir rapidement.
Une joueuse peut bien commencer, puis perdre son niveau de jeu, le retrouver… Tout est possible et je ne me suis pas arrêtée sur ce qu’il se passait. Ça a marché.
C’est donc, comme on le dit souvent, dans la tête que ça s’est joué ?
Que les choses se déroulent bien ou pas, si tu l’acceptes, ça t’enlève une forme de pression. Je m’occupais de mon jeu et je me disais: advienne que pourra. Ça m’a permis de ne pas perdre de l’énergie inutile. Arriver à penser ainsi, ça m’a franchement aidé pendant cette semaine.
Dis ainsi, ça semble facile. Mais comment parvient-on à faire le vide de la sorte ?
Je crois que c’est un peu grâce à l’expérience, à une forme de maturité. Et puis: il y a des semaines plus simples que d’autres, tout simplement. L’important, c’est de le savoir et d’être prête à accepter que les choses ne sont pas toujours pareilles. Au fond, tout est fluctuant, comme mon niveau de jeu.
Pas trop stressante, cette première finale à un tel niveau ?
Tous les matches étaient compliqués. J’ai commencé par une tête de série, sans énormément de rythme (NDLR: Marie Benoit a été éliminée au premier tour une semaine plus tôt à Naples, toujours en Floride). En quart, j’affrontais une moins bien classée et je sentais que ça jouait un peu dans la tête. Ici, en finale, terminer le match a été difficile. Je ne savais plus trop où j’en étais. Je tremblais. C’était compliqué.
Mais vous avez distillé une énième superbe amortie pour ponctuer la rencontre.
Oui et heureusement, car en fond de court, ça aurait été plus compliqué (rires).
Vous affrontiez Emma Navarro, fille d’un milliardaire américain. Particulier, ou pas forcément ?
Non car je ne me suis pas occupé de tout ça, même si j’en ai entendu parler, évidemment. Disons qu’elle était accompagnée de plus d’une personne, mais ça ne change rien…
Justement, de votre côté, vous êtes partie en Floride seule, sans coach ni accompagnant. Ce n’est pas trop difficile, mentalement, de rester motivée quand on est livrée à soi-même ?
Je suis partie seule, oui, mais j’étais en famille d’accueil. Et ça, outre l’avantage financier que cela représente, c’est un vrai plus au niveau social et mental. Bien mieux que d’être seule dans une chambre d’hôtel. D’autant qu’elles peuvent être particulièrement tristes, ces chambres d’hôtel, aux États-Unis…
Quid de la présence d’un coach ?
Voyager seule fait partie de ma vie sur le circuit, c’est ainsi. Parfois, c’est bénéfique de n’écouter que soi et d’agir sans trop prêter attention. Mais évidemment, avoir un coach sur place pour travailler certains points à l’entraînement, pour se sentir soutenue, ça peut être bien aussi.
Mais, finalement, vous étiez bien entourée en Floride.
Oui car la famille qui m’accueillait venait me voir. La Française Elixane Lechemia qui résidait au même endroit était également là pour la finale. Et une ancienne famille d’accueil où j’ai logé par le passé et qui vivait à deux heures de route a fait le trajet tous les jours pour venir m’encourager.
Après la victoire au 25.000 $ de Coxyde l’été dernier, succès qui suivait la finale perdue à Eupen (25.000 $), vous décrochez votre premier ITF 60.000 $ à bientôt 28 ans. Preuve que vous continuez à progresser ?
Je pense qu’il y a une évolution qui se fait et surtout, ça prouve que le travail paie. J’évolue en tant que personne pour gérer les situations mentalement et tennistiquement. Et je veux toujours prouver sur le terrain. Il y a encore du potentiel, oui.
Avec ce succès, vous faites un bond à la 229e place au classement WTA. Presque aussi bien que votre record (228).
C’est une bonne chose, oui, mais j’essaye de ne pas trop penser à ça… Ni à Roland-Garros. Car comme je le disais, c’est le genre de chose qui peut parfois rajouter une dose de stress ou des pensées inutiles sur le terrain.
Mais Roland-Garros, c’est un objectif ?
Oui, j’ai l’objectif d’y aller mais pour ça je dois parvenir à garder cet état d’esprit: à penser à mon jeu et pas à tout le reste.
Et ça vous semble réalisable ?
Être dans les 240 premières mondiales pourrait suffire, mais j’aurais des points à défendre, dont 30 en avril. On verra bien.
Cette semaine, vous clôturez votre tournée en Floride par un tournoi à Orlando. Sachant que votre séjour est déjà réussi avec ce succès à Vero Beach, vous envisagez cette dernière semaine avec moins de pression ?
Je vais essayer de rester dans le même état d’esprit, tout en acceptant le changement de surface (NDLR: ce sera sur du dur, alors que Vero Beach se jouait sur terre battue). Je veux faire du mieux que je peux, tout en me disant que la tournée est déjà très positive. Ce sera du bonus.
Et après Orlando, quel sera le programme ?
J’ai bien lancé 2 023 avec ces clés mentales que je dois réutiliser au mieux. Je veux garder cette stabilité personnelle et tennistique qui rend la compétition plus agréable. Après Orlando, je rentrerai en Belgique. Je vais m’entraîner pendant une semaine puis je prendrai part à des tournois mais cette fois, ce sera en Europe.