Interview: Spa Monopole décroche le prix "Factory of the Future" 2023, une reconnaissance
Le directeur des opérations du groupe Spadel, Amaury Collette, détaille les transformations technologiques opérées par l’entreprise spadoise.
Publié le 07-03-2023 à 09h00
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Amaury Collette, vous êtes le directeur des opérations du groupe Spadel. Que représente la certification/prix Factory of the Future ?
Pour les équipes de Spa Monopole, ça représente une confirmation que la vision industrielle, le programme d’excellence qu’on a démarré il y a un peu plus de 5 ans donne des résultats. Il nous permet de nous maintenir à la pointe technologique, digitale et industrielle. C’est aussi une reconnaissance objective du travail des équipes car on est seulement douze en Wallonie à avoir reçu cette certification. Et on est la première entreprise, avec Puratos (autre vainqueur), à être du secteur alimentaire. Et ce n’est pas rien ! Parce que les autres déjà certifiées viennent en général du secteur automobile ou de l’aérospatiale… L’alimentaire n’était pas représenté et on en est plutôt fier !
Vous vous attendiez à recevoir ce prix ?
Au départ, je me suis dit : même si on n’a pas la certification, ce sera une manière d’avoir une vision objective d’experts externes sur notre niveau de maturité par rapport aux transformations du processus qu’on a suivi. La certification, c’était la cerise sur le gâteau ! On s’est rendu compte qu’on n’avait pas à rougir de nos efforts.
Pourquoi Spa Monopole s’est-elle lancée dans de telles transformations technologiques ?
La démarche qu’on a initiée, c’était plutôt une démarche structurante qui nous permettait justement d’agir, pas uniquement sur l’aspect technologie pure, mais aussi sur l’axe humain : l’aspect ressource humaine est fondamental. Et enfin aussi, continuer à performer sur l’aspect développement durable. Ce sont ces trois axes-là qui nous animaient. Cette démarche nous permettait d’avoir des étapes, des objectifs court, moyen et long termes qui cadraient avec l’évolution technologique qu’on voit dans le monde industriel. Aujourd’hui, on est dans un monde ultra-concurrentiel et c’est super important pour nous de maintenir un haut niveau de performance sur ces trois axes pour garantir le bon fonctionnement et la pérennité de l’entreprise.
Quels changements concrets ?
Celui qui visite Spa Monopole aujourd’hui va être impressionné. Parce qu’on a toujours l’image en tête de production à la chaîne avec beaucoup d’opérations manuelles. Alors que notre secteur a fortement évolué au cours des dernières décennies et a intégré la robotisation et l’automatisation. Par exemple, dans notre hall de stockage, on fonctionne avec des Clark (NDLR: chariots élévateurs) automatisés, donc sans chauffeur. Ils prennent en charge les palettes, ils vont les déposer dans un stock totalement automatisé. Les lignes de production tournent à des cadences qui vont jusqu’à 50 mille bouteilles par heure, on n’est plus du tout dans le même monde. C’est aussi ce haut niveau technologique qu’on veut maintenir.
Plus de digitalisation, c’est moins d’humains ?
Non, l’humain reste présent. C’est un métier différent, il a évolué. Par exemple, on peut dire qu’un opérateur sur une ligne de production maintenant n’est plus le même qu’il y a trente ou quarante ans. C’est une personne qui a développé des compétences techniques importantes. Il est responsable du bon fonctionnement d’installations et il doit avoir des connaissances sur les différents aspects du métier. Chez nous, l’objectif est de faire en sorte que chacun puisse être à l’aise par rapport à l’évolution technologique. C’est ce melting-pot de profils différents qui fait que c’est un succès aussi. On ne peut pas se permettre de laisser quelqu’un sur le carreau. On essaye d’accompagner notre personnel au maximum.
Et en cas de panne ?
Ce qu’on a développé au cours des dernières années, c’est le prédictif. C’est la mise en place de capteurs de vibrations, d’outils qui permettent la détection d’un comportement anormal et pas d’un problème. Ce qui nous permet d’anticiper et d’être proactif. On est plus dans l’anticipation, avant on était plus dans la réaction.
Comment gérez-vous votre impact environnemental ?
On a toujours été un peu pionnier en la matière, ça fait partie de l’ADN du groupe. Il y a une dizaine d’années, on était la première entreprise à investir massivement dans les panneaux photovoltaïques, on continue à se développer là-dessus. On a un gros travail qui nous permet de réduire notre empreinte carbone. Dans le même esprit que les maisons passives, mon rêve et notre but, c’est d’essayer d’avoir une usine "passive". Pour le moment, la grosse priorité, c’est de continuer à réduire nos consommations énergétiques. On a déjà beaucoup réduit mais on sait qu’il y a moyen de pouvoir faire mieux à travers l’investissement technologique et la sensibilisation sur le terrain, notamment le comportement de nos travailleurs et la mise en place des bonnes pratiques industrielles.
Et pour l’avenir ?
On veut et on va saisir l’opportunité de l’audit qu’on a reçu. On va continuer à challenger et à mettre à jour cette vision qui s’inscrit dans une démarche d’amélioration continue pour nous maintenir. C’est bien d’être au top mais c’est mieux d’y rester !