Maraîchage: un an après, ça reste « aberrant »
Le 13 janvier 2022, Jérôme Debruxelles et Frédéric Bronne interpellaient la population suite à des contrôles de l’Afsca.
Publié le 13-01-2023 à 07h00
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Mi-2021, les normes européennes sur la concentration des sols en cadmium et en plomb ont, pour la plupart, été divisées par deux. Et suite à des contrôles de l’Afsca, Jérôme Debruxelles et Frédéric Bronne, maraîchers à Olne, ont vu leur activité être menacée faute de pouvoir se défaire d’un sol historiquement chargé. Ils interpellaient la presse et le monde politique voici pile un an. Douze mois plus tard, "rien de neuf, c’est aberrant".
"Les fonds pour la recherche n’ont, officiellement, pas encore été débloqués. On ne nous a pas tenus au courant. J’espère que la recherche de la ministre Tellier sera menée et financée pour arriver à des solutions sur le long terme et permettre de limiter les transferts des métaux lourds aux plantes, même si en limitant les transferts on n’est pas sûr d’arriver à respecter les normes européennes qui sont mal placées. Le souci, c’est que tout le monde se renvoie la balle: la Commune, la Région, l’Europe… À un moment, il va falloir que quelqu’un prenne ses responsabilités", développe Frédéric Bronne.
La Commune, justement, a été invitée sur l’exploitation, "car s’il y a une pollution historique, elle ne s’arrête pas à notre parcelle". "On nous a dit qu’il n’y avait pas de pollution sur la commune d’Olne, sourit Frédéric Bronne. Depuis, on apprend que le chocolat a aussi trop de cadmium, qu’il y a des soucis avec le riz… Nous, on a continué nos activités et nous avons tous les 10 à 15 jours la visite de l’université de Liège pour un projet de recherche avec six maraîchers de la région. Mais on sait que ça ne se limite pas à la province de Liège: l’Afsca a trouvé des maraîchers en dépassement à Namur, nous avons été contactés par une dame qui a un souci à Vilvorde, etc. Ne faut-il pas faire le deuil d’un monde sain ? L’un de nos clients est professeur d’université à la faculté de médecine, et il nous dit clairement qu’avant de s’attaquer aux maraîchers il faudrait s’attaquer aux causes de la pollution, aux perturbateurs endocriniens… En attendant, on continue à travailler et on pense que si on veut arriver à une résilience alimentaire, si on souhaite maîtriser nos coûts et nos productions, c’es t la seule façon d’y parvenir."
La mobilisation reste cependant de mise. Pas plus tard que ce jeudi, la Province de Liège organisait une "Journée des Maraîchers" à La Reid où étaient évoqués les contrôles de l’Afsca mais aussi les métaux lourds (via le laboratoire provincial). "Et d’ici une dizaine de jours, le réseau Aliment-terre de l’arrondissement de Verviers et la ceinture aliment-terre liégeoise organisent une réunion dont le but est de fédérer les maraîchers pour avoir une action commune face à nos problématiques", conclut le maraîcher olnois.