Maraîchage à Olne: toujours pas de solution
Il y a cinq mois, « La ferme dans l’assiette » alertait sur l’avenir du maraîchage en province de Liège. Depuis, c’est l’indigestion.
Publié le 25-06-2022 à 06h00
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Jérôme Debruxelles et Frédéric Bronne, maraîchers à Olne, continuent leur combat. Confrontés à un sol trop riche en cadmium et en plomb pour respecter les normes européennes, ils se battent pour faire entendre leur voix , et celle de l’ensemble des maraîchers de la province et au-delà.
Depuis ce cri lancé en janvier, ils ont reçu le soutien verbal du monde politique, ils ont rencontré la ministre wallonne de l’Environnement (Céline Tellier), ils ont multiplié les contacts et ils participent à une étude. Ils ont replanté, aussi, et c’est bien ça le plus important. La solution à leurs maux semble toute proche…
"Ce qui a changé en cinq mois? Fondamentalement rien , répond Frédéric Bronne. L’université de Liège, via Agro-Bio Tech de Gembloux, passe tous les 15 ou 20 jours. Ils nous soutiennent et on est en attente de leurs recherches et des actions du cabinet de la ministre Tellier." Mais on déchante vite… "On nous dit qu’on réfléchit à entamer les actions. C’est honteux de dire ça maintenant alors qu’on a déjà tout planté. Le temps politique n’est pas le même que celui des citoyens. Le temps politique est en dehors de la réalité économique, sociale, et de la nature. Le problème, il est connu depuis des années. Les cabinets ministériels veulent l’individualiser alors que de plus en plus de maraîchers font des analyses et rencontrent les mêmes soucis. Et, surtout, que tout est connu depuis 2015 via le rapport Pollusol2. Personne n’a voulu en faire quoi que ce soit, personne n’a voulu informer!"
Pire, les maraîchers attendent désespérément un remboursement de 606,74 € pour un épandage de chaux "que la ministre Tellier s’était engagée à financer" . Et l’Afsca réclame 119,16 € pour une revisite suite à des échantillons non conformes, ce que les maraîchers contestent en envoyant la note au cabinet du ministre fédéral de l’Agriculture David Clarinval (avec le ministre Borsus, en charge de l’Agriculture wallonne, en copie). "L’Afsca nous menace d’enlever nos agréments et autorisations, nous ne pourrions plus rien vendre après le 20 juillet. L’Afsca refuse le dialogue, les ministres refusent de prendre leurs responsabilités. On fait face à des discours aberrants… tout cela la semaine de Nourrir Verviers, quand on vient nous parler du circuit court et de la résilience alimentaire. Les ministres ne nous répondent même pas. En fait, on attend qu’on crève pour résoudre le problème."
Ce que Frédéric Bronne ne comprend toujours pas, c’est l’absence de lien clair entre une trop forte concentration en métaux lourds, héritage du passé industriel, et la santé des citoyens qui privilégient le circuit court, le local. "Nos voisins ont fait des analyses de sang, il n’y a aucune trace exagérée. La ministre Tellier refuse de faire un monitoring ciblé dans la région, alors que c’est la première chose à faire. Soit il y a un danger et on arrête tout (quel rôle jouent nos bourgmestres?), soit il n’y en a pas et qu’on nous laisse travailler. Le problème du cadmium est mondial, on attend quoi pour faire de la recherche? Le monde politique minimise la chose pour ne rien devoir faire. Il attend que le citoyen règle les choses pour eux. Le cabinet de la ministre Tellier nous dit que nous sommes responsables selon nos pratiques agricoles, or nous n’avons mis que du fumier sur notre terrain. Les responsabilités, elles ne nous incombent pas" , conclut Frédéric Bronne, lassé des beaux discours qui ne débouchent pas sur du concret.