La Ville de Malmedy a déjà revêtu ses couleurs: le vert, le jaune et le noir fleurissent un peu partout au centre de la Cité. Les sourires sont sur toutes les lèvres et les conversations n’ont qu’un sujet: les préparations carnavalesques. D’ailleurs, aucun Malmédien ne s’est inscrit à la tournée minérale nationale, c’est certain! Car fête il y aura, et en grande pompe! Les festivités ont déjà débuté avec le premier jeudi gras consacré aux enfants. Mais le clou du Cwarmê, ce sera ce dimanche 26 février avec encore une fois un cortège carnavalesque alternant entre l’esprit farceur des personnages traditionnels et le défilé des chars renouvelés chaque année par différents groupes de la région.

Après avoir salué la présence du nouveau Troûv'lê, «Steve Servais, à qui nous souhaitons un mandat des plus rayonnants», André Hubert Denis, échevin de la Culture, a annoncé les premiers détails de cette édition 2017 du Cwarmê. Entre les Longs Nés, les Haguètes, les Sâvadjes, les Boldjîs, les Cwapîs, les Longs Ramons et autres masques traditionnels, les sociétés malmédiennes ont, elles, choisi une thématique pour sortir déguisées. Ainsi, les membres de l'Écho de la Warche ont décidé de retourner à l'époque de Buffalo Bill, ses cow-boys et ses Indiens, les musiciens de l'Harmonie de la Fraternité joueront transformés en explorateurs, tandis que la Mesnie dol Haguète revisitera le monde d'Harry Potter.

Des milliers de spectateurs sont attendus pour assister au cortège, emmené par l’Echo de la Warche, qui tentera d’être, encore cette année, «fluide et sans trous»!

Qui est vraiment la Haguète?

La Haguète est le personnage phare du Cwarmê de Malmedy. Ses costumes colorés, son haut chapeau à plumes et sa grande pince, le «hape-tchâr», en font le masque emblématique du carnaval malmédien.

Mais d'où vient la Haguète, qui signifie en fait tout simplement «déguisement»? Selon la légende, ce costume serait apparu bien avant le milieu du XIXe siècle. «Le bicorne français, la cagoule, l'aigle bicéphale du Saint-Empire Romain de la nation germanique au dos de la veste contribuent à l'originalité du costume, attestent de son origine lointaine et témoignent des différentes appartenances territoriales de Malmedy», raconte Anne Delhasse, intronisée comme chevalier de la Mesnie dol Haguète. Le costume a évolué dans le temps: autrefois plus modeste et orné de plumes de coq, le chapeau est aujourd'hui composé d'une quarantaine de plumes d'autruche colorées.

Mais que serait la Haguète sans son «hape-tchâr» (happe-chair)? Grâce à son instrument, elle saisit les spectateurs à la cheville et les oblige à mettre un genou à terre en exigeant le pardon, en wallon: «Pardon, Haguète, à l'cawe do ramon, dju nu l'f'rès jamês pus!». «Il est à noter que si la coutume se plaît à rappeler que le hape-tchâr servait à tendre la nourriture aux malades de la léproserie locale, il est bien plus vraisemblable de lui rendre son usage domestique, celui de dépendre les salaisons du dessus des cheminées, d'où son nom!», ajoute Anne Delhasse.

Plus qu’un masque traditionnel

La Haguète donne aussi son nom aux festivités carnavalesques puisque les quatre jeudis gras sont désignés comme les «petites haguètes» et les quatre jours de carnaval appelés «grandes haguètes». Sans oublier que le mardi gras, pour clôturer le Cwarmê, on brûle la Haguète sur un bûcher pour symboliser la fin de l’hiver et le début du printemps. «Arvèye Haguète, arvèye…»