Il manque 1,5 million d’euros pour rénover le Kursaal à Dolhain… La Ville tape du poing sur la table
Rénover le Kursaal, à Dolhain, coûtera au minimum 2,3 millions d’euros. La Ville de Limbourg exige une aide de la Fédération Wallonie-Bruxelles.
Publié le 28-04-2023 à 16h00 - Mis à jour le 28-04-2023 à 16h08
Retour en arrière, en août 2021. Les inondations ont frappé la vallée de la Vesdre trois semaines auparavant, et Jacques Soupart, échevin de la Culture, évoque le Kursaal. "Il y a quelques optimistes dans la bande mais je pense que c’est cuit pour la fin de cette année (NDLR: 2021) et le début de l’année prochaine", avance-t-il, ne se doutant pas faire partie de la bande des "optimistes". À Limbourg, comme dans d’autres communes sinistrées, les priorités sont ailleurs, fin 2021. On pense aux habitations privées, aux écoles, aux voiries, aux berges… La principale infrastructure culturelle de Dolhain, son cœur festif, peut attendre.
La Ville de Limbourg répond à deux appels à projets début 2022, mais le 5 juillet de la même année le cabinet de la ministre de la Culture en Fédération Wallonie-Bruxelles (FWB), Bénédicte Linard (Écolo), indique que ces appels ne peuvent servir à la rénovation des infrastructures. La Ville passe alors par la voie "classique", et son dossier est envoyé le 29 novembre 2022. La veille, au conseil communal, le montant de la rénovation est dévoilé: 2,326 millions d’euros. Jusqu’ici, la Ville a reçu 613 522 € de l’assurance et 195 411 € de subvention Ureba via la Région. Deux semaines plus tard, le 15 décembre, le dossier est "complet", affirme le département des implantations culturelles. Depuis ? Silence radio.

"Il sera difficile, sur Limbourg, de reconstruire les bâtiments communaux en les rendant plus résilients et aux normes actuelles. Nous en avons pour 8 millions d’euros, alors que notre budget ordinaire se situe déjà entre 9 et 10 millions d’euros. Le subside Ureba et le remboursement de l’assurance ne couvrent même pas la moitié du prix de la rénovation du Kursaal. Or, c’est un lieu très important pour la Culture et l’associatif. Cela fait deux ans qu’on fait sans salle des fêtes, sans salle pour les réunions, pour les rassemblements. On doit louer des chapiteaux à coups de 5 000 € (pris en charge par la Province). Le bâtiment appartient à la Ville, mais il faut plus de 2,3 millions hors honoraires (NDLR: chiffre de 2022, à indexer) et il nous manque 1,5 million. Ça devient long pour nous, pour la population, pour nos ASBL… Les accordéonistes, par exemple, répètent à l’étage, sans chauffage", développe Valérie Dejardin, bourgmestre de Limbourg. Pour confirmer ses propos, le ballon "2020" symbolisant l’immobilisme du Kursaal… ou la température extérieure, plus agréable que celle ressentie au sein même du bâtiment (qui est "ouvert" depuis les inondations).

Jacques Soupart, échevin de la Culture, avoue être "très nerveux" sur le dossier. "On n’a pas arrêté d’interpeller la ministre Linard, on n’a pas de réponse. On n’a pas d’argent pour reconstruire le Kursaal. Si la FWB ne nous aide pas, nous n’y arriverons pas. À Bruxelles, ils s’en foutent, ils n’ont pas eu d’inondation. Ici, on peut crever. Une intervention financière est plus que nécessaire. On lance un appel au politique, qu’il reconnaisse l’importance de cette salle pour nos 6 000 citoyens. Le Kursaal, c’est plus qu’un lieu, c’est un patrimoine. On lance d’ailleurs une invitation officielle à la ministre Linard pour venir voir le Kursaal, même si elle ne viendra sûrement pas."

En parallèle, la Ville débute un crowdfunding pour "sa" salle, qu’il convient de remettre totalement aux normes du XXIe siècle. Capitale des rencontres, poumon culturel de Dolhain, symbole de la vitalité de la Ville et pourvoyeur de retombées pour les commerces locaux, le Kursaal se dégrade jour après jour, et sa disparition engendrerait de facto celle de plusieurs associations, elles-mêmes impactées par le Covid et les inondations. "Plus ça traîne, plus ce sera compliqué de relancer la machine", sait Renaud Cloes, gérant du Kursaal. L’appel sera-t-il entendu ?
