Vers des maisons de repos démédicalisées aux Heures Claires
L’intercommunale Les Heures Claires rejoint le projet Tubbe. Celui-ci vise à faire en sorte que le résident se sente comme à la maison.
Publié le 08-03-2022 à 17h42
L’intercommunale Les Heures Claires comprend trois maisons de repos et de soins (MRS): une à Spa (les Heures Claires), une à Limbourg (Léon d’Andrimont) et une à Stoumont (Philippe Wathelet). Ces sites rassemblent au total 424 résidents et 220 employés. Afin d’améliorer la qualité de vie et le bien-être de ceux-ci, la direction a choisi d’appliquer le concept du modèle scandinave Tubbe. Un projet pour lequel elle est accompagnée par Stéphane Adam, professeur de psychologie et du vieillissement à l’ULiège.
"Il s'agit du principe de comme à la maison", explique celui-ci. L'idée est donc d'inclure davantage les résidents dans la vie de la maison de repos, afin de rendre cette dernière plus accueillante et plus attrayante. Concrètement, trois groupes de travail vont être mis en place et mêleront des professionnels et des seniors. Le premier concernera la décoration, notamment des couloirs, des étages. "Un autre sera dédié au jardinage, où on pourra ainsi profiter des compétences de chaque résident, poursuit Stéphane Adam. Le dernier sera consacré au potage. Chaque résident pourra par exemple transmettre sa recette préférée de potage."
Le projet étant en cours de développement, des formations seront organisées dans les prochaines semaines pour le personnel. "Nous voulons sensibiliser l'ensemble des professionnels et inclure les résidents dans ce dispositif", assure le directeur Bernard Ribourdouille.
Avant la crise sanitaire, deux unités de la MRS spadoise avaient déjà testé l'abandon des blouses blanches contre des tenues civiles, enfilées à leur arrivée sur place. "Les effets d'un tel changement ont été étudiés en France et on constate davantage de conversations relationnelles plutôt qu'autour du soin. Il y a également moins d'appel à l'aide de la part des résidents", ajoute le professeur. Cette initiative a hélas été interrompue par l'arrivée du Covid mais l'expérience devrait être retentée par la suite, quand la situation sanitaire le permettra.
Un vote pour le nouveau logo
Cette participation des résidents a démarré par le choix du nouveau logo de l'intercommunale. Plusieurs propositions ont en effet été soumises aux résidents. Ceux qui le souhaitaient ont ainsi pu voter pour leur ébauche préférée. C'est également les résidents qui ont procédé au dépouillement, comme lors d'une élection traditionnelle. "Cela paraît anecdotique comme cela mais laisser la capacité décisionnelle aux résidents est important et majeur", lance Stéphane Adam.
Revoir la formation
À titre plus général, l’équipe de l’intercommunale et le professeur en psychologie de la sénescence estiment qu’un changement des mentalités est nécessaire. Et cela passera aussi par la formation des soignants. Le pourcentage de patients de plus de 65 ans est de plus en plus important que ce soit en médecine générale ou en cancérologie. Or, le personnel formé en gériatrie reste rare.
"De plus, la formation est surtout axée actuellement sur les savoirs et les techniques alors que 75% du temps de travail consiste à parler avec un collègue, le patient ou sa famille. La communication est pourtant très peu intégrée dans les formations, note Stéphane Adam. On le sait, 75% des erreurs médicales sont dues à des problèmes de communication entre collègues."

bain à bulles, sauna et hammam. "L'idée à terme est de pouvoir engager une esthéticienne indépendante, comme on a déjà des coiffeuses ou des pédicures, pour donner les soins. Une salle sera également prévue pour cela, note-il. Cela n'avait pas été simple à l'époque de convaincre de l'intérêt d'un tel espace mais il faut être conscient que l'on construit pour les 30 ans qui viennent et, en quelque sorte, pour nous. De plus, ces aménagements ne coûteront au final que 160 000€ sur un montant total de 24 millions."
Les travaux vont d'ailleurs bon train des deux côtés. "On devrait ouvrir à Limbourg en novembre 2022 et en mars ou avril 2023 à Spa. Le chantier de Spa a pris un peu de retard mais pour l'organisation des deux chantiers, ce n'est pas plus mal. Cela permet de décaler les corps de métier", assure Bernard Ribourdouille.
Le directeur insiste aussi sur le fait que les résidents, même s'ils sont autonomes, auront accès aux services de la maison de repos, tels que les repas et les activités. Il s'agira alors de suppléments au loyer. "C'est 5€ le repas à midi par exemple. On tient à conserver des petits prix"
