Le chat forestier, un animal méconnu et pourtant bien présent sur le Plateau des Hautes Fagnes (vidéo)
Il y aurait une centaine de chats sauvages sur le Plateau des Hautes Fagnes. Cet animal est protégé mais plusieurs menaces pèsent sur lui.
Publié le 24-02-2022 à 08h43
Un poil bien fourni, une queue cylindrique avec des anneaux noirs, de longues moustaches, une ligne dorsale noire et une couleur plutôt uniforme, tirant vers le gris, le chat forestier, dit aussi chat sylvestre, est présent depuis des décennies dans nos massifs forestiers. Si ces derniers mois, c'est principalement le loup qui a fait l'actualité sur le Plateau des Hautes Fagnes, ce petit tigre de nos forêts est aussi un animal sauvage à part entière. Il y en aurait une centaine dans les Fagnes. "C'est difficile de connaître la densité exacte, explique Corentin Rousseau, biologiste pour le WWF. Une femelle établit son territoire sur 200 à 400 hectares. Celui du mâle est plus grand, de 800 à 1200 hectares et englobera donc le territoire de plusieurs femelles. En Belgique, il y a probablement, à la grosse louche, entre 800 et 1 500 chats forestiers."
Un animal longtemps menacé
Aujourd'hui, cette espèce est protégée. Pourtant, pendant des décennies, le chat forestier était chassé, à tort. Il se nourrit essentiellement de petits prédateurs, de rongeurs notamment, mais il était vu comme une menace par le monde de la chasse. "Il y a eu du braconnage sur ces chats pendant longtemps et la population avait fortement diminué. Il était persécuté sans raison apparente puisqu'il ne s'attaque pas aux grands animaux, plébiscités par les chasseurs. Sa spécialité, ce sont les micromammifères." Cette protection est efficace puisque désormais, le nombre de chats sylvestres a tendance à augmenter au fil des années. Les chercheurs restent malgré tout prudents, d'autres menaces pèsent sur cet animal.

Du risque d’hybridation à l’impact de l’urbanisation
Ce félin peut parfois s'accoupler avec son cousin domestique, c'est ce qu'on appelle l'hybridation. Le WWF et l'Université de Liège ont mené une étude génétique afin de déterminer si cette hybridation représentait un risque réel pour le chat forestier, qui pourrait se retrouver noyer dans la masse de chat domestique. "Sur les 70 échantillons analysés, on a relevé seulement 5% d'hybrides donc c'est une très bonne nouvelle." Le chat domestique pourrait cependant rester une réelle menace pour son homologue plus sauvage, étant porteur de maladies qu'il pourrait transmettre aux chats forestiers.
En attendant, le trafic routier reste à ce jour la plus grosse menace pour l'espèce. "Comme toute la faune wallonne, il y a malheureusement énormément de chats qui se font écraser chaque année. Les grand-routes sont difficiles à franchir. À Verviers par exemple, le chat pourrait passer des Hautes Fagnes vers La Calamine et Aix où il y a de nombreux massifs forestiers, mais la E40 est trop difficile à franchir, d'où l'importance de construire des écoducs. "
Le WWF milite également pour le maintien des structures dans les paysages. Dans les champs par exemple, les chats aiment les haies, c'est là que se cache leur nourriture. " On a malheureusement une banalisation de nos paysages qui sont trop ouverts, avec des plaines agricoles de plus en plus grandes. C'est bien d'avoir des structures, des haies et des petits vallons." L'organisation, qui œuvre à la protection de l'environnement, mène ainsi plusieurs projets pour préserver et protéger l'habitat du chat forestier chez nous.


Ils travaillent en ce moment avec des partenaires locaux et tentent notamment de convaincre les communes de planter des haies, à Welkenraedt, Baelen ou Raeren par exemple. "Certaines communes se sont montrées intéressées. On essaye de persuader les propriétaires de restaurer l'habitat du chat forestier en replantant des haies. Il y a également un travail à faire sur les haies déjà existantes. Malheureusement aujourd'hui, elles sont souvent gérées de manières intensives et accueillent donc peu de micromammifères. " Le chat sylvestre est une espèce importante pour la biodiversité. Et puis l'aider, c'est aussi penser aux autres animaux sauvages. "C'est ce qu'on appelle une espèce parapluie. En aidant le chat forestier et en récréant des corridors écologiques, ça aidera d'autres espèces, comme le blaireau, ou la chauve-souris, qui ont besoin de structure dans le paysage".

Cet amoureux des Fagnes a déjà pu observer de très près le comportement de quelques chats sylvestres. "Il m'est arrivé une fois ou deux de l'observer de près. Quand on est dans de bonnes conditions, que le vent est favorable et qu'on est à l'affût, silencieux, c'est l'idéal. J'ai déjà pu le regarder une fois pendant une dizaine de minutes. Je me souviens qu'il était en train de fouiner dans les hautes herbes, probablement à la recherche d'un campagnol ou d'un autre rongeur."
Si le chat sauvage apparaît souvent sur les images des pièges photos, installés sur le Plateau fagnard suite au retour du loup. et est aussi parfois photographié dans des zones plus urbanisées, " il a été pris en photo récemment au Sart-Tilman par exemple ", ajoute Corentin Rousseau. il vous faudra cependant être patient et silencieux pour espérer l'apercevoir de vos yeux.