Quels sont les métiers dont les éleveurs ne peuvent pas se passer ? Rencontre avec un maréchal-ferrant
Ce week-end, c’est la foire agricole de Battice. À cette occasion, nous avons réalisé une série de quatre épisodes. Le premier est consacré aux métiers indispensables à l’agriculture et plus précisément, à celui de maréchal-ferrant.
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- Publié le 29-08-2023 à 09h00
- Mis à jour le 31-08-2023 à 12h01
Serait-on tenté de dire que Jean-Luc Keppenne était prédestiné à devenir maréchal-ferrant? Un peu quand même. «Déjà quand j’avais six ans, je me sauvais de la ferme de mes parents pour aller voir les chevaux chez mes grands-parents», détaille le Stavelotain.
Et assez logiquement, à la fin de sa rhéto, il a voulu entamer des études de vétérinaire. «Mais ça n’a pas été possible à cause du décès de mon père.» Il s’est donc rabattu sur la maréchalerie. «J’ai suivi trois ans d’études dans une école de l’État pour obtenir un diplôme qui n’est même pas reconnu par l’État», s’amuse-t-il.
"On travaille beaucoup. On démarre tous les jours entre 7h30 et 8h du matin. En théorie, la journée se finit vers 18h.Mais dans les faits, on rentre plutôt entre 8h et 9h du soir"
Mais que son diplôme soit reconnu par l’État ou pas, il lui permet d’être en contact avec les chevaux tous les jours. Et aussi toute la journée. «C’est vrai qu’avec mon apprenti, on travaille beaucoup. On démarre tous les jours entre 7h30 et 8h du matin. En théorie, la journée se finit vers 18h.Mais dans les faits, on rentre plutôt entre 8h et 9h du soir.»

Trois cents chevaux suivis au quotidien
Et c’est vrai qu’entre les urgences et les adaptations de planning liées à la météo, Jean-Luc se tape des journées de dingue. «En général, on voit cinq clients différents par jour.» Ou pour vous donner une autre idée de sa masse de travail : «Au quotidien, j’assure le suivi de trois cents chevaux».
Tiens, concrètement, ça veut dire quoi «assurer le suivi d’un cheval»? «Les chevaux qui sont ferrés, je dois les voir toutes les quatre ou huit semaines pour couper l’ongle. Sinon, ils se blessent.» Et pour les autres, ça dépend. «Quand ils sont tout le temps en prairie, je les pare tous les trois-quatre mois. Mais quand les chevaux circulent aussi sur des surfaces en dur, qui vont user l’ongle, une fois par an, c’est suffisant.»
Et à côté de ça, il lui arrive d’effectuer des interventions orthopédiques. «Mais c’est quand même plus rare.»
Un métier très physique
Et on s’en doute, passer sa journée plié en deux à parer et ferrer les chevaux, c’est physique. «C’est sûr que je ne saurai pas continuer comme ça jusqu’à 65 ans (NDLR : il en a aujourd’hui 50). Je pense que je vais tout doucement me tourner vers les logements insolites.»
Mais en attendant, son travail, il l’aime. «C’est qui est vraiment gai, c’est de rencontrer les gens, voyager et relever de nouveaux challenges, comme s’occuper de chevaux qui boitent.»
Bref, être maréchal-ferrant, c’est physique, c’est chronophage, «mais c’est avant tout un très beau métier».

L’élevage, une passion pour Alphonse Dumez

Installé sur les hauteurs de Stavelot, Alphonse Dumez travaille avec Jean-Luc Keppenne depuis une dizaine d’années. «Je suis content de son boulot.» Ce qui est finalement assez logique, parce que «si ce n’était pas le cas, je ne ferais plus appel à lui».
Lorsqu’il était encore fermier «à temps plein», Alphonse Dumez n’a jamais eu le temps de se lancer dans l’élevage de chevaux. «J’ai commencé à le faire à 60 ans, quand j’ai arrêté de traire.»
Aussi un amoureux des chevaux
Et comme Jean-Luc Keppenne, il est amoureux des chevaux. «Le plus beau, c’est de voir une jument pouliner. C’est la nature. C’est juste magnifique», dit-il avec une pointe d’émotion dans la voix.
Et même si ce n’est pas son activité principale, il arrive à Alphonse Dumez de vendre des chevaux. Ce qui n’est pas toujours une sinécure. «Ce n’est pas comme vendre une vache. Il faut qu’il tape dans l’œil de l’acheteur.» Et comme partout, il y ades clients difficiles. «Ils vont toujours trouver qu’il n’est pas assez gros, qu’il y a ceci qui ne va pas…», s’amuse-t-il.
Ostéopathe animalier, un boulot tout aussi important

Pour s’occuper de nos amis équidés, il y a bien entendu les maréchaux-ferrants, les vétérinaires, mais aussi les ostéopathes animaliers. «On est souvent appelés car les chevaux boitent, refusent de se mettre au galop ou de sauter un obstacle, détaille la Waimeraise Elien Evers. Ces problèmes peuvent être expliqués par des blocages dans le dos, la nuque ou même les côtes.Des tensions viscérales peuvent également causer des problèmes hormonaux.»
Mais dans le cadre de son travail, Elien ne fait pas que s’occuper des chevaux. «Ça me prend environ 50 % de mon temps. Et l’autre moitié, je soigne des chiens.» Et à côté de ça, il lui arrive d’intervenir sur des chats et des chèvres. «Une de mes collègues a même déjà été appelée pour des poules.»
Un accès à la profession pas protégé
Attention, si un jour, vous avez besoin d’un ostéopathe pour votre cheval, ne faites pas appel à n’importe qui, car l’accès à la profession n’est pas protégé. «Si vous voulez être sûr d’avoir affaire à quelqu’un de fiable, vous pouvez consulter l’IREO (International register for equine osteopaths).»