À Battice, l’entreprise de travail adapté Les Gaillettes se professionnalise : « On doit essayer de plus en plus de créer de la valeur ajoutée pour survivre »
Depuis cinq ans, l’Atelier des Gaillettes a accéléré son tournant vers la professionnalisation. Un changement d’autant plus important pour survivre dans le contexte de crise actuelle, souligne son directeur général.
Publié le 16-01-2023 à 07h00
À l’aube de 2023, l’entreprise de travail adapté Les Gaillettes, installée à Battice et à Barchon, se porte bien malgré les crises successives, le Covid et maintenant la flambée des prix de l’énergie et des matières premières. "Notre force, surtout en cette période, c’est d’avoir quatre pôles différents qui se sont supportés les uns les autres. Cette année, c’est plus le conditionnement qui a porté l’entreprise, parce que le prix du bois a tellement augmenté que c’était beaucoup plus difficile pour la menuiserie de conclure des marchés. Pendant le Covid, c’était le contraire. C’est la polyvalence de l’entreprise qui lui a permis de traverser une période quand même extrêmement compliquée sans aucun souci économique, que du contraire !", rapporte son directeur général, Pierre Dehaspe.
Depuis sa création en 1971, les services offerts par l’atelier se sont en effet diversifiés, et ils se sont réinventés ces dernières années. "La société, quand elle a commencé, c’était une collaboration avec la société Radermecker qui faisait des palettes. Les seuls services à l’époque, c’était la mise à disposition de main-d’œuvre et la construction de palettes." Aujourd’hui, une septantaine des employés (sur les 200 que compte l’entreprise) est toujours mise à disposition d’autres entreprises "pour des missions particulières pour lesquelles ils ont des compétences" (dont une soixantaine est toujours chez les voisins de la S.A. Radermecker). À côté de cela, il existe trois grands pôles: la menuiserie (intérieure et extérieure), la métallurgie et le conditionnement.
4 pôles
À l’origine, Les Gaillettes proposaient des créations sur mesure en bois, que ce soit pour des aménagements de jardins (chalets, abris, palissades, carports…), d’intérieur (de magasins comme les J&Joy et les Al Binète, de meubles et autres produits en bois personnalisables avec de la sérigraphie) ou encore des produits animaliers (enclos, nichoirs, niches…). L’atelier cherche désormais à proposer des gammes de produits, comme c’est le cas depuis trois ans avec les sapins de Noël ou des chalets pliables. En plus de ceux destinés aux collectivités pour Noël (la Ville de Seraing en a encore acheté 40 cette année), elle vient ainsi de lancer la commercialisation de chalets en kits. "Ce sont des modules de 1,6 mètre qui s’empilent avec un système un peu à la “Ikea”. On a constaté qu’il y avait un marché que l’on n’arrivait pas à toucher avec notre sur-mesure, on était parfois un peu trop cher ou les délais étaient trop longs. Ici, on le livrera sur palette et en une journée le chalet de 4 mètres sur 4 sera monté !"
Les Gaillettes ont dû également innover les dernières années du côté de leur département de métallurgie, "Historiquement, on a démarré avec l’ébavurage de pièces assez pointues comme de l’aéronautique. Mais comme plus rien n’est sorti dans ce domaine-là avec le Covid, et que la plupart des activités ont été relocalisées à l’Est, on a commencé la soudure et la ferronnerie de base et de masse, en proposant par exemple des rampes, des rambardes, etc." L’atelier a finalement investi dans une série de machines plus performantes pour sa partie conditionnement afin de servir des clients locaux comme Essity, Corman et Trendy Food.
Un tournant depuis 2017
Selon son directeur général, l’entreprise de travail adapté a ainsi véritablement opéré ces cinq dernières années un tournant vers la professionnalisation, débuté aux environ de 2010. Comme preuves de ce changement, il prend la création du département commercial & marketing ou encore la certification ISO 9001 qui atteste d’un "management de qualité". "Avant, le boulot arrivait et on occupait les gens à le faire sans aucun objectif de rentabilité. Et pour la qualité, ils faisaient du mieux qu’ils pouvaient. On est vraiment passé d’une activité qui était de type occupationnelle à une véritable activité économique: c’est le seul moyen de survivre dans le contexte actuel… Le Covid nous a obligés à nous réinventer, la crise de l’énergie nous oblige à gérer les choses de façon un peu différente. Puis le système de subsidiation a pas mal évolué et nécessite de devenir de plus en plus autonome. Si on veut garantir la pérennité de l’entreprise, on doit essayer de plus en plus de créer de la valeur ajoutée !"