Inondations: l’Europe annonce des fonds et un projet pilote pour surveiller la Vesdre
Le président de la commission du développement régional, Younous Omarjee, était en visite dans la vallée de la Vesdre, d’Eupen à Verviers. Outre des fonds supplémentaires, il annonce un projet de surveillance de la Vesdre.
Publié le 23-02-2022 à 18h35 - Mis à jour le 23-02-2022 à 18h34
Une délégation de députés européens accompagnait le président de la commission du développement régional, Younous Omarjee, ce mercredi dans la vallée de la Vesdre, à Eupen et Verviers. Conclusion de trois jours "sur le terrain", cette visite des membres du Parlement européen en Belgique était nécessaire afin de mettre en place un fonds européen d’adaptation au changement climatique, encore inexistant.
Après Valkenburg et Gulpen-Wittem (Pays-Bas) lundi, à la suite de la vallée de l'Ahr et d'Euskirchen (Allemagne) mardi, c'est à Eupen que la délégation se rendait ce mercredi. Sur place, la bourgmestre Claudia Niessen, "guide" d'une zone ravagée (la ville basse), revient sur la nuit du 14 juillet 2021. "On nous a annoncé une hausse en mètres cubes, mais ça veut dire quoi en centimètres ou en mètres? J'ai dû créer un centre de crise, évacuer la ville basse (1 600 personnes)… mais on a toujours cru qu'on n'aurait que 30 ou 50 centimètres d'eau. Vers 23 h, j'ai appris que l'eau passait au-dessus du barrage d'Eupen, que celui-ci n'était plus sous contrôle." Le président Younous Omarjee, venu pour dégager des aides à moyen et long termes, prend conscience de la détresse de la population et des dirigeants locaux, forcés d'agir sans information.

"Cette visite est importante pour le développement à long terme, pour avoir une garantie d'accès à des fonds structurels, poursuit Claudia Niessen. On a des besoins urgents, mais nous demandons aussi des réponses à long terme pour reconstruire, recréer de la vie sociale, tirer des conclusions climatiques à Eupen, Verviers et au niveau européen."
«Des demandes fortes devant en commission»
Député européen (membre de la commission) et germanophone, Pascal Arimont a dû "batailler pour que le fonds de solidarité soit aussi payé en 2022". "Pourtant, le fonds n'est déjà plus suffisant. Nous avions 800 millions d'euros, ce qui est très peu par rapport aux dégâts. En Allemagne, nous étions face à 30 milliards de dégâts. Ce mercredi, en Belgique, nous sommes confrontés à 5 milliards de dégâts. Il faut que les pays contribuent davantage au fonds. Notre présence, c'est aussi pour éviter que ce genre d'événement se reproduise. On doit mettre en place des mesures, des éléments structurels, pour éviter une nouvelle catastrophe. Refaire simplement le lit de la rivière ne suffira pas, il faut aussi voir comment dévier l'eau, trouver des solutions, des idées nouvelles… Le résultat de cette mission sera mis dans un rapport pour formuler des demandes fortes en commission, car il est très impressionnant de voir les dégâts ici et à quel point les bourgmestres se sont retrouvés seuls face à cela. Même pour la reconstruction, ils sont encore un peu seuls à devoir tout organiser. Et ces questions, elles doivent être transnationales car plusieurs pays se les posent."

«L’Europe est devenue vulnérable»
Younous Omarjee souhaite "apprendre de ce qui s'est passé". "On doit, par exemple, pouvoir renforcer les informations sur les sites, voir heure après heure l'évolution des rivières et fleuves. Je ne peux pas faire de promesse, mais on va travailler pour faire avancer un projet pilote sur la question des pré-alertes et alertes de crues en Belgique. On doit le concrétiser pour 2023, sur Eupen et Raeren, avec une enveloppe de 500 000 à 1 000 000€ en sachant que cela bénéficiera aux communes en aval. Les catastrophes naturelles doivent être au cœur de nos priorités, car rien n'a été pensé pour les contrer alors qu'on en voit désormais les impacts et les conséquences."

Le président de la commission exigera des moyens pour créer des infrastructures plus résilientes. Un fonds d'adaptation aux changements climatiques sera réclamé. "Le coût de l'inaction est autrement plus élevé. On doit comprendre et, demain, être mieux armé. L'Europe a été surprise par les inondations, par les tempêtes, parce que rien n'avait été pensé pour y faire face. On se sentait invulnérable et l'Europe est devenue vulnérable. En Allemagne, j'ai vu des villes totalement détruites, des gens désemparés et plongés dans la pauvreté. Et ce n'est qu'un laboratoire de ce qui va se passer partout en Europe. La question climatique va devenir centrale et il nous faudra des milliards d'investissements pour repenser notre territoire, au niveau européen car les régions et communes n'ont pas les moyens. Ces crues vont se reproduire, n'ayons aucun doute. Alors n'attendons pas un nouveau drame pour agir", conclut-il.

Devant les bourgmestres impactés par les inondations (Muriel Targnion pour Verviers – laquelle soulignait cette première rencontre avec des députés européens –, Philippe Godin pour Pepinster, Valérie Dejardin pour Limbourg, Pierre Lemarchand pour Theux et Fabien Beltran pour Trooz), Younous Omarjee a rappelé le "devoir de solidarité" et la nécessité de "repenser des politiques pour s'adapter aux conditions climatiques", tout en insistant sur "la catastrophe sociale et économique… un choc qui nécessite des moyens exceptionnels". "La crédibilité de l'Europe est en jeu. On doit créer un nouveau fonds européen régional d'adaptation aux changements climatiques (NDLR: il espère 50 milliards d'euros). Offrons à la présidente von der Leyen l'opportunité d'honorer l'engagement qu'elle a pris (NDLR: à Pepinster en juillet 2021)", a répété le président de la commission développement régional à l'issue de cette table ronde.