Inondations: le climatologue Jean-Pascal van Ypersele à la rencontre des sinistrés
Invité par l’ASBL «Action Vivre Ensemble», le climatologue Jean-Pascal van Ypersele s’est rendu, ce lundi, à Eupen, Limbourg, Pepinster et Verviers pour échanger avec les associations et les citoyens sinistrés.
Publié le 27-09-2021 à 19h44
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Spécialiste du climat, professeur à l'université de Louvain-la-Neuve et ancien vice-président du GIEC (le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat, qui vient de publier son 6e rapport en 2021), Jean-Pascal van Ypersele s'était montré particulièrement ému et interpellé au lendemain des inondations de juillet dernier sur les ondes de La Première. Depuis 30 ans, avec ses collègues, il s'évertue à alerter les autorités politiques au sujet du réchauffement de notre planète. «Ce n'est pas juste de dire qu'on ne fait rien mais on fait beaucoup trop peu». avait-il déclaré.
En entendant ces mots, l’ASBL «Action Vivre Ensemble» a eu envie d’inviter le climatologue dans la vallée de la Vesdre afin qu’il puisse aller à la rencontre des personnes sinistrées mais aussi des associations qui œuvrent dans la lutte contre la pauvreté. Une proposition qu’il a volontiers acceptée.
Accompagné de son épouse Martine Capron, qui est écopsychologue, il a démarré sa visite, lundi matin, à Eupen avant de faire une halte à Dolhain. Jean-Pascal van Ypersele y a rencontré l'échevin des Travaux Luc Delhez (La Limbourgoise) mais aussi deux habitants de la Bêverie. «Ils savaient que je suis climatologue et étaient d'emblée très remontés, raconte celui-ci. Ils m'ont directement dit que les inondations n'étaient pas dues aux changements climatiques mais à des dysfonctionnements au niveau du barrage».
Une piste qu'il ne balaye toutefois pas d'un revers de la main. «Les barrages ont peut-être aggravé la situation à certains endroits mais ce sera à la commission d'enquête parlementaire de le déterminer, indique-t-il. Quand on a une situation comme celle-ci, cela ne peut pas être attribué qu'à un seul facteur. Il est clair que le problème de base, c'est d'avoir eu 25 cm de pluie en quelques heures seulement. Et ce premier facteur a été rendu plus intense par le dérèglement climatique.» Parmi les autres éléments déclencheurs, le scientifique pointe aussi, évidemment, la suppression de haies ou encore l'imperméabilité des sols.
«La réalité dépasse la fiction»
Jean-Pascal van Ypersele s'est également rendu à Pepinster et à Verviers (voir ci-contre). Et ces passages ne l'ont pas laissé indemne. «La dévastation est encore plus grande que ce qu'on peut imaginer, confie-t-il. La réalité dépasse la fiction. Cela renforce encore une fois ma détermination à lutter contre ces changements climatiques et surtout à expliquer pourquoi c'est important. Si on continue à ne rien faire, on va avoir ce genre de chose de plus en plus souvent.»
En passant devant le trait matérialisant la montée des eaux sur le mur de la chapelle Saint-Lambert, rue du Collège à Verviers, il a rappelé l'importance de garder des traces de cette catastrophe. «Il faut rendre cela permanent, que cela soit marqué dans la pierre. Cela doit être visible par tout le monde», s'est-il exclamé.

Le scientifique a aussi à cœur de lier l'urgence climatique à l'urgence sociale. «C'est important de les voir dans leur ensemble, explique-t-il. On le voit aussi ici, le dérèglement climatique affecte beaucoup plus ceux qui sont pauvres. C'est une double injustice quelque part parce que ce sont aussi ceux qui ont causé le moins d'émissions de gaz à effet de serre.»
À la fin de sa visite, Jean-Pascal van Ypersele a donné une conférence, nourrie de ses observations sur le terrain et ouverte à tous, au temple protestant de Verviers.



Bénéficiaire et bénévole au sein de l'association, Joël Humblet peut témoigner de ces difficultés. Habitant près du Pont Walrand, il a tout perdu, y compris son appartement. Et trouver un nouveau toit n'a pas été simple. «J'ai été hébergé dans trois endroits différents. Aujourd'hui, j'ai un studio de transit dans lequel je peux rester un an, raconte le Pepin, soulagé. J'ai fait pas mal de recherches dans toute la région verviétoise et on le voit, les loyers ont augmenté depuis les inondations. Les propriétaires se montrent aussi de plus en plus exigeants, que ce soit par rapport aux animaux mais aussi aux enfants.»
L'équipe a également mentionné le fait que les personnes sinistrées ne sont forcément propriétaires de leur bien. «Et cela rend les choses encore plus compliquées, ajoute Mauricette Lambotte, la responsable. C'est au propriétaire de faire les démarches pour les travaux et cela peut prendre encore plus de temps.» L'ASBL alerte aussi sur l'importance de ne pas construire des ghettos. «Il faut une mixité au niveau des logements. Et des loyers qui ne sont pas exorbitants.»
