Avec le curé Stanis chez les Kasaïens oubliés
Ils sont de plus en plus nombreux , et décidés, ces Disonnais qui «construisent» au Kasaï congolais. En dur pour 780 € la maisonnette.
Publié le 05-02-2009 à 10h00
Si vous ne connaissez pas le village kasaïen de Cibombo, c'est que vous n'êtes pas de Dison. Ici, entre ville et campagne, le curé Stanislas Kanda se démêle comme un diable, si l'on ose dire, pour convaincre ses paroissiens de l'utilité de venir en aide aux victimes de l'épuration ethnique qui a sévi dans la province du Katanga entre 1992 et 1995.
«Ils sont plus de 14500 à vivre dans le village de Cibombo, un camp de réfugiés situé à 21 kilomètres de Mbujimayi, explique le curé Stanis, 44 ans, formé au séminaire de Lubumbashi, à Dison depuis 3 ans après avoir suivi une formation en agronomie à l'ISI de Huy. Je reste en Belgique pour sensibiliser la population au drame de ces milliers de Kasaïens occupés par l'Union Minière du Katanga et ses mines de cuivre, une main-d'oeuvre maltraitée par la milice Yuferi à Kolwezi et Likasi». C'est la fuite des Kasaïens vers leur pays d'origine, un exode tragique de milliers de pourchassés qui parcourent 1700 kilomètres à pied souvent en espérant trouver refuge près de Mbujimayi.
«On crée donc le village de Cibombo, poursuit l'abbé. C'est ici que nous travaillons au départ de la Belgique via l'IPAMEC, une association de fait relayée à Dison par Jacques Grifnée et Manu Devos. La générosité de la population est magnifique».Stanis, en mission, tourne dans les écoles. Saint-Fiacre, par exemple, a offert un poulailler pour Cibombo et Saint-Roch, à Theux, a financé un puits. D'ailleurs, chaque projet est chiffré en euros. Le puits vaut 680 euros. Ni plus ni moins.
Des conditions de logement décentes
«Nous construisons beaucoup de maisons, précise le responsable du projet. Elles sont fabriquées avec de l'argile locale et mesurent quelque 48 mètres carrés, y compris les sanitaires, ce qui permet de loger entre 6 et 8 personnes dans des conditions décentes. Depuis 2006, une soixantaine de maisons ont été construites ou réaménagées. L'investissement, tout compris, est de 780 euros».
Voilà pourquoi, sans esprit de lucre, les Disonnais investissent au Kasaï et savent, via leur curé, que l'argent ne s'égare pas. Il est évidemment possible de coopérer plus simplement. Pour 40 euros, on assure une culture maraîchère à vie sur les parcelles de 25 mètres carrés qui entourent les maisonnettes. Financer un élevage de lapins, canards, poules et poulets est évalué à 280 euros et une culture sur champs, avec manioc, haricots et arachides, est faisable avec un seul chèque de 150 euros. Ainsi, petit à petit, le camp s'humanise. Il s'anime même par le biais d'artisans qui, outillés et formés par IPAMEC, se lancent dans la savonnerie, la boulange, la poterie dont la construction de fours économique en argile réfractaire et, depuis peu, un atelier de couture dont quatre machines à coudre permettent aux jeunes dames de Cibombo de confectionner ou de raccommoder les habits.
Et ce n'est qu'un début! L'abbé Stanis entend bien convaincre d'autres investisseurs et est prêt à parler de ses amis réfugiés dans les écoles de Verviers et d'ailleurs. Il suffit de l'inviter.
Contact : abbé Stanis Kanda, rue Léopold, 36, 4820 Dison. GSM : 0479801488 (stanis k@yahoo.fr)