Sylvie Cornet cesse la Canardière ce 31 décembre… et file en France
Sylvie Cornet arrête son commerce à Baelen. Pour profiter des produits de la Canardière, c’est jusqu’au 31 décembre.
Publié le 19-12-2019 à 06h00
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Une sortie, un moment à deux pour se retrouver. La voiture est presque garée, encore dix mètres. Un camion surgit. En un instant, une fraction de seconde, ce 29 janvier 2019, tout bascule. Une vie s’envole, une sœur… Les autres vies sont brisées, amputées. Si seulement elles avaient opté pour un autre lieu. Si seulement elles avaient eu cinq secondes d’avance, ou cinq de retard. Si seulement elles avaient vu. Si seulement.
Personne ne souhaitait subir ces événements. Mais de ces quelques lignes découle une décision: la Canardière, maison réputée à Baelen, cesse ses activités ce 31 décembre. Sylvie Cornet, qui a lancé son activité en 2007 – et qui depuis s’est battue pour défendre une profession, un savoir-faire et un respect de l’animal contre les critiques –, jette l’éponge.
La fin d’une maison, Coq de Cristal dès son lancement
«Le commerce s'arrête. J'avais un repreneur, mais un article est paru ce week-end avec un projet du cdH pour interdire le gavage en Wallonie. Cela n'a pas aidé et le lendemain le repreneur m'a dit qu'il abandonnait», développe la Baelenoise. La décision de cesser ses activités était déjà prise. «J'arrête mon commerce pour des raisons personnelles, suite à l'accident du 29 janvier. Je travaille encore 15 h par semaine mais je hurle de mal. Mon objectif, c'est de clôturer mon commerce car logiquement je ne peux pas travailler. Seulement, je ne pouvais pas laisser mes animaux tourner à rien. Il a fallu s'en occuper et diminuer petit à petit. Il m'en reste encore soixante.»
Produits jusqu’au 31 décembre
Sylvie Cornet ne pouvait laisser ses animaux dépérir. Victime, physiquement et moralement, de son accident, elle n'a pas eu le choix et s'est remise au travail. Hélas, le public tarde à venir chercher les derniers produits disponibles. «On a la marchandise, tout est prêt. Mais les commandes ne suivent pas. J'en ai discuté avec d'autres producteurs, c'est pareil partout. Les gens ne sont pas encore aux fêtes. On espère que c'est ça. Sinon je vais me retrouver avec de la production en trop.»
De la production en trop, c'est ce que veut éviter la Baelenoise. Car l'issue sera fatale pour ses produits. «En 2020, on quitte tout. La maison est vendue. On va en France, où nos enfants étudient, dans le but de créer des gîtes et chambres d'hôtes. On quitte ce 10 janvier, mon mari a déjà retrouvé un travail là-bas.»
Elle quitte sa région
C'est le cœur lourd mais sans autre option que Sylvie Cornet quitte sa région, son pays. Elle qui a toujours vécu à Welkenraedt et Baelen. L'envie de démarrer un nouveau chapitre. De fuir, aussi, certaines personnes qui peuvent, par leurs dires, témoigner de la bassesse de l'humain. «J'ai toujours vécu ici. Je suis sur les terres de mes grands-parents. J'étais institutrice primaire à Welkenraedt puis j'ai tenu la canardière pendant 12 ans. Mais ce n'est plus possible de vivre ici. Je n'ai pas choisi cet accident… Je n'ose plus sortir de chez moi», conclut-elle, le cœur serré.
Il reste dix de jours pour commander au 0495 99 04 15. Levée de Limbourg, Baelen.