Un Érythréen matte Evenepoel à Aubel
Champion d’Europe et grand favori, Remco Evenepoel a été battu, dans un sprint à deux, par un Érythréen du Centre mondial du cyclisme.
Publié le 04-08-2018 à 06h00
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Les observateurs ont certainement été surpris de le voir lever les bras, ce vendredi en fin d’après-midi au cœur de la cité aubeloise. Sur l’étape inaugurale d’Aubel-Thimister-Stavelot, le champion d’Europe Remco Evenepoel (Balen) a été devancé par Girmay Biniam Hailu, repris dans la formation du Centre Mondial du Cyclisme – dont la participation à ATS est inédite. C’est historique: il s’agit du premier succès d’un Érythréen sur l’épreuve.
«Il n'a pas voulu travailler avec moi, a juste accéléré les derniers mètres. J'ai dû faire tout le boulot. Il a peut-être voulu faire le malin, en faisant comme s'il était mort… Mais si t'es mort, tu ne peux pas sprinter comme il l'a fait. Je ne supporte pas ce genre d'attitude», regrette Remco Evenepoel, le Cannibale des juniors (vingt-et-un bouquets en 2018) qui ne l'a pas emporté seulement pour «la quatrième ou cinquième fois» de la saison. «Je me doutais qu'il allait me battre. Mais j'ai préféré rester calme, rouler pour déjà prendre de l'avance (NDLR: pari réussi, puisqu'il a pris quarante-trois secondes) en vue d'être leader à la fin, dimanche. Je n'ai pas vraiment essayé de le lâcher. Je mettrai tout à Stavelot, ou demain (NDLR: lisez ce samedi, sur les routes de Thimister où il s'était imposé en 2017) si les opportunités se présentent. Je conserve ce qui s'est passé ici dans un coin de ma tête: il verra (sourire)!»
Assumant son statut d’immense favori dès son retour à la compétition (il a effectué une coupure de trois semaines après les championnats d’Europe), le futur protégé de la Quick-Step de Patrick Lefevere a faussé compagnie au peloton après l’avant-dernier passage de la ligne (soit à une grosse dizaine de bornes du but). C’est un peu plus loin qu’il a vu revenir Girmay Biniam Hailu.
«Le champion d'Europe est un bon coureur. Je ne l'ai pas suivi de suite lorsqu'il a attaqué, dans le dernier tour. Je suis sorti lorsque je me suis aperçu que l'écart grandissait bien», raconte l'Érythréen, qui avoue «ne pas avoir eu confiance» en son sprint. Comme quoi.
«Gagner sur cette épreuve était un rêve»
Même s’il a donc désormais la tunique jaune sur les épaules, qu’il est typé grimpeur et se trouve entouré de solides coureurs – comme le troisième de l’étape, le Colombien Juan Tito Rendon Franco –, Girmay Biniam Hailu ne semble pas avoir en tête la victoire au général sur ce 52e Aubel-Thimister-Stavelot.
«C'est la première fois que je roule ici (NDLR: comme ses équipiers du CMC, il est arrivé d'Érythrée… début juillet). Je n'ai jamais fait de course à étapes en Europe. Rester leader va être très, très compliqué. Le niveau est international, alors que je n'étais jamais sorti de mon pays avant cet été. Gagner sur cette épreuve était un rêve pour moi», sourit celui qui a aussi gagné, la semaine dernière, une manche de la coupe de France juniors. Et a déjà en tête le championnat du monde (qui auront lieu à Innsbruck, en Autriche).