Eddy Merckx sur le départ du Giro 1973 à Verviers: "C’était une grande fête du vélo"

L’engouement populaire, la princesse Paola, son maillot rose, Jean Crahay et les repas à la Maison Moulan: Eddy Merckx revient sur le départ du Giro 1973, il y a 50 ans, et son rapport à Verviers.

 Eddy Merckx est revenu pour "L’Avenir" sur son début de Tour d’Italie 1973.
Eddy Merckx est revenu pour "L’Avenir" sur son début de Tour d’Italie 1973. ©© Bernard Demoulin

Eddy Merckx, entamer le Giro de 1973 "à la maison" a dû être un plaisir pour vous. D’autant plus au vu du succès populaire de l’événement: quelque 120 000 personnes étaient à Verviers le 18 mai, jour du prologue.

Absolument. C’est un très bon souvenir pour moi. En tant que coureur, nous sentions bien sûr cet engouement populaire. C’était une grande fête du vélo. En Belgique, les gens ont toujours vibré pour ce sport. Je me souviens que la princesse Paola était présente avec ses enfants (NDLR: dont un certain Philippe, désormais roi). Elle m’a été présentée, évidemment. J’imagine qu’elle savait qui j’étais (sourire). En tout cas, c’était un honneur d’avoir la visite de la famille royale sur ce départ de Giro. À l’époque, il n’était pas du tout habituel qu’un tour s’élance de l’étranger. Cela rendait cette édition encore plus internationale que les autres !

Il est vrai qu’aujourd’hui, c’est devenu un peu la norme.

J’ai justement un super souvenir du départ du Tour de France depuis Bruxelles. En 2019, à l’occasion des 50 ans de ma première victoire sur cette course. C’était une récompense géniale, j’en avais été très ému.

Eddy Merckx dans Verviers.
18/05/1973 Verviers Eddy Merckx Départ du Giro d'italia de Vervierss Vertrek van Giro d'italia ©Photo News

Dès ce prologue du 18 mai 1973, vous enfilez le maillot rose de leader – que vous conserverez jusqu’à l’arrivée à Trieste.

En effet, je l’ai remporté en duo avec Roger Swerts, avec qui j’avais dominé le Trophée Baracchi en 1972 (NDLR: une ancienne course italienne de contre-la-montre disputée par deux). Je devais rouler avec lui, mais j’aurais préféré le faire avec Joseph Bruyère, un véritable équipier modèle.

Quelle place a ce Giro 1973 dans votre longue et belle carrière ?

C’est toujours spécial de gagner un grand tour. Le premier est beau… tout comme le quatrième, le cinquième, etc. J’aimais particulièrement le maillot rose de l’époque, avec tous les écussons des pays traversés: Belgique, Pays-Bas, Allemagne, Luxembourg, France, Suisse et Italie.

Vous étiez déjà venu à Verviers en 1972, pour le départ de la Flèche wallonne et l’arrivée de Liège-Bastogne-Liège. La seule édition de la Doyenne, d’ailleurs, à se terminer ailleurs qu’à Liège… C’était particulier, ça aussi ?

Je me rappelle l’avoir gagné avec pas mal d’avance (NDLR: 2’40’’ sur le Néerlandais Wim Schepers). C’était un peu bizarre d’arriver à Verviers pour Liège-Bastogne-Liège. C’était surtout pour Jean Crahay, qui avait un filon avec les organisateurs pour faire venir plein d’épreuves dans sa région.

Quel souvenir avez-vous de votre relation avec Jean Crahay ?

Je l’ai rencontré sur des courses, il était alors chauffeur pour un quotidien belge. C’est lui qui m’avait renseigné Joseph Bruyère ! Il connaissait bien mon beau-père, en plus. Je suis allé manger plusieurs fois avec lui et d’autres à la Maison Moulan, à Verviers (NDLR : un établissement de Crapaurue tenu par Alain Crahay, neveu de Jean), après ma carrière professionnelle. Un très bon restaurant ! Est-ce que j’y avais un plat favori ? Pas forcément, tout était bon là-bas (sourire). De Verviers, j’ai le souvenir d’une ville conviviale dans laquelle on mangeait très bien. C’est d’ailleurs à la Maison Moulan que nous avons fêté les 10 ans du record de l’heure, avec des journalistes (NDLR: record établi le 25 octobre 1972).

Retrouvez notre dossier spécial sur les 50 ans du Giro à Verviers:

- La ville était devenue "le centre du cyclisme belge"

- L’immense fierté de la communauté italienne (photos)

- "Tout le monde a d'abord cru à une blague" (photos)

Le duo Merckx-Swerts devant de Vlaeminck-Sercu

Le prologue s’est couru par deux, comme le Trophée Barracchi.

1. Eddy Merckx-Roger Swerts (Molteni) : 6minutes 47secondes (5,2 km à 45,994 km/h de moyenne)

2. Ex aequo :

– Roger de Vlaeminck-Patrick Sercu (Brooklyn) à 2 secondes

– Tik Van Linden-Gerben Kartsens (Rokado) à 2 secondes

4. José-Manuel Fuente-José Pesarrondona (KAS) à 7 secondes

5. Ex aequo :

– Joseph Bruyère-Victor Van Schil (Molteni) à 8 secondes

– Francesco Moser-Josef Fuchs (Filotex) à 8 secondes

7. Ex aequo :

– Italo Zilioli-Luciano Borgognoni (Dreher Forte) à 14 secondes

– Franco Bitossi-Roberto Poggiali (Sammontana) à 14 secondes

9. Felice Gimondi-Ole Ritter (Bianchi Campagnolo) à 16 secondes

10. Michele Dancelli-Enrico Paolini (Scic) à 17 secondes

11. Ex aequo

– Hennie Kuiper-Karl-Heinz Müddemann (Rokado) à 20 secondes

– Giancarlo Polidori-Gösta Petterson (Scic) à 20 secondes

– Giovanni Battaglin-Giacomo Bazzan (Jolly-Ceramica) à 20 secondes

– José Grande-Nemesio Jimenez (KAS) à 20 secondes

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Vainqueurs du prologue en duo, Eddy Merckx et Roger Swerts ont revêtu respectivement le maillot rose et le maillot cyclamen (aux points). ©Belga Image

Le parcours du prologue dans Verviers

– Départ de la place du Martyr

– Rue Spintay

– Rue de Dison

– Rue des Foxhalles

– Rue de Hodimont

– Pont du Chêne

– Rue du Marteau

– Place du Martyr

– Place Verte

– Rue du Brou

– Rue de l’Harmonie

– Rue de la Concorde

– Rue du Théâtre

– Rue Xhavée

– Place Verte

– Crapaurue

– Place du Marché (devant l’hôtel de ville)

– Mont du Moulin

– Rue des Raines

– Rue Saint-Remacle

– Rue Sainte-Anne

– Rue des Alliés

– Rue du Collège

– Arrivée sur la place du Martyr

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