50 ans du Giro à Verviers: "Tout le monde a d'abord cru à une blague" (photos)
Le départ du Tour d'Italie en 1973 à Verviers a laissé de nombreux souvenirs dans les mémoires des Verviétois. Retour ici sur les petites histoires marquantes (et drôles) autour du Giro.
Publié le 17-05-2023 à 08h01
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Les anecdotes du chef du protocole
En 2002, à l’occasion du retour du Giro à Verviers, pour le départ de la 1re étape, qui arrivera à Esch-sur-Alzette, au grand-duché de Luxembourg, Georges Gilon, chef de protocole honoraire de la Ville de Verviers, rappellera, dans les colonnes du Jour, quelques anecdotes vécues lors du grand départ de 1973…
– Lors d’un tour de reconnaissance du parcours du prologue, «un Verviétois avait pris son vélo et suçait la roue d’Eddy Merckx. Il a fallu l’arrêter manu militari sur la place Verte».
– «Les policiers italiens avaient été reçus à la Casa Nostra. Ce jour-là, le padre Cipriano n’avait pas mis de l’eau dans son vin…»
– «Trois avions de la force aérienne ont survolé la ville, traçant dans le ciel les couleurs italiennes. Il avait suffi de trois coups de fil. Ce n’était qu’une question de relations bien placées. Elles avaient joué à plein.»
– «Sans Jean Crahay, un véritable homme-orchestre, le Giro ne serait jamais passé par Verviers. Lorsqu’il en a parlé la première fois, tout le monde a d’abord cru à une blague.»
Souvenirs du bourgmestre Counson
Lui aussi aujourd’hui disparu, Marcel Counson, qui était bourgmestre PSC de Verviers en 1973, racontera en 2002 «qu’après coup, j’ai toujours rêvé que Verviers puisse posséder un Jean Crahay dans d’autres types d’activité, en culture notamment». Mais aussi : «Ce que je retiens avant tout, c’est la mobilisation extraordinaire de ce qu’on appelle aujourd’hui les forces vives d’une ville. Chambre de commerce, commerçants, classes moyennes, tissu associatif, tout le monde s’y est mis. On a vécu des journées merveilleuses sous un soleil d’Italie. Comme si Verviers avait voulu démontrer qu’elle était encore capable de faire parler d’elle comme aux plus beaux jours de son glorieux passé industriel. Et puis, il y avait encore un sens de la fête qu’il doit être plus difficile de recréer aujourd’hui.»
Et encore : «J’ai gardé de la princesse Paola l’image d’une femme charmante mais d’une grande simplicité et surtout d’une mère de famille attentive à la formation de ses enfants. Après le départ du Giro, j’avais partagé sa table, à l’Amigo» (qui était alors le principal hôtel de Verviers).
Parmi les échos recueillis par les reporters du Jour, dans la foule…
– À la question «le Giro à Verviers, c’est important?» : «Oui, on ne fait jamais rien pour se secouer un peu, ici. Cette fois, tout le monde a sauté dans le bain et je vois souvent des courses à la télé où il y a bien moins de monde et d’ambiance qu’ici.»
– Un commerçant de la rue du Brou : «Ce sera sans doute mon plus mauvais après-midi de vente mais qu’importe car il y a du monde à Verviers et il est des circonstances exceptionnelles où il faut se placer sur une orbite différente.»
Forces de l’ordre
Pour assurer la sécurité, avec une foule de plus de 100000 spectateurs massés sur les 5,2 km du prologue en ville, les 63 agents de la police communale, sous le commandement du commissaire Lucien Warlet, avaient reçu le renfort de trois pelotons de gendarmerie, de 12 motards de la gendarmerie (pour rouler en duo avec autant de motards de la polizia stradale italienne) et d’un détachement de la protection civile.
1,6 million de francs
La venue du Giro d’Italia était une aubaine pour relancer un dynamisme effiloché par la crise du secteur textile. «À un moment où, selon le bourgmestre Counson, Verviers et la région se trouvent à un point de départ d’une nouvelle période de croissance»…
La Ville avait d’ailleurs délié les cordons de la bourse en investissant 1,6 million de francs belges (40000 €, un sacré montant pour l’époque) pour la venue du Giro, un montant qu’elle devait en partie récupérer grâce à la vente de billets de tombola.
Bal de l’Europe
Pour son premier départ hors de ses frontières, le 56eGiro d’Italia étant présenté comme un «tour européen», les festivités verviétoises se sont clôturées le samedi 19 mai 1973 par un «bal de l’Europe», au Grand-Théâtre.
Une Brabançonne un peu italienne
«Cette maison est certes celle des Verviétois mais aujourd’hui celle de nos amis italiens aussi», lança le bourgmestre Marcel Counson, lors d’une réception tenue à l’hôtel de ville en l’honneur des organisateurs du Giro. Bruno Raschi, rédacteur en chef de la Gazzetta dello Sport, le lui rendit bien, en affirmant que la Brabançonne était devenue un peu aussi un hymne italien : «Merckx ne court-il pas pour Molteni, Ickx pour Ferrari et aujourd’hui Verviers n’égale-t-il pas Milan qui fut souvent lieu de départ du Giro?»
Le herve meilleur que le camembert
De Vincenzo Torriani, le directeur de course et directeur général de la Gazzetta dello Sport, lors d’un repas organisé par le Cercle cycliste verviétois au Vatel (un établissement de la rue de Liège), lors duquel les organisateurs ont été intronisés par la Seigneurie du Remoudou : «Ce Remoudou de Herve est encore meilleur qu’un vrai camembert.»
Venise-sur-Vesdre
De nombreuses activités ont été organisées durant cette semaine de liesse à l’occasion du départ du Giro. Ainsi, notamment, une descente de la Vesdre en kayak, canoë, radeau… ou n’importe quelle embarcation de son choix (on a vu des baignoires). Cette autre compétition s’est tenue le samedi 19 mai après-midi, soit après le départ du peloton pour la 1reétape le menant à Cologne (et une nouvelle victoire de Merckx). Le parcours démarrait au pont de Fil de Fer, au niveau de l’Autosécurité, près de la route de Dolhain, jusqu’au quai de la Vesdre (en Gérardchamps). Soit 5 km. Pour assurer un bon débit à la rivière, le barrage de la Gileppe avait lâché 200000 mètres cubes d’eau. Les 15 équipages participant ont dû franchir des écueils qu’étaient les chutes au niveau du pont de Renoupré, du pont de l’Épargne et en face de Béribou.
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