Céline Tellier: "La reconstruction résiliente des berges sinistrées par les inondations de 2021 va démarrer"
La Région wallonne consacre 15 millions d’euros pour la reconstruction (résiliente) des berges endommagées par les inondations de juillet 2021 dans le bassin de la Vesdre. Et ce n’est pas fini…
Publié le 28-04-2023 à 13h47 - Mis à jour le 28-04-2023 à 18h30
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Le gouvernement wallon a annoncé, ce vendredi 28 avril, investir 15 millions d’euros dans les premiers chantiers, jugés prioritaires, pour reconstruire des berges sinistrées, de manière résiliente, c’est-à-dire afin qu’elles répondent mieux aux crues. On lira ci-contre le détail de ces chantiers, commune par commune. En charge du dossier, la ministre régionale de l’Environnement et de la Nature, Céline Tellier (Écolo), répond à nos questions. Elle évoque aussi l’aide supplémentaire aux communes pour acheter des biens à démolir le long des rivières, ainsi que la prise en charge intégrale des travaux aux berges et jardins sinistrés appartenant à des particuliers ou à des communes.
Céline Tellier, quand ces chantiers de reconstruction seront-ils réalisés ?
Ils vont débuter en plusieurs étapes, à partir du mois de mai ou au début juin. Les grues vont arriver, les gens pourront le voir, Le délai maximal pour qu’ils soient terminés est l’automne 2024 car on dépend évidemment de la météo. Il n’est pas possible de travailler dans une rivière en cas de fort débit.
Cela fait 21 mois que les inondations sont survenues. Pourquoi a-t-il fallu tout ce temps pour reconstruire les berges endommagées ?
Nous ne sommes évidemment pas restés les bras croisés depuis les inondations. Nous avons d’abord géré le problème de l’urgence, avec des centaines de tonnes de déchets, des pollutions à cause de cuves à mazout, etc. Puis, très rapidement, il y a eu la sécurisation urgente et le curage des cours d’eau en intervenant sur les éléments les plus urgents pour que la population soit en sécurité. C’étaient des travaux qui pouvaient paraître peu visibles mais qui étaient indispensables. En parallèle, nous avons lancé l’étude de modélisation hydraulique et hydrologique, réalisée par l’université de Liège, pour voir comment les cours d’eau se sont comportés durant les inondations, où et comment ils sont sortis de leur lit. Cette étude était nécessaire pour pouvoir tirer les leçons de ce qui s’est passé et pour faire en sorte que cette reconstruction ne soit pas seulement de la sécurisation urgente, qu’elle ne soit pas à l’identique mais soit de la meilleure adaptation au comportement des cours d’eau en crue.
On le constatera, le paysage de la vallée de la Vesdre va évoluer, avec l’aménagement des berges (ça, c’est la phase dans laquelle nous sommes actuellement) ou encore, à certains endroits, l’élargissement du lit de la rivière ou l’aménagement de zones d’immersion temporaires en amont de zones urbanisées.
Vous qui êtes en charge de ce dossier, avez-vous été tenue dans un carcan budgétaire ? En d’autres termes, y a-t-il des chantiers qui ont dû être laissés de côté, faute d’argent ?
Non, pas du tout. Le gouvernement wallon a été très à l’écoute des demandes. Ces chantiers ont été prévus en concertation avec les pouvoirs locaux (les communes) et les gestionnaires de cours d’eau. Leur liste a d’ailleurs été récemment complétée par une enveloppe supplémentaire de 3,2 millions pour la mise à ciel ouvert du ruisseau du Rhuyff, au cœur de Dolhain (NDLR: avec l’enveloppe initiale de seulement 2 millions, la Ville de Limbourg n’aurait pas eu les moyens de prendre en charge le solde pour régler le problème récurrent que pose cet affluent de la Vesdre).
Mais aussi pour Spa, qui ne figure pas dans la catégorie 1 des communes les plus sinistrées, pour consolider la voûte du Wayai au centre-ville et qui est une réelle menace pour des immeubles (500 000 €), Et puis, le gouvernement wallon a trouvé une solution pour le rachat du site Texter, à Pepinster, qui appartient à plusieurs propriétaires. Avec un budget de 3 millions d’euros, la Région va racheter ce site pour, dans une 2e phase que j’ai déjà évoquée, en faire une ZIT (NDLR: une zone d’immersion temporaire). En redessinant la confluence entre la Vesdre et la Hoëgne, on en fera une zone inondable en cas de crues, ce qui permettra de réduire la hauteur de l’eau en amont. Il faut être clair: des inondations, il y en aura toujours mais l’eau montera moins haut. Un mètre de moins dans les habitations, par exemple, cela fait une grande différence.
Les habitations sinistrées, justement: les communes ont un droit de tirage (une possibilité de subside de la Région) pour acheter des biens qui se trouvent dans des zones destinées à être dégagées pour absorber une montée des eaux. Mais ces montants sont largement insuffisants pour acheter (et encore plus démolir) tous les biens repris dans les études dites "quartiers durables". Et des habitants sont dans l’incertitude…
Le gouvernement wallon en est conscient, c’est pourquoi il vient de décider un accroissement important de l’aide aux communes, à la demande de Willy Borsus (NDLR: ministre MR de l’Urbanisme et de l’Aménagement du territoire), avec 53 millions d’euros pour acquérir les terrains pour ces zones d’immersions temporaires. Enfin, il a également été décidé que la Région prendrait intégralement à sa charge les coûts de réparation des berges et des jardins sinistrés qui longent les cours d’eau. Il y avait une incertitude légitime des propriétaires (privés ou non) sur la possibilité qu’ils doivent rembourser ces travaux. Ce ne sera donc pas le cas, la Région prendra tout en charge (NDLR: ce qui représente quelque 105 millions). Il faut se rendre compte que le gouvernement wallon aura débloqué une enveloppe de près de 450 millions d’euros pour l’ensemble de la reconstruction suite aux inondations, pour assurer un avenir plus robuste car on sait que des inondations vont avoir lieu de manière plus régulière, avec des pluies plus extrêmes qu’avant, en raison des dérèglements climatiques.
Voici le détail des chantiers que le gouvernement wallon vient de valider pour le long de la Vesdre et de ses affluents (Hoëgne, Wayai…)
Eupen (Vesdre)
– Haasstrasse, en aval du pont National: curage, suppression du seuil et du barrage
Limbourg (Vesdre et Rhuyff)
– En amont de la beurrerie Corman, en rive droite de la Vesdre: consolidation de la digue sur 80 mètres.
– Route de Goé, en rive gauche: mur de soutènement à consolider sur 40 mètres.
– Rue Ernest Solvay: curage de la rivière en amont de la passerelle piétonne (le curage en aval a été réalisé en 2022).
– Mise à ciel ouvert du Rhuyff, qui est canalisé au centre de Dolhain avant de se jeter dans la Vesdre, avec suppression d’un barrage et démolition d’habitations à la confluence.
– En amont du pont Reine Astrid, en rive droite: réparation du mur en briques sous la cabine électrique, sur 40 mètres.
– En aval du pont Reine Astrid, en rive droite: reconstruction du mur en pierres effondré à proximité de la culée du pont, par gunitage, sur 10 mètres.
– Cité Carlier, en rive droite: tête du mur de berge à consolider, sur 100 mètres.
Verviers (Vesdre)
– Aux Surdents, en rive gauche, au niveau du hangar de l’entreprise Eurover: mur de soutènement à consolider, sur 70 mètres.
– Dans toute la traversée de Verviers, de Prés-Javais à Ensival: protection des berges, sur les deux rives, en différentes sections, sur un total de 7,5 km.
– Rue Ernest Solvay: curage en amont de la passerelle piétonne (le curage en aval a été réalisé en 2022).
Dison
– Impasse de la Limite: curage sur 80 mètres d’un bras canalisé, qui est obstrué, du ruisseau de Dison (qui se jette dans la Vesdre).
Pepinster (Vesdre)
– Stabilisation le long de la route régionale, en rives gauche et droite de la Vesdre.
– Rue Lefin, en rive gauche: reconstruction de la berge, sur 80 mètres.
– Pont Walrand, en rive droite de la Vesdre: consolidation du mur de berge à la culée du pont, sur 10 mètres.
– Rue Hubert Halet, en rive droite: suppression de la vanne du biez Massau.
– Rue de Flère, en rive droite: érosion de la berge, sur 60 mètres.
– Goffontaine, en rive droite: consolidation du mur de berge érodé par les eaux, sur 20 mètres.
Pepinster (Hoëgne)
– Impasse de Prévôchamps, vers le terrain de football, en rive droite de la Hoëgne: consolidation du mur de berge, sur 50 mètres.
– Au quai Armand Follet, en rive droite: consolidation du mur de berge, sur 50 mètres.
– Rue d’Avallon, en rive gauche: consolidation du mur de berge sur 280 mètres.
– Rue la Nô, en rive droite: élargissement du goulot du méandre de la Nö, sur une longueur de 150 mètres.
– Quai Nicolaï, à la confluence avec la Vesdre: consolidation du mur de berge.
Spa (Wayai)
– En centre-ville, rue Royale: restabilisation de la voûte du ruisseau, sur 20 mètres.
Jalhay (Hoëgne)
– En rive droite de la Hoëgne, au chemin du Moulin Gohy: berge-remblais à retravailler et protection de la voirie en contre-haut, sur 15 mètres.
Theux (Hoëgne)
– Étang du Chawion: risque d’effondrement de la digue, placement d’un déversoir.
– Aux Digues, en rive gauche: travaux sur 100 mètres à la berge, érodée et qui menace la voirie et le parking.
– Chaussée de Spa, en rive gauche: consolidation sur 100 mètres d’une berge érodée ; ainsi que, un peu plus loin, sur 40 mètres, réparation d’un trou dans le mur de berge, consolidation et soutènement de la voirie.
– En rive gauche de la Hoëgne, au niveau de la caserne des pompiers: consolidation du mur de berge sur 150 mètres pour protéger la caserne et le quartier d’habitations.
– Rue du Moulin, en rive droite: consolidation sur 400 mètres du mur de berge à l’arrière des habitations.
– Au niveau du hall omnisports, rive droite: reconstruction sur 140 mères du mur de berge effondré, pour éviter une nouvelle entrée d’eau en cas de crue.
– Pont de Juslenville, en rive gauche: protection, sur 20 mètres, du mur de berge protégeant la culée du pont.
Olne (Vesdre)
– À Moirivay, en rive droite: consolidation de berges sur 190 mètres.
Trooz (Vesdre)
– Rue Gomélevay: consolidation de la fondation sous le mur de la berge, qui est érodé.
– Au niveau de la carrière Holcim, en rive gauche, stabilisation de la berge érodée, sur 450 mètres (avec fourniture des matériaux par Holcim).
– À la Fenderie, en rive gauche de la Vesdre, réparation des dégradations multiples du mur de soutènement, le long de la route régionale, sur 360 mètres (c’est l’urgence n° 1 de la Commune de Trooz, indique la Région).
– Au centre de Fraipont, le long de la Haveigne (affluent de la Vesdre), rue du Village: 1re phase de réaménagement de la zone de confluence avec la Vesdre (un projet en amont doit être affiné avec la Commune)
Chaudfontaine (Vesdre)
– À la Rochette, en rive droite: stabilisation de la berge, sur 110 mètres.
– En face de l’usine d’embouteillage des eaux de Chaudfontaine, en rive gauche, le long de la voirie régionale: sécurisation de la berge, sur 50 mètres, et placement d’un garde-corps.
Liège (Vesdre)
– Au quai Borguet, aussi en partie sur Chaudfontaine: en rive gauche, consolidation de sections du mur de soutènement, sur 270 mètres.
– À Chênée, rue du Gravier, sur la rive droite: sur 20 mètres, consolidation de la berge au pied d’un groupe d’habitations, en amont du commissariat.