Fermeture imminente de la crèche KiddyChouette à Verviers: les parents se mobilisent (vidéo)
La nouvelle est tombée mercredi: la crèche KiddyChouette, avenue de Spa, fermera ses portes le 30 juin prochain. Désemparés, les parents ont décidé de faire entendre leur voix pour que ce lieu ne disparaisse pas.
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Publié le 30-03-2023 à 19h01 - Mis à jour le 30-03-2023 à 19h17
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C’est le désarroi total pour les familles des 49 enfants fréquentant la crèche KiddyChouette, installée depuis 5 ans, avenue de Spa à Verviers. Lors d’une réunion, ce mercredi 29 mars 2023, elles ont appris que le milieu d’accueil allait fermer définitivement, pour raisons financières, pour le 30 juin.
Un coup de massue pour les parents attachés à cette équipe et pleinement satisfaits du suivi proposé qui laisse place aujourd’hui à une autre grosse inquiétude: comment vont-ils faire pour trouver aussi rapidement un nouvel endroit prêt à garder leur bébé, sachant que dégoter une place relève d’un vrai parcours du combattant ?
En dernier recours, les parents ont donc décidé de se mobiliser pour sauver ce lieu. "C’est une 2e famille pour nos enfants et ceux-ci le ressentent", lance Laurine Bougard, maman. Bienveillante, à l’écoute, soutenante (notamment par rapport à l’allaitement)… Les éloges sont nombreux à l’égard de l’équipe et de la directrice Cécile Foguenne. "Celle-ci nous a beaucoup aidés. Maintenant, c’est elle qui a besoin de nous et on est là."

Une situation intenable
Crèche privée agréée par l’ONE (Office de la naissance et de l’enfance), la structure ne bénéficie d’aucune aide publique. "Jusqu’à lundi, j’y ai cru, confie Cécile Foguenne, qui ne s’est jamais rémunérée. Ce que donnent les parents ne suffit pas pour payer les salaires. Et nous ne sommes pas la seule crèche privée dans le cas." En cause, l’inflation, évidemment, qui a fait doubler voire tripler les coûts, mais aussi l’ombre d’une réforme qui plane et sème l’incertitude chez les puéricultrices indépendantes, qui le sont toutes chez KiddyChouette. "De base, il y a un turn-over important car c’est un statut compliqué. Mais en 2025, il pourrait ne plus y avoir d’indépendantes si cette réforme passe." Cette insécurité pousse donc les jeunes femmes à chercher un emploi ailleurs. "Il faudrait des aides pour engager du personnel salarié." Cette semaine, deux équivalents temps plein ont annoncé leur départ. La crèche pourrait donc fermer plus tôt que prévu.

Présentes depuis 2 et 3 ans, Britany Jardon et Manon Walraff ont la boule au ventre. "C’est difficile de se dire qu’on peut perdre notre travail d’un jour à l’autre", raconte Manon. "Je suis mécontente de voir que personne à l’ONE ne fait rien pour nous aider", rage Britany.
Peu d’actions possibles pour la Ville
Contactée ce jeudi, Cécile Ozer (Les Engagés), échevine de la Petite Enfance, a confirmé être au courant de la situation. "J’ai rencontré la directrice il y a un mois ou deux pour essayer de trouver une solution mais le problème, ici, est structurel et dure depuis plusieurs années", explique-t-elle.
En 2022, un appel avait été émis par l’ONE pour inviter les crèches privées à passer sous son giron. "Après calculs, la crèche KiddyChouette a fait le choix de rester privée. Cela permet notamment de pouvoir appliquer le tarif de son choix. Une crèche privée ne peut pas bénéficier de subventions de l’ONE ou de la Ville. On ne peut malheureusement pas faire grand-chose. Nous n’avons pas de moyen d’action", note l’échevine. Une aide "one-shot" aurait pu être proposée par la Ville ou par l’ONE. "Mais comme le nom l’indique, ce ne serait qu’un “one-shot”. Il faudrait mettre des choses en place pour que cela n’arrive plus."
Par contre, la Ville compte bien épauler les parents dans leurs recherches. "On a déjà pris contact avec l’ONE pour voir avec eux. Les parents doivent s’inscrire dans toutes les crèches. L’ONE va prendre contact avec la directrice de KiddyChouette pour avoir la liste de tous les enfants, même ceux qui sont sur liste d’attente, précise Cécile Ozer. Chaque milieu d’accueil sera contacté pour essayer de trouver des solutions pour chaque enfant en fonction des desiderata des parents." Les milieux d’accueil qui le souhaitent pourraient aussi demander une dérogation pour augmenter, exceptionnellement, leur nombre de places.
Changer leur enfant de crèche n’est toutefois pas l’option retenue par les parents rencontrés ce jeudi. "Il est utopique de croire qu’on va pouvoir trouver une place pour tout le monde. On a ici des gens motivés, un beau projet, des enfants qui s’épanouissent de manière impressionnante ainsi qu’une bonne implication des parents. Cette structure fait que ce n’est pas une simple garderie. On ne veut pas recaser les enfants. On veut sauver la crèche", martèle Laurine Bougard, au nom des parents de KiddyChouette. Ceux-ci attendent maintenant du pouvoir politique et de l’ONE qu’ils viennent sur place pour échanger avec eux et évoquer des pistes de solutions. "Le temps presse et il joue contre nous."
