Hausse des prix de l’alimentaire: nos frituristes gardent-ils la patate ? (vidéo)
Comme d’autres secteurs, les friteries doivent faire face à l’inflation qui touche les matières premières. Certains se résolvent à augmenter leur prix, tout en gardant une étiquette de produit bon marché.
/s3.amazonaws.com/arc-authors/ipmgroup/f77be724-2892-4268-85f5-5f30ddb26c53.png)
Publié le 10-03-2023 à 11h00 - Mis à jour le 10-03-2023 à 11h08
Alors que la hausse des prix des énergies se calme, ce sont à présent les coûts des produits alimentaires qui flambent, faisant grimper les notes des Belges. Nos friteries ne sont pas non plus épargnées au moment de remplir leurs frigos. "Depuis le début de l’année, il y a eu une réelle augmentation des prix des matières premières alimentaires voire une spéculation. C’est inquiétant. On est bien à 7% ou 8% d’augmentation par rapport à l’année passée", rapporte Didier Mossay, à la tête des Woopy Snack (au stade de Bielmont à Verviers, à Eupen, à Aywaille et à Visé).
"C’est un peu la folie ces derniers mois, il y a des produits qui prennent 20% en deux mois, comme des viandes, des pains, la graisse… Puis parfois les prix descendent un peu parce que les fournisseurs se rendent compte que l’on n’achète plus et qu’on prend leurs marques concurrentes", confirme Amaury Godin de la Fringale, à Verviers. Cela s’ajoute à des factures toujours importantes en énergie. "La friteuse tourne au gaz toute la journée, mais c’est l’électricité le pire. On a une chambre froide, quatre congélateurs, quatre frigos, deux comptoirs réfrigérés plus l’éclairage partout, cela consomme !" Malgré cela, le frituriste garde le cap en étant très vigilant. "On fait attention que ce soit au niveau du chauffage ou au niveau de l’électricité, on remplit au maximum la chambre froide, et les frigos parce que cela consomme énormément quand c’est à moitié rempli et dès qu’on a la possibilité, on en coupe. On veille aussi à renvoyer le personnel à temps à midi, parce qu’une demi-heure à payer en plus par jour, après une semaine cela fait 3 h 30 et ces 3 h 30, il faut les payer !" Les salaires ont de fait été également indexés.
Amaury Godin, qui gère cette friterie place de l’Yser avec son frère, n’a pas passé le pas dernièrement de l’augmentation de ses tarifs…. "Mais il va falloir le faire à un moment donné, on n’aura pas le choix. Soit on diminue notre marge, et à un moment on ne gagne plus rien, soit il faut augmenter tout en restant dans des prix raisonnables. Cela ne sert à rien de chercher à être le moins cher de Verviers."
À Malmedy, Pierre-Marie Verryken (Chez Chantal) a décidé d’adapter sa carte. "On suit l’évolution. Les clients se rendent bien compte que ce n’est pas juste chez nous, c’est partout". Le frituriste reste ainsi positif même si une inconnue demeure: "On n’a pas encore reçu la facture de régularisation, on attend de savoir si la guillotine va nous tomber dessus ou non. Pour le reste, la friture s’en sort bien !"
Didier Mossay indique quant à lui avoir élevé ses prix de 10 à 12% l’année dernière, lui qui préside la Commission des friteries au sein de Horeca Wallonie insiste pour que les frituristes pensent à leur rentabilité. "En Wallonie, il y a un individualisme riche, le frituriste n’ose pas augmenter ses prix, il craint son voisin et la réaction de sa clientèle. Une friterie, finalement, doit être bon marché, elle doit rester accessible, mais il ne faut pas oublier que le commerçant a le droit de gagner sa vie !"