Le cycle migratoire des oiseaux est-il perturbé par les températures douces, en région verviétoise ?
Le thermomètre qui remonte en hiver, un phénomène qui devient de plus en plus fréquent, ces dernières années. Avec quel impact sur les oiseaux, dans notre région ? Réponses avec Natagora.
Publié le 11-01-2023 à 06h00
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L’hiver doux perturbe le statut d’hibernation des petits mammifères, comme les hérissons ou les chauves-souris dans le Nord du pays. Et chez nous ? "Ici, on ne voit pas de batraciens qui circulent. Ils ne sont pas encore sortis de leur léthargie. Il n’y a pas eu de réveil précipité, apparemment", rassure le coordinateur général de la régionale Natagora Pays de Herve, Jean-Philippe Demonty.
Ces changements climatiques impactent aussi les oiseaux migrateurs ou plus exactement leur zone d’hivernage. "Avec un hiver doux sur la Belgique, et ça pourrait se prolonger jusque dans le Nord de l’Allemagne, toute une série d’oiseaux migrateurs qui hivernent dans cette zone-là vont avoir tendance à hiverner plus au Nord. Donc on pourrait par exemple avoir moins de grives litornes, grives mauvis (NDLR: chez nous) . Elles vont rester un petit plus au Nord mais c’est fort variable", note Alain Paquet, membre du département étude de Natagora. Ce phénomène touche aussi les oiseaux aquatiques. Si les plans d’eau sont gelés en Allemagne, "on va avoir tout une série d’espèces aquatiques – des canards, des harles ou encore des grèbes – qui vont quitter le Nord de l’Allemagne et qui vont venir en Belgique".
Cependant, les oiseaux ont une plus grande capacité d’adaptation sur de plus courtes périodes que les mammifères qui hivernent et qui vivent sur le sol car ils sont beaucoup plus mobiles, "ils savent glisser à travers l’Europe".
Des hivers doux récurrents ?
Si cette situation se prolonge, "ça va évidemment perturber les oiseaux. Il y aurait peut-être quelques espèces du style fauvette ou pouillot qui, elles, auraient tendance peut-être à rester mais comme on a déjà eu un petit coup de froid il y a un moment d’ici, pour moi, ils sont partis maintenant", constate Christian Desart, ornithologue et guide nature à la régionale Marquisat de Franchimont de Natagora depuis 15 ans.
"Si les températures (NDLR: douces), restaient, il y en a qui pourraient peut-être avoir tendance à déjà remonter. Là, ils seraient plus tôt que prévu. Mais il ne faudrait pas un petit coup de froid parce que, sinon, ça poserait problème. Ils seraie nt alors obligés de faire ce qu’on appelle une rétro-migration. Être obligés de revenir en arrière parce qu’ils ne trouvent pas la nourriture qui leur convient, c’est ça qui pourrait les perturber."
Toutefois, nous ne sommes pas encore dans cette situation, rassure le guide nature.
Les moyennes de températures sur des périodes longues montrent quand même un impact plus important, avec le printemps qui pointe le bout de son nez régulièrement plus rapidement. "Certaines espèces d’oiseaux reviennent progressivement, voire très lentement, plus tôt. Donc là, on voit très clairement des impacts sur la vie de la faune et sur la nature , chaque année, par exemple un quart de journée par an au bout de quatre ans. On voit des glissements sur leur retour et sur l’émergence des insectes, etc.", constate Alain Paquet.
Appel au citoyen
Natagora invite chacun à participer au grand recensement des oiseaux de jardin, les 4 et 5 février 2023. " Là, on fait l’inventaire de tous les oiseaux hivernants ", ajoute Alain Paquet. La participation citoyenne est essentielle, " L’année passée, 11 000 familles qui ont participé. C’est une occasion de faire le point sur les espèces chez nous ". Infos pratiques sur le site web oiseaux.natagora.be