Pascal, ambulancier à Verviers : « J’ai été deux fois menacé avec une arme à feu »
Pascal est ambulancier depuis 30 ans. Il est épuisé des menaces et insultes subies lors des interventions. Alors qu’un préavis de grève court dans les zones de secours, il témoigne.
Publié le 06-01-2023 à 08h00 - Mis à jour le 06-01-2023 à 09h40
La dernière agression subie par l’ambulancier de la zone de secours Vesdre-Hoëgne & Plateau date du 25 décembre dernier. "Il y a eu des insultes et des menaces. C’est quand on est descendu du véhicule et avant même d’être en contact avec le patient", témoigne le Stavelotain Pascal Pirotte, ambulancier depuis 30 ans. Si Pascal a accepté de témoigner de son quotidien, c’est pour partager ce que lui et ses collègues subissent en intervention. Un ras-le-bol qui a conduit le syndicat SLFP à déposer un préavis de grève, avec des actions attendues pour ce mercredi.
Escorté par la police
De manière générale, sur le terrain, les ambulanciers interviennent par équipe de deux. "Avec l’expérience, si ma vie ou celle de mon collègue est en danger, je ne prends pas le risque. Si on pénètre dans une maison et qu’on ramasse une hache au milieu du front, je ne serai plus efficace non plus." Aujourd’hui, l’ambulancier signale qu’il y a carrément des armes et des couteaux en jeu. "C’est une montée en puissance. D’abord en nombre, puis avec des armes. Et nous, on est au milieu de tout ça."
Avant, la zone de secours Vesdre-Hoëgne & Plateau permettait à ses hommes d’être accompagnés d’une autopompe de 6 personnes pour assurer leur sécurité. Maintenant, quand la centrale constate un degré de dangerosité, un point de premier rendez-vous est organisé. "On nous donne une adresse où on attend. On arrive sur l’intervention en même temps qu’un combi de police pour être escorté. Si on nous dit qu’il y a un danger pour notre vie, on n’a pas le choix." C’est le risque d’avoir des victimes supplémentaires. "Les gens ne s’imaginent pas que parfois ils peuvent mettre quelqu’un de leur famille en danger par leur comportement agressif."
Un des premiers à avoir craqué
"Il y a plusieurs années, j’ai fait un burn-out parce que j’ai été deux fois menacé avec une arme à feu. Une fois sur une intervention ambulance et une fois au retour d’une intervention pompier. On a eu un individu qui s’est mis au milieu de la route et qui nous a mis en joue avec un grand sourire. J’ai été un des premiers à avoir craqué comme ça. Je descendais au travail et j’avais les larmes qui coulaient. Je ne savais pas pourquoi et j’avais la peur d’aller au travail, de mal réagir. Je suis de nature très calme mais la pression monte et à un moment, il y a le couvercle qui pète."
L’ambulancier s’est absenté deux mois mais il n’y avait pas le même suivi qu’actuellement avec la cellule "Appui psychologique aux intervenants". "Je pense que si je n’avais pas repris, j’aurais changé de métier. Je me suis dit un jour “ Vas-y, sinon tu n’y retourneras plus ”". C’est l’amour de son métier qui l’a motivé à reprendre mais il prend plus de recul sur les interventions pour se protéger. Depuis qu’il a commencé, sept de ses collègues se sont suicidés, il n’y a sans doute pas que la pression du travail mais "il y a des interventions qu’on oubliera jamais".