Trop de ratons laveurs à Pepinster? « Des dégâts dans les jardins ou des nuisances avec les autres animaux »
La présence de nombreux ratons laveurs est rapportée à Pepinster. Si leur apparence peut être séduisante, cette espèce est considérée en Wallonie comme invasive.
Publié le 22-06-2022 à 06h00 - Mis à jour le 27-06-2022 à 17h46
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Certains habitants de Pepinster reçoivent de curieuses visites dernièrement… Sur des images partagées sur les réseaux sociaux, on peut voir des ratons laveurs très proches des habitations, voire carrément à l’intérieur, à la recherche de nourriture. Si ce n’est pas la première fois que ces mammifères omnivores pointent le bout de leur nez le long de la Vesdre et de la Hoëgne, leur présence se serait accrue depuis les inondations de juillet dernier. « Les cours d’eau ont été modifiés, et depuis lors cela bouge beaucoupdedans: ratons laveurs, mais aussi castors et rats viennent s’installer… Cela cause des dégâts dans les jardins ou des nuisances avec les autres animaux domestiques » , rapporte Doris Quadflieg, échevine de l’Environnement, qui s’apprête à faire remonter le problème au Contrat de rivière Vesdre. Ce dernier indique avoir déjà été contacté par la Commune de Trooz à ce sujet. Selon Vinciane Schockert, zoologue au Demna (Département d’étude du milieu naturel et agricole du SPW), c’est la période printanière qui explique qu’on les voit beaucoup. « Les mères se déplacent actuellement avec leurs petits. Les femelles d’une même famille peuvent se regrouper ensemble avec tous leurs jeunes, ce qui donne parfois vingt individus d’un coup. » Elle rappelle également que l’on va être obligé de vivre avec cette espèce, présente de façon anecdotique en Wallonie depuis plus de 30 ans mais dont la démographe s’accroît fortement depuis une quinzaine d’années. Aujourd’hui, en Wallonie, on estime entre 50000 à 75000 le nombre d’individus, localisés principalement dans l’Entre-Sambre-et-Meuse. « Même s’il a moins d’observations du côté liégeois, il y a bien une population wallonne, qui plus est achalandée par des individus provenant d’Allemagne » . Pour éviter certains désagréments liés à ce nouveau mammifère, quelques consignes doivent être respectées (lire ci-dessous). Il est également question de limiter l’impact des ratons laveurs sur la biodiversité. « Globalement les études de régimes alimentaires ne sont pas très alarmantes car il ne comprend qu’un pour cent de mammifère et d’oiseaux. Il mange plus des invertébrés, des escargots, des limaces, des écrevisses, assez nombreux dans l’environnement. » Dès dispositifs anti-nuisibles (« Stop minou »,…) sont dès lors installés et des captures organisées pour préserver certaines zones wallonnes riches en biodiversité. C’est le cas du Plateau des Hautes Fagnes avec les tétras-lyres.
Ne pas se laisser avoir par leur air sympathique
Pour que la cohabitation avec cette nouvelle espèce, considérée comme invasive en Wallonie, se passe sereinement, il faut tout d’abord ne pas la nourrir. «Les gens trouvent les ratons laveurs jolis, sympas. Ils ont un pouvoir de séduction parce qu’en plus ils sont anthropophiles, donc ils s’accommodent très bien de la présence de l’homme et viennent facilement chercher à manger dans la main. Les gens les nourrissent et les aiment bien jusqu’à ce qu’ils aient un problème… un prunier dévalisé en pleine nuit par une famille de ratons laveurs, des déprédations dans des nichoirs à mésanges, une poule ou un chat attaqués. Ce ne sont pas des choses qui arrivent systématiquement, mais ça arrive. Bien sûr plus il y a d’individus, plus le risque augmente», souligne la zoologue. Il faut également veiller à ne pas les toucher, ni leurs excréments car ils sont porteurs d’un parasite, la baylisascariose. «Elle est spécifique au raton laveur, et sa prévalence est très forte dans certaines populations en Allemagne. Même si elle n’a pas encore été détectée chez nous, cela pourrait arriver puisqu’on a des individus qui viennent d’Allemagne.»