INFOGRAPHIES | Comment la mortalité a monté en flèche en région verviétoise
Faute de statistiques disponibles des décès dus au coronavirus pour la région verviétoise, nous avons analysé celles de la surmortalité.
Publié le 08-06-2020 à 08h00
1. Au début de l'épidémie
Le nombre de décès moyen par semaine pour l’ensemble des 29 communes de l’arrondissement de Verviers est resté similaire en 2020 à celui des 10 années précédentes. Même après la découverte du 1er cas positif dans notre région (le 6 février, chez une personne domiciliée à Saint-Vith, le 2e survenant le 26 février à Baelen), il est resté équivalent au nombre «habituel», parfois à l’unité près, aux alentours de 60. Cette semaine-là, celle du début de l’épidémie en Belgique, la semaine 6 (du 3 au 9 février), il n’y a même eu «que» 52 décès, contre 64 en moyenne décennale précédente. L’explosion exponentielle de la propagation du virus n’avait pas encore fait ses ravages. C’était aussi la période d’incubation pour les premiers malades, avant hélas, pour certains, une issue fatale.
2. Le début de la surmortalité
Le premier décès attribué au Covid-19 en Belgique est officiellement annoncé le 11 mars. C’est ce jour-là aussi qu’entre en application, en Wallonie, l’interdiction de visites dans les maisons de repos. Le 13 mars, décision de suspendre les cours dans les écoles à partir du 16. Le 17 mars, annonce du confinement à partir du lendemain, le 18. C’est cette semaine-là, la semaine 12 au calendrier (du 16 au 23 mars), qu’est constaté le début de l’augmentation notable de la mortalité en région verviétoise, ce qui ne signifie pas qu’il n’y ait pas eu l’un ou l’autre décès dû au Covid lors de la semaine précédente mais pas numériquement significative dans les chiffres de surmortalité. Lors de la semaine 12, on enregistre 65 décès, toutes causes confondues, contre 58 habituellement (nous avons arrondi la moyenne à l’unité). La différence entre ces deux nombres est ce qu’on appelle la surmortalité (le nombre de décès en plus que la moyenne habituelle), d’une ampleur de 12%, qui est attribuée cette année au coronavirus.
3. Le pic meurtrier
La surmortalité augmente ensuite sans cesse, jusqu’à atteindre 120% (semaine 15) puis son pic à 150% (semaine 16). Lors de ces deux semaines-là, il y a plus de deux fois plus de décès, toutes causes confondues, par rapport à la moyenne de ces mêmes semaines lors des dix années précédentes, en région verviétoise. Et même très exactement 2,5 fois plus lors de la semaine 16 (du 13 au 19 avril): 130, contre 52 en moyenne décennale précédente; ou, encore, une moyenne de 18,5 décès par jour, contre 7,4 habituellement. C’est, on s’en souvient, à cette période que les hôpitaux frôlent le plus la saturation de leurs unités de soins intensifs et que les maisons de repos connaissent des vagues de trépas.
4. Le sinistre lundi de Pâques
Certains jours des semaines 15 et 16, le nombre de décès atteint et dépasse la barre des 20. Alors que le pic journalier des décès dus au Covid-19 ou suspectés est atteint le 12 avril pour toute la Belgique (346), pour l’arrondissement de Verviers, le pic des décès pour toutes causes confondues (et donc très probablement aussi pour cause de Covid-19) survient le lendemain. Il culmine à 27 décès en un seul jour, presque 4 fois plus qu’un jour «normal». C’est donc le 13 avril, ce qui nous amène au… lundi de Pâques.
5. Depuis le début de l'épidémie
Dernière à avoir fait l’objet d’une publication par l’office belge de statistique, Statbel, vendredi dernier, la semaine 21 ne montre plus de surmortalité et donc de mortalité inhabituellement forte, dans notre région. En espérant bien sûr qu’il n’y aura pas une nouvelle vague, ou même des vaguelettes, de reprise de l’épidémie. Entre les semaines 11 et 20, c’est-à-dire entre le 9 mars et le 17 mai, soit sur une période de 10 semaines, l’arrondissement de Verviers a enregistré une surmortalité moyenne de 51,4%: il y a eu la moitié de décès en plus que sur la moyenne des dix années précédentes pour ces semaines 11 à 20. De façon chiffrée: 828 décès, soit 281 de plus que la moyenne de 547 pour les années 2010 à 2019, 311 de plus qu’en 2010 (517) et 219 de plus qu’en 2015 (609), cette dernière ayant été une année de grippe saisonnière fort virulente, avec notamment le virus H1N1.
6. Risques de mortalité dès 45 ans
Nous avons affiné par tranche d’âge l’analyse des chiffres de mortalité de 2010 à 2020 dans l’arrondissement de Verviers. Résultat: la surmortalité, qu’on peut attribuer au Covid-19, a quasi exclusivement touché les personnes de 45 ans ou plus (statistiquement parlant, ce qui n’exclut évidemment pas qu’il y ait eu des décès de plus jeunes). Globalement, plus de la moitié de la surmortalité (57%) a touché la tranche des «85 ans et +», 28% celle des 75-84 ans, 12% celle des 65-74 ans et 2% celle des 45-64 ans. Vues sous un autre angle, en quelque sorte celui du risque de mortalité en fonction de l’âge, ces statistiques montrent que durant cette période de 10 semaines d’épidémie en 2020 (semaines 11 à 20), la catégorie des «85 ans et +» a connu 88% de décès en plus qu’en moyenne lors des dix années précédentes. Presque deux fois plus de décès. Ce taux est de 54% pour les 75-84 ans, il n’est pas éloigné (46%) pour les 65-74 ans et à 10% pour les 45-64 ans. Vu la base heureusement particulièrement basse du nombre de décès pour la tranche d’âge 0-24 ans (6, contre presque 5 d’habitude, nous avons arrondi à l’unité), la hausse de 22% n’est que statistique et pas significative globalement.
Sources: -https ://statbel.fgov.be/fr/open-data/nombre-de-deces-par-jour-sexe-arrondissement-age– https ://epistat.wiv-isp.be/covid.