Michel Petersbourg condamné à la perpétuité
La cour d'assises de Namur condamne Michel Petersbourg à la réclusion à perpétuité pour l'assassinat de Nathalie Lahaye.
Publié le 31-01-2020 à 12h57
:fill(000000)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/6HW5T5CDUFE7JOR23EFYDNI4BY.jpg)
Après une délibération d'un peu plus de deux heures, le jury de la cour d'assises de Namur vient de condamner Michel Petersbourg à la réclusion à la perpétuité pour l'assassinat de Nathalie Lahaye.
C'était la dernière journée de procès, ce vendredi. Hier jeudi, l’homme a été reconnu coupable d’assassinat sur la personne de Nathalie Lahaye. Celle-ci a été abattue de trois balles de 7,65 alors qu’elle se trouvait dans son véhicule avec l’accusé, le 23 novembre 2017.
Ce matin, c’était au tour de l’avocate générale et de la défense de prendre la parole afin de permettre au jury de se forger une opinion sur la peine à prononcer à l’encontre de l’accusé.
L’avocate générale: «Aucune circonstance atténuante»
«La réclusion à perpétuité, c’est une peine théorique. Il y a possibilité de prononcer une peine inférieure par les circonstances atténuantes. Personnellement, dans ce cas-ci, je n’en vois aucune.»
Pour l'avocate générale Audrey Seminara, cette réduction de peine n'a aucune raison d'être et ce, pour plusieurs motifs. À commencer par l'absence de prise de responsabilité dans le chef du coupable: «Il a eu deux ans pour y réfléchir en préventive. Et là, il n'a rien à expliquer aux victimes, commente le substitut Audrey Seminara. Il se centre sur sa douleur.»
Elle ne croit pas non plus davantage au sentiment auto-destructeur ni au crime passionnel, couplé à l'histoire de sa vie: «Ce n'est pas parce que l'on est abandonné (NDLR: la mère de Michel Petersbourg a quitté le foyer alors qu'il avait 6 ans) qu'il est normal d'assassiner. Ce n'est pas non plus parce qu'on a un vécu difficile qu'on est amené à rater sa vie.»
Sont aussi à prendre en compte ses antécédents judiciaires et sa délinquance multiformes. «Il y a un estompement de la norme chez Michel Petersbourg. Son palmarès judiciaire ne plaide pas en sa faveur.»
La gravité des faits est – en toute logique – à prendre en compte: «Il a arraché à Domenico (NDLR: le fils de la victime) sa maman et ses rêves. Il a assassiné avec force, rage et détermination.» Elle requiert donc la perpétuité: «Même si cela ne rendra pas votre maman.»
La défense: «Il ne tuera pas d’autres Nathalie»
C'est à Me Christiane Calewaert qu'est revenue la lourde de tâche de défendre le coupable. «La perpet, c'est une vengeance pour les parties civiles, souligne l'avocate. Il faut une peine juste et supportable.»
Son client, la prison, il connaît: «Je l'ai défendue pour des braquages et cette affaire n'a rien à voir avec cela.» Pour le conseil de Michel Petersbourg, il faut mettre en balance deux éléments. D'une part, l'accusé n'a jamais sali la mémoire de la victime. «Et s'il y a un brouillard par rapport aux faits, ce n'est pas par manque de respect.»
D'autre part, son client commençait à remonter la pente. Du statut de SDF, il a avait trouvé un toit et il avait retrouvé Nathalie. «Il y a cru, souligne l'avocate. À 51 ans, il lui demande sa main. Seuls ses proches ont eu le flair: ils n'étaient pas du même milieu.»
Elle le reconnaît: son client peut être saoulant, arrogant, harcelant et impossible à gérer «parce qu'il ne supportait pas l'abandon. À 6 ans, il se retrouve seul. Après, c'est la perte de ses sœurs, de son père, d'Alicia (NDLR: la mère de sa fille) et puis Nathalie. C'est insupportable.»
Lundi, la défense avait sollicité le report du procès au vu de l'absent de l'expert-psychiatre. «On n'a pas fait un incident pour rien, souligne le conseil du coupable. Nous voulions que vous soyez parfaitement éclairés sur la personnalité de Michel Petersbourg.»
Le rapport fait état d'«anesthésie affective. Il joue au dur pour cacher ses émotions. Ce n'est pas un manipulateur.» Me Caluwaert invite d'ailleurs les membres du jury à se pencher sur ce rapport.
La défense sollicite une revue à la baisse de la peine. La première circonstance atténuante: son enfance. «Sa vie, on la choisit. Mais son enfance, on ne la choisit pas.»
Michel Petersbourg: un danger social? «On le décrit comme borderline à tendance psychopathique mais y a-t-il risque de récidive?» Pour l'avocate le passé de son client relève plus de la délinquance acquisitive: «On est dans un tout autre cas de figure. Croyez-vous que l'on tire deux fois sur l'amour de sa vie?»
Faire croire qu'il ne fera pas toutes ses années de prison est illusoire pour la défense. «Ses condamnations, il les a tirées fond de peine. S'il vous plaît, conclut Me Calewaert. Si un jour, il peut sortir par la grande porte donnez-lui un peu d'espoir.»