A Thuin, on se prépare pour faire face aux crues de la Sambre (vidéos)
Le travail des éclusiers est important dans la prévention des inondations. Une visite de terrain avait lieu ce mardi pour s’en rendre compte.
Publié le 29-11-2022 à 16h57 - Mis à jour le 29-11-2022 à 16h58
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Après les inondations de juillet 2021, la mise à jour du plan d’intervention de la Ville de Thuin est apparue impérative. "À la demande de la Région wallonne, nous avons répertorié toutes les zones, voire les habitations, à risque, explique Marie-Eve Van Laethem, bourgmestre. Les pompiers ont revu leurs plans d’urgence en concertation avec la responsable PLANU de la Ville, la police et les éclusiers. L’objectif était que chacun sache qui fait quoi et intervient quand." Ce mardi, Marie-Eve Van Laethem et Anne Jeanmart, chargée du PLANU de la Ville, accompagnées des représentants de la police et des pompiers, se sont rendues à l’écluse n°5 sur la Sambre, à la sortie de Thuin vers Lobbes. Là, l’éclusier-barragiste Jean-Michel Beckmann leur a expliqué son rôle, ses moyens d’informations pour maintenir le niveau de la rivière et réagir en cas de crues, et surtout l’attention de tous les instants que nécessite la gestion d’une écluse qui est ici encore semi-manuelle. "Il faut être deux pour bouger une poutrelle, raison pour laquelle, deux personnes sont toujours de garde la nuit. La journée, si rien n’est à bouger, on surveille seul ". Démonstrations à l’appui, l’éclusier explique aussi l’évolution de ce métier qui le passionne et l’occupe à Thuin depuis l’an 2000. "Avant j’étais sur le canal Charleroi-Bruxelles où tout est automatique. Ici, nous sommes avertis de crues par les écluses en amont et le SPW ; souvent si ça monte à Solre, on sait qu’on a une heure et quart pour intervenir et lâcher à Thuin, en relevant une ou plusieurs poutrelles selon le débit."
Informé en temps réel
Pour cela, le bureau de Jean-Michel Beckmann renferme un outil précieux en plus des communications téléphoniques entre éclusiers: le PC qui le connecte aux sites internet des voies navigables françaises et belges. Grâce aux capteurs disposés aux endroits sensibles, "les mesures sont ainsi transmises en temps réel et on peut ainsi anticiper ".
"Pour la Biesmelle, affluent de la Sambre, avant, on n’avait pas ça" précise-t-il.
Une fois l’alerte déclenchée, il faut alors passer aux "travaux manuels", soit le relevage de la ou les poutrelle(s).
Gare au coup d’eau
"Avant tout il faut savoir qu’on est chacun responsable de son bief, soit le morceau de rivière en amont de l’écluse. Ce qui se passe en aval, c’est au suivant à gérer" prévient-il. "À partir d’un débit de 50 m3 par seconde, ce qu’on appelle un coup d’eau, on peut descendre les niveaux ; on débloque les alarmes et on lève les poutrelles, à raison de deux poutrelles à l’heure, voire plus si vraiment le débit est trop élevé, pour laisser passer l’eau. Le plus haut qu’on a connu, c’est 137 m3 par seconde, à ce rythme, je peux vous dire que ça bouge". En quelques minutes, l’éclusier est sur le pont, vérifie que les chaînes sont bien amarrées aux poutrelles qui barrent le cours d’eau, et actionnent le bouton qui enclenche le mécanisme de relevage. Une fois la poutrelle à hauteur du pont-barrage, il faut alors la tirer manuellement loin du bord, et enchaîner sur la suivante au besoin. Pour la manœuvre, inverse, de rétention de l’eau, c’est à nouveau à la force des bras que les deux éclusiers pousseront la poutrelle vers le bord avant de l’arrimer aux chaînes de relevage, et de la repousser à sa place initiale.
"Il faut ensuite s’assurer, grâce à ce gros poussoir qu’on a créé, que les poutrelles sont bien alignées et serrées les unes contre les autres qu’elles fassent bien barrage face aux eaux." Sur cette écluse n°5, c’est d’autant plus important de bien réguler le niveau qu’on reçoit les eaux de la Biesmelle, qui viennent alors gonfler la Sambre. D’où l’importance de la surveillance et de l’entretien de cet affluent pour éviter les inondations. Le travail est alors affaire de coordination, afin que tout s’enchaîne au mieux. Entre écluses bien sûr – "il vaut mieux inonder les prairies en aval que la ville " –, et avec les services de la Ville et des secours, qui se mettent alors en ordre de marche pour parer à toute situation. Forts de ces explications de terrain, les différents intervenants peuvent ainsi finaliser leur nouveau plan d’intervention, "qui devrait être prêt en janvier 2023" conclut la bourgmestre.