Entre-Sambre-et-Meuse : un ancien assureur et un restaurateur accusés d’avoir blanchi 200.000 euros
L’ex-assureur aurait par ailleurs prêté près de 340.000 euros à 14 personnes, exerçant, sans la déclarer, la fonction de prêteur privé.
- Publié le 31-05-2023 à 17h52
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”Je le connais depuis plus de 20 ans et je le considère comme mon fils. C’est vrai, j’ai été le bon-papa de nombreuses personnes”. Un ancien assureur comparaissait ce mercredi devant le tribunal correctionnel de Namur, accusé d’avoir aidé un ami restaurateur à blanchir 200.000 euros. Il est également dans le collimateur de la justice pour avoir prêté des sommes à plusieurs personnes sans respecter les règles en la matière.
AXA a été interpellée par des mouvements d’argents suspects au départ d’une de ses agences située en Entre-Sambre et Meuse en 2016 et a réalisé un audit des comptes en 2016, avant d’avertir la Cellule de Traitement des Informations Financières (CTIF). L’assureur aurait versé 200.000 euros au restaurateur qui souhaitait augmenter le capital de sa société en avril 2016, somme que le second prévenu lui a rendu cinq jours plus tard via 4000 coupures de 50 euros, qui ont été retrouvées dans le coffre de son complice. Selon le parquet il s’agissait pour l’opérateur horeca d’une façon de blanchir des sommes non déclarées, d’origine frauduleuse. Le prévenu déclare, à la surprise du tribunal : “J’ai toujours été amateur de billets de 50 euros. Ils constituent mon bas de laine, mes économies personnelles. Je les mets dans mon coffre plutôt que sur un compte car j’ai assez de liquidités sur mes comptes.”
Il est également reproché à l’assureur d’avoir violé les règles du code de droit économique en exerçant sans la déclarer la fonction de prêteur privé. Il aurait prêté de l’argent à 14 personnes qui avaient un besoin urgent de liquidités, pour un montant de 340.000 euros.
Le parquet de Namur a requis la confiscation des 200.000 euros potentiellement blanchis par l’ex-assureur et le restaurateur. Des amendes de 4000 et 2000 euros sont respectivement réclamées pour les deux hommes ainsi qu’une interdiction d’exercer la fonction de gérant de société. Le substitut Moreau souligne que depuis le début de l’affaire, l’ex-assureur avait toujours évoqué un prêt à son ami, alors qu’il évoquait ce mercredi un investissement dans le capital du restaurant. “Aucun écrit de cette transaction n’existe, alors que quand il prêtait de l’argent à d’autres personnes, un document était toujours rédigé. Il n’y a pas non plus de traces de remboursement dans la comptabilité du restaurant, alors que le tenancier avait déclaré que ceux-ci figuraient bien au livre des comptes.
L’acquittement est plaidé par les conseils des deux prévenus. L’avocat de l’assureur souligne que son client réalisait énormément de transferts financiers en tous genres, pour près d’un million d’euros entre janvier et octobre 2016, et qu’il aidait parfois des gens dans le besoin en leur prêtant de l’argent, sans réclamer d’intérêts en retour, “un geste de générosité inconsidéré engageant son propre patrimoine”. Pour le restaurateur, Me Preumont précise que son client “réfute avoir détenu 4000 billets de 50 euros et les avoir remis au second prévenu en avril 2016”.
Jugement le 21 juin.