Philippeville: leurs soupçons confortés par une voyante, ils torturent leur "ami"
Plusieurs individus soupçonnaient leur ami d’avoir volé une boîte contenant 100 000 €. Pour le faire passer aux aveux, ils l’ont torturé.
Publié le 26-04-2023 à 17h15 - Mis à jour le 27-04-2023 à 16h54
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Le 18 janvier 2023, le tribunal correctionnel s’était penché sur une affaire de vol avec violence, détention arbitraire, torture et coups et blessures volontaires commise par cinq personnes, dans la nuit du 22 au 23 août 2020 à Philippeville. Le parquet de Namur avait requis dix ans de prison à leur encontre. Deux des cinq avocats de la défense avaient quant à eux plaidé une peine de travail.
Le dossier avait été mis en continuation à ce mercredi 26 avril. Cette audience était consacrée aux plaidoiries des trois avocats de la défense restants. Les trois pénalistes ont sollicité une peine de travail et, à titre subsidiaire, un sursis simple.
Ils ont notamment mis en avant le fait qu’il s’agissait d’un “fait unique” dans le parcours de leurs clients et ont souligné qu’ils n’étaient pas connus de la justice avant ces faits et ne se sont plus fait connaître depuis. La défense a aussi demandé au tribunal de tenir compte de leur situation personnelle et professionnelle ainsi que des aveux et regrets qu’ils ont directement émis.
Torturé pendant des heures pour 100 000 €
La victime, un homme d’une petite trentaine d’années, était soupçonnée par ses "amis" d’avoir volé une boîte contenant 100 000 € à l’un d’entre eux, lors d’une soirée passée ensemble une semaine plus tôt. Certains ont été confortés dans leurs soupçons après avoir consulté une voyante…
Pour le faire passer aux aveux, ils avaient prévu de lui mettre la pression à l’occasion d’un souper auquel ils l’ont invité. L’homme a été mis à nu et attaché à une chaise dans un abri de jardin. Au sol après avoir réussi à briser ce matériel, il a reçu des coups, dont un violent à l’oreille qui a nécessité une intervention chirurgicale au tympan. Il a aussi été frappé par un objet métallique au visage, a subi une tentative d’étranglement avec le genou et a reçu des seaux d’eau froide au visage pour simuler une noyade. Une des prévenues a également menacé de lui insérer des tampons hygiéniques imbibés d’alcool et de le brûler avec une cigarette.
La victime a fini par "avouer" le vol des 100 000 euros après plusieurs heures de sévices. Deux des prévenus se sont rendus chez lui à Libin, avec sa voiture, où ils n’ont finalement rien trouvé. Quinze jours plus tard, sous l’impulsion d’une voyante qu’ils avaient consultée, quatre d’entre eux sont encore retournés sur place pour fouiller une annexe de sa maison. En vain. Le jugement sera rendu le 14 juin.