Grave accident de travail à Philippeville: l'ouvrier viendra expliquer les faits au tribunal
Suspendu par la jambe, coincée dans une machine, il avait lui-même appelé les secours.
Publié le 22-02-2023 à 21h51 - Mis à jour le 22-02-2023 à 22h50
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Le 8 septembre 2021 vers 12 h 30, un accident de travail est survenu dans une société de Philippeville, qui produit des aliments pour bétail. Un ouvrier est monté sur une machine en service depuis huit ans, servant à mélanger des matières, et dont le rythme était anormalement lent. Constatant un bourrage, l’ouvrier a voulu dégager la machine avec le pied et a été happé entre deux barres du convoyeur. Il a été traîné sur plusieurs mètres, la cheville coincée. La tête en bas, il a appelé lui-même les secours. Un collègue est venu le supporter en attendant l’arrivée de ceux-ci.
La victime a souffert d’une double fracture ouverte qui a nécessité une hospitalisation de plusieurs semaines et a entraîné une incapacité de plus de quatre mois. Le travailleur a repris progressivement le travail.
Lors de l’audience du 25 janvier, les avocats de l’administrateur délégué de la société et de la SPRL, prévenus, notamment pour coups et blessures involontaires, contestaient leur responsabilité. Ils rappelaient que la société avait recours à un service de prévention externe et estiment que, dans le cadre de cet accident, ce dernier n’a pas fait son travail correctement. Outre l’absence de ce protagoniste du dossier, les deux avocats regrettaient également l’absence devant le tribunal du concepteur de la machine, qui a adapté une centrale à béton aux besoins de la société. Celle-ci ainsi modifiée s’était pourtant vue délivrer le certificat CE.
À la suite de l’accident, le contrôle du bien-être au travail s’est rendu sur les lieux. Il est apparu qu’une montagne de déchets d’aliments jonchait le sol et que c’est en grimpant sur celle-ci que le travailleur avait pu monter sur le convoyeur. Le bouton d’arrêt de secours était par ailleurs inaccessible au moment du contrôle. L’utilisation de la machine a été interdite pendant près d’un an, le temps que ce bouton soit déplacé et que des barrières de sécurité soient installées à des endroits stratégiques.
L’auditeur du travail estimait pour sa part que la réalisation d’une analyse des risques était bien du ressort de l’employeur. 40 000 € d’amende étaient requis à charge de la société, alors que 8 000 € d’amende étaient réclamés à l’administrateur délégué, contre qui une peine de six mois de prison avec sursis était aussi requise.
L’auditeur ajoutait: "Outre ces problèmes liés au dossier, une grande insalubrité a été constatée sur place: l’échelle menant au réservoir était cassée, le bâtiment était sale et délabré, l’installation électrique n’était pas conforme, des vitres étaient cassées, du lierre poussait à l’intérieur du bâtiment, en proie à l’humidité."
L’avocat de la société plaidait l’erreur invincible et l’acquittement de son client. Pour le conseil de l’administrateur délégué, qui plaidait aussi l’acquittement, celui-ci n’a pas de responsabilité morale dans l’accident.
Ce mercredi, le tribunal a décidé d’entendre l’ouvrier concerné, afin de savoir, notamment, comment il était monté sur la machine et comment l’accident était survenu, afin de déterminer plus précisément les torts de chacune des parties.
Suite des débats le 12 avril.