Meurtre de Maxime Roget à Momignies: un trou noir atypique évoqué à la cour d'assises
Experts et témoins étaient entendus mardi 14 février dans le cadre du procès de Sébastien Gotiaux, accusé du meurtre de Maxime Roget en mai 2020 à Momignies.
- Publié le 14-02-2023 à 20h54
- Mis à jour le 15-02-2023 à 08h26
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La cour d’assises du Hainaut poursuit les auditions d’experts et de témoins, mardi, dans le cadre du procès de Sébastien Gotiaux (39 ans), accusé du meurtre, ainsi que de la tentative de meurtre de quatre policiers avec une arme à feu et d’une rébellion armée. Les faits ont eu lieu la nuit du 3 au 4 mai 2020 à Beauwelz (Momignies).
L’accusé soutient qu’il ne se souvient de rien, qu’il a eu un trou noir entre 1h et 6h du matin. Il ne comprend pas ce qui s’est passé et pourquoi il a tué son ami, Maxime Roget, d’un coup de feu et de coups de crosse de fusil dans le visage. Les experts en santé mentale sont venus expliquer ce trou noir "atypique" devant la cour.
"C’est assez rare d’avoir un trou noir complet, sans flashs. Lui évoque le trou noir complet. C’est rarement observé, mais c’est possible", raconte le psychologue. Un mécanisme de défense ? Pour l’expert, c’est une possibilité.
L’accusé a fait état d’une blessure à la tête lors d’un accident survenu quelques années avant les faits. "Cela peut-il avoir un impact sur ce trou noir ?" demande un juré. Le neuropsychologue n’a relevé aucun trouble amnésique. Et le mélange adrénaline-alcool ? "Non, l’adrénaline aurait eu un effet inverse, l’incitant à se réveiller", répond l’expert.
Un homme normal
Les experts ont présenté l’accusé comme un homme normal, parfaitement intégré dans la société. Père de trois enfants, Sébastien Gotiaux travaille depuis vingt ans dans le même garage et il a des loisirs. Toutefois, il a des abus alcooliques, sans être dépendant à l’alcool. Ses consommations sont occasionnelles mais importantes. Il reconnaît que celles-ci peuvent le rendre irritable.
Avant les faits, Sébastien et Maxime ont passé la journée et la soirée à consommer de l’alcool.
Responsable de ses actes
Aucun trouble de personnalité n’a été mis en évidence lors des examens. L’accusé semble être sûr de lui. Il ne présente aucun signe antisocial ou antipathique, indique le psychologue qui lui a fait passer une batterie de tests. Il n’est pas narcissique et plutôt chaleureux dans le contact social, actif et loquace. L’accusé est plutôt un homme apprécié des autres.
L’accusé ne souffre d’aucune maladie, ni d’aucun trouble mental. Il est donc responsable de ses actes.
La nuit du 3 au 4 mai 2020, peu avant 1h, des riverains de la rue Pilarde à Beauwelz (Momignies) appellent la police. Ils ont entendu des coups de feu et des cris venant de chez l’accusé. La police intervient et découvre Maxime Roget, gisant dans une mare de sang devant la maison de l’accusé. Celui-ci profère des injures et tire un coup de feu.
Un policier riposte et l’accusé se retranche chez lui. Il ressort vers 6h et semble étonné de ce qui est arrivé. Il ne se rend pas compte qu’il est blessé. Il est placé sous mandat d’arrêt le lendemain.
Sébastien et Maxime étaient agressifs sous l’effet de l’alcool
La cour d’assises a auditionné le couple qui a passé la journée avec les protagonistes du drame survenu le 3 mai 2020 à Beauwelz (Momignies). Quelques heures plus tard, Sébastien Gotiaux (39 ans) tuait Maxime Roget d’un coup de feu et de coups violents portés à la tête.
Le 3 mai 2020, les deux hommes ont donc passé la journée à Anor, un village français situé près de Momignies, chez un couple. L’homme est un ami d’enfance de Sébastien Gotiaux. Il s’est lié d’amitié avec Maxime Roget.
Le témoin s’est rendu compte que Maxime n’était pas bien. Il s’était séparé de sa compagne, qui lui avait annoncé qu’elle était enceinte. "Il ne voulait pas de cet enfant", explique le témoin. Sa compagne confirme. Maxime avait envoyé des SMS à son ami, l’informant qu’il allait faire une bêtise.
Sébastien n’allait pas très bien non plus, son couple était en crise et le confinement l’empêchait de travailler. Il tournait en rond. Selon sa fille, également auditionnée mardi, il était incapable de rester chez lui sans rien faire.
Le couple a invité les deux hommes à un barbecue, alors que le confinement était imposé sur tout le territoire de la République française.
La jeune femme ne se souvient pas d’une quelconque animosité entre les deux hommes, bien qu’ils s’étaient battus, en septembre 2019, près d’un étang de pêche. "Tout s’est très bien passé, nous avons passé une superbe après-midi". Son compagnon confirme que la journée s’est très bien passée.
La jeune femme avait cependant demandé à son compagnon de ne pas servir d’alcool fort à Maxime, connaissant son caractère sanguin, bagarreur et provocateur.
Vers 17h, Maxime a réclamé de l’alcool, pas Sébastien. Leur hôte leur a offert un verre de rhum et les deux hommes sont rentrés en Belgique. "Quand ils sont partis, ils ne donnaient pas l’impression d’avoir bu beaucoup", déclare la jeune femme. Sébastien est parti en premier.
En soirée, le témoin a reçu une vidéo de ses amis, en train de trinquer à Beauwelz, chez Sébastien Gotiaux. Il n’a jamais pensé qu’un tel drame allait se dérouler.
Le témoin et Sébastien Gotiaux ont gardé contact après le drame, "mais nous n’avons jamais parlé des faits".
"Il m’a fait des menaces de mort"
Devant la cour d’assises, l’ex-compagne de Maxime Roget a confirmé qu’il avait très mal réagi à l’annonce d’une future paternité. "Il m’a fait des menaces de mort", dit-elle. La jeune femme l’a bloqué sur Internet et a gardé l’enfant. Elle ajoute que son compagnon disait ce qu’il pensait plus facilement quand il avait bu. "La boisson le rendait agressif, quand on le cherchait".
La jeune femme était par ailleurs présente quand Maxime et Sébastien se sont battus près de l’étang de pêche en 2019. Elle déclare que Sébastien a donné une gifle à sa compagne. "Celle-ci voulait rentrer avant lui pour cacher ses armes."
De son côté, la compagne de Sébastien prétend que ce n’est pas ce jour-là qu’elle a reçu une gifle. Toutefois, lors de cette bagarre, elle a reproché à Maxime "de toujours foutre la merde".
Parties civiles, le frère de Maxime Roget confirme qu’il avait l’alcool méchant. "Il était perdu, il buvait beaucoup", raconte l’intéressé.
"Rien ne justifie ce qui est arrivé", ajoute pour sa part sa sœur, qui ajoute que Maxime souffrait du syndrome de l’abandon. "Quand sa compagne lui a annoncé qu’elle était enceinte, il a eu le sentiment d’avoir été berné. Il était perdu, il disait qu’il n’arriverait pas à être père".
D’autres témoins sont eux venus parler de Sébastien Gotiaux. Il ressort des témoignages de ses proches qu’il avait beaucoup de points communs avec Maxime Roget.
Les deux hommes étaient de très bons travailleurs, toujours prêts à aider les autres. Hélas, ils buvaient énormément le week-end, et l’alcool les transformait en deux êtres agressifs.