Thuin: Elles redonnent vie à vos objets inutilisés
Ce n’est pas encore une ressourcerie, car il faut encore l’agrément officiel, mais cela y ressemble furieusement. Dans une grange d’Aulne, Ève et Alix offrent un service inédit aux citoyens des 7 communes du sud-Hainaut.
Publié le 04-11-2021 à 19h00
Une des granges de l’ancienne ferme de l’abbaye d’Aulne, vide d’activité pendant la saison d’hiver, abrite à partir de ce vendredi 5 novembre un nouvel espace de service bien utile aux citoyens. Qui n’a en effet pas déjà hésité à jeter, des meubles, de la vaisselle, du matériel de puériculture, des objets de décoration, de l’équipement sportif, des bijoux de fantaisie… devenus inutiles? Plutôt que les déposer aux encombrants, il est désormais possible de faire appel à "R du Sud-Hainaut", une ASBL à vocation d’économie sociale fondée par Ève et Alix, deux jeunes femmes de Cour-sur-Heure.
Un petit mot d'explication sur le nom d'abord: "R" plutôt que ressourcerie, car il s'agit d'un terme protégé qui nécessite une reconnaissance officielle par la fédération "Res-Sources". "Ce que nous espérons obtenir lors du prochain conseil d'administration de Res-Sources, le 19 novembre, explique Ève. La fédération ne reconnaît qu'une ressourcerie par zone d'intercommunale, et en l'occurrence ici, cela n'existe pas encore pour les 7 communes d'Ipalle Sud-Hainaut."
La chine et le social
C'est d'ailleurs suite à un premier contact encourageant avec l'intercommunale de traitement des déchets que les deux jeunes femmes ont franchi le pas de l'entreprenariat social. "Nous sommes cousines, et inséparables depuis toutes petites. On a fait les 400 coups ensemble, on aime bien bricoler, on aime le contact humain, et on était toutes les deux arrivées à un moment de notre vie où on se pose des questions, où on cerne mieux les valeurs qu'on veut mettre en pratique… On aime chacune chiner, faire de la récup', par intérêt financier certes, mais aussi parce qu'on est sensibles au recyclage, au circuit court, à la diminution des déchets ".
L'idée a donc fait son chemin, d'ouvrir une "boutique" de seconde main et au-delà, de développer une gamme de services au citoyen. " Pour l'instant, cela reste du bénévolat pour moi, explique Alix, car je travaille à 4/5e dans une banque ". Commerciale en recherche d'emploi, Ève a, elle, suivi un parcours de formation de plusieurs mois pour mener à bien leur projet. " Les ressourceries, c'est une grande famille, j'ai appris beaucoup en allant passer plusieurs semaines dans celles existant depuis déjà plusieurs années. Il n'y a pas de concurrence entre nous, juste de l'entraide, une dynamique au cœur de laquelle l'humain est essentiel. Cela colle à ce que nous recherchions". L'objectif à terme est de tirer un chiffre d'affaires suffisant des ventes pour créer de l'emploi, celui d'Ève et Alix, mais aussi celui de personnes en réinsertion par le biais du système de remise à l'emploi "article 60" pour ensuite générer des emplois durables.
Le travail ne manque pas en effet, lorsqu'on fait le tour de la grange de 300 m2 qui abrite leur activité. "Il faut trier, évacuer au besoin, et à nos frais, certains objets trop abîmés, nettoyer, classer par thématique et agencer la salle d'exposition". Et les idées se bousculent dans la tête des deux jeunes femmes. " On a pour projet futur de créer un centre de formation en agent valoriste, pour transformer les objets et meubles, les moderniser, faire de l'upcycling" explique Ève. " Et aussi pourquoi pas un repair vélos, il y a plein de vélos qui restent dans les recyparcs faute de service adéquat pour les réutiliser" enchaîne Alix. Dernière idée qui fait sens aussi à leur démarche: ouvrir un repair café qui serait un lieu de rencontre, d'échange de savoir, de conseils et d'astuces. "C'est un objectif à 5 ans, mais on y croit" disent-elles en chœur. "Mais pour cela, il faudra que, d'ici la fin de l'hiver, nous trouvions un lieu plus grand, entre 600 et 1 000 m2, entre Gozée et Beaumont idéalement, pour nous y installer durablement " concluent Ève et Alix.