Froidchapelle: Badon était un haut lieu de la résistance
Si aujourd’hui Badon est synonyme de vélo et de nature avec le parc pour vététistes Natura Bike, il fut un temps où le quartier a vu s’écrire des pages d’histoire.
Publié le 30-08-2021 à 22h00
Badon, jusqu’il y a un demi-siècle, ce n’était qu’un hameau éloigné de Boussu-lez-Walcourt accueillant en toute discrétion quelques fermes et demeures isolées. Puis, il y eut les barrages de l’Eau d’Heure et la construction de ses routes, éventrant ni plus ni moins ce quartier paisible.
Badon
Il faut se souvenir que cette tranquillité ancestrale du quartier de Badon allait être mise à mal durant la seconde guerre mondiale, mais pour la bonne cause. Le lieu semblait idéal pour la résistance, qui allait bientôt en profiter pour permettre aux alliés de larguer depuis les airs du matériel, avant que tout cela soit dispatché à qui de droit dans toute la région.
Nous sommes en mai et juin 1944 et des messages de l'armée secrète attirent l'attention des résistants: «La carpe est muette et le buffet est vide…» Il n'en faut pas plus pour comprendre que les plaines de Badon et de Falemprise vont recevoir en parachutage des containers d'armes et des colis de matériel de transmission. Pas moins de 9 tonnes, recueillis par l'équipe du C60 de l'armée secrète et par le maquis. Trois parachutages vont tomber du ciel sur Badon dans ce lieu ignoré des Allemands et investi par le maquis qui y cache bien des aviateurs.
Commémorations
Le temps passe et Badon retombe dans sa légendaire discrétion. Il y a eu bien dans les années 80, l’érection d’une stèle rappelant les faits, un monument à ce point discret que bien peu de gens y faisaient attention. Jusqu’au jour où Michel Beerten, responsable des événements au Natura Park et au Bike Park (la mutation touristique de Badon) et amateur d’histoire, y porte plus spécifiquement intérêt.
Son objectif: redonner la parole à la carpe… et faire coexister le lieu de loisirs et le devoir de mémoire. Il profite du 28 août, date à laquelle, en 1942, deux aviateurs américains perdaient la vie dans ce même coin d’Entre-Sambre-et-Meuse pour mettre sur pied un week-end commémoratif. Ainsi, ce samedi, Badon accueillait des groupes de reconstituants dans leur uniforme d’Américains, d’Anglais, de Belges de la brigade Piron et aussi d’Allemands dont le bivouac occupait la clairière jouxtant la ferme d’autrefois. Un bel hommage aussi bien aux résistants qu’aux aviateurs américains abattus en 1942. Le temps de rendre les honneurs à ces héros et la journée se poursuivait avec de multiples activités comme une intéressante exposition mais aussi d’autres animations cadrant bien avec l’époque des faits.
Et après…
Michel Beerten voit avec ces commémorations un objectif plus lointain: «Le but est que cela devienne un rendez-vous annuel pour apporter un peu d'histoire aux Lacs de l'Eau d'Heure. À Badon, aujourd'hui, on fait du sport, on s'amuse, ce qui n'empêche qu'on peut faire devoir de mémoire en se souvenant qu'ils furent, ici même, des patriotes risquant leur vie à tout moment».
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