Assises de Namur : "Les insultes et coups bas ont poussé Mathieu à bout"

La mère de l'accusé et ce dernier vivent toujours aujourd'hui dans la maison où l'homicide a eu lieu.

JVE
 Conseillée par Me Solfrini, la maman de l’accusé a longuement pris la parole ce mardi.
Conseillée par Me Solfrini, la maman de l’accusé a été interrogée ce jeudi. ©ÉdA Mathieu Golinvaux 

La cour d’assises de Namur a poursuivi jeudi le procès de Mathieu Wattier, 22 ans, accusé de tentative de meurtre et du meurtre de son grand-père, Mathieu Deneyer, âgé de 78 ans au moment des faits. Le meurtre a eu lieu à Brûly-de-Pesche, dans la maison où l’accusé vivait avec sa mère et la victime, le 9 mai 2020.

Jeudi matin, le président Gorlée a poursuivi l’interrogatoire de Frédérique Deneyer, mère de l’accusé et fille de la victime. “Il y avait une tension très forte dans la maison à cause de mon père. Il ne se gérait plus et hurlait constamment. J’ai fait le maximum pour garder l’église au milieu du visage. Il me disait que j’étais dingue et qu’il allait tout faire pour qu’il ne me reste rien financièrement, qu’il allait me broyer. Il humiliait souvent mon fils.

Suite à une alerte d’une médecin au service d’aide à la jeunesse, une assistante sociale a rendu un rapport sur le contexte familial en mai 2017. Elle a conclu que Mathieu Deneyer n’était ni sénile ni dangereux. Le climat a continué à se dégrader dans l’habitation familiale. Mathieu Wattier a menacé son grand-père avec un couteau le 25 janvier 2019. 3 policiers ont été nécessaires pour le maîtriser. Le 25 février 2020 à 01 h 12, Mathieu Wattier appelle le 101, en expliquant qu’il était sur le point d’assassiner toute sa famille. “Mathieu n’était jamais calme, dans une peur constante de son grand-père dont nous dépendions financièrement, car tout pouvait arriver. Ces insultes, ces coups bas, en plus de sa maladie l’ont poussé à bout.

Le juge Gorlée fait remarquer à la témoin qu’elle n’a pas empêché à son fils de détenir des couteaux alors que celui-ci avait déjà menacé de la tuer elle et son père et qu’il en avait déjà mis un sous la gorge de la victime. Le 27 avril 2020, l’accusé est entré dans l’appartement de son grand-père armé d’une hache.

Le jour du meurtre de Mathieu Deneyer, Frédérique Deneyer était à l’extérieur de la maison et s’occupait des chevaux. “Je suis marquée au fer rouge. On s’est croisés dans la buanderie. Il avait du sang sur lui et m’a annoncé ce qu’il avait fait. Il avait un visage sans expression. J’avais même peur pour moi. Je ne réalisais pas.

La témoin et son fils habitent toujours aujourd’hui dans l’habitation où se sont déroulés les faits. Celle-ci appartient à Frédérique Deneyer, qui compte la vendre. “La pression est retombée aujourd’hui. Ce n’est pas évident de vivre là vu ce qui s’y est passé. Je retrouve l’enfant qu’il était quand il était petit.

L’avocat général Kerkhofs fait remarquer à la témoin que son père était bien le propriétaire de l’habitation familiale, contrairement à ce que pensait Mathieu Wattier. Une question qui était au centre des disputes familiales. “C’était un enfant, il n’avait pas à savoir cela, à être au courant de questions d’argent. Il était prévu qu’un appartement soit fait pour moi et Mathieu dans la maison. Mais j’ai su très tôt que mon père ne comptait pas le faire.

Alors que la témoin évoque des tensions et une peur constante, l’avocat général demande à celle-ci d’expliciter ces craintes. “C’est lié à la psychologie de mon père mais il n’est plus là pour en parler. Il crevait nos pneus, coupait l’électricité, nous interdisait l’accès à certaines pièces, il s’en prenait à nous sur tous les sujets. Il s’en prenait à moi physiquement et moralement. Je voulais à l’époque qu’il parte de la maison mais c’était la sienne. 3 ans après, je me rends compte que cela aurait été à Mathieu et moi de partir.

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