Assises de Namur : L’avocat de Mathieu Wattier évoque la contrainte irrésistible et plaide l’acquittement

”Ce garçon de 19 ans vivait un enfer”

JVE
Cour d'assises de Namur - Mathieu Wattier lors de la composition du jury du procès d'assises de M. Wattier, devant la Cour d'assises de Namur
Cour d'assises de Namur - Mathieu Wattier lors de la composition du jury du procès d'assises de M. Wattier, devant la Cour d'assises de Namur Photo : Avocat Quentin Mayence ©Mathieu Golinvaux

Me Quentin Mayence, l’avocat de Mathieu Wattier a demandé aux jurés de retenir la contrainte irrésistible comme cause de justification et d’acquitter son client jeudi, devant la cour d’assises de Namur. Mathieu Wattier, 22 ans, est accusé de tentative de meurtre et du meurtre de son grand-père, Mathieu Deneyer, âgé de 78 ans au moment des faits. Le meurtre a eu lieu à Brûly-de-Pesche, dans la maison où l’accusé vivait avec sa mère et la victime, le 9 mai 2020.

La plaidoirie de Me Quentin Mayence est intervenue en début d’après-midi. “Monsieur Wattier dit les choses. Il commet un fait et appelle la police. En le jugeant, vous devrez prendre en compte la personnalité du grand-père de l’accusé, la victime de ce procès, décrit comme une personne méchante et agressive, par des personnes extérieures au procès.”

Dès 2018, dans une déposition rédigée à l’intention des forces de l’ordre, Mathieu Wattier fait part de son désespoir suite au dénigrement dont il est victime de la part de son grand-père et face au harcèlement dont lui et sa mère sont victimes. En janvier 2019, Wattier met un couteau sous la gorge de son grand-père en lui demandant de quitter la maison. “Il a pleuré de joie quand son grand-père est parti quelque temps. A son retour, il a placé un cadenas sur la porte de la salle de bains car il y avait des cheveux dans la baignoire. C’est démonstratif de l’ambiance au sein de l’habitation.

Un an plus tard, le 25 février 2020, Mathieu Wattier appelait la police en déclarant qu’il allait assassiner toute sa famille. “Il est en pleurs, en détresse, c’était un appel à l’aide car ce garçon de 19 ans vivait dans un enfer.

Le meurtre du 9 mai est ensuite abordé, sans être contesté. “Il ne voyait plus de lendemain possible, ne se rendait pas compte de ce qu’il faisait. En spectateur de la scène, il a de suite regretté son geste et a appelé la police, avant d’être interpellé sans résistance.”

L’avocat de la défense cite des déclarations de proches de l’accusé : “S’il a agi comme cela, son grand-père devait l’avoir poussé à bout”, “Il est si faible et fragile, il devait avoir la rage pour faire cela”, “Il pèse 40 kilos, on ne l’imaginait jamais faire cela”, “C’était impossible que quelqu’un comme lui fasse cela”.

L’avocat de Mathieu Wattier demande aux jurés de retenir la contrainte irrésistible comme cause de justification. “Ce déchaînement de rage et de violence était inouï. Il a été submergé et était déjà dans cet état le 27 avril lors de la tentative de meurtre. Il s’est senti tout-puissant au moment de poignarder son grand-père. Il était détruit psychologiquement, voulait protéger sa mère de son grand-père. Ses circonstances de vie l’ont isolé dans une existence qu’il ne contrôlait plus. Ce meurtre est justifié par les circonstances dans lesquelles il s’est déroulé.

Au sujet de la tentative de meurtre enfin : “Il était dans le même état que le 9 mai. Mais il y a eu dans son chef un désistement volontaire, il a interrompu son projet. Quand il a vu le regard apeuré de son grand-père, il s’est arrêté. . S’il avait voulu, il aurait pu entrer, vu qu’il l’a fait le 9 mai. Mais il n’est pas passé à l’acte.

La délibération sur la culpabilité du prévenu débutera vendredi matin.

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