Assises de Namur : “L’accusé était dans un désespoir total”, estime la partie civile
”Il était dans un tel état à cause de la pression exercée par son grand-père qu’il a commis un acte qu’il n’aurait pas posé en temps normal”
Publié le 25-05-2023 à 13h12
:focal(1995x1338.5:2005x1328.5)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/O5VDD7O6VVD2VN4LH7QXOCDF64.jpg)
La cour d’assises de Namur a poursuivi jeudi le procès de Mathieu Wattier, 22 ans, accusé de tentative de meurtre et du meurtre de son grand-père, Mathieu Deneyer, âgé de 78 ans au moment des faits. Le meurtre a eu lieu à Brûly-de-Pesche, dans la maison où l’accusé vivait avec sa mère et la victime, le 9 mai 2020.
Me Séverine Solfrini, conseil de Frédérique Deneyer, mère de l’accusé et fille de la victime, constituée partie civile, a entamé les plaidoiries. “Madame Deneyer a été inculpée pour non-assistance à personne en danger. La chambre des mises en accusation, le 16 janvier 2023, a estimé qu’il n’y avait pas de charges suffisantes. Elle n’a rien à se reprocher d’un point de vue pénal.”
L’avocate s’est penchée sur le contexte du dossier. “La famille vivait de façon très fermée, sans contact avec l’extérieur. Il y a un réel contexte de peur dans ce dossier. L’accusé avait 13 ans lorsqu’il a passé une nuit dans la peur des actes de son grand-père. Lui et sa mère se barricadaient pour lui empêcher l’accès à leur logement. La victime avait une réelle emprise sur sa fille et son petit-fils, moralement et financièrement : elle n’osait pas lui tenir tête ou aller à son encontre. À plusieurs reprises, l’accusé a demandé de l’aide, il a parlé de ses problèmes à ses amis, a appelé la police en disant qu’il allait commettre le pire.”
Me Solfrini évoque une tyrannie dans le chef du grand-père, la victime. “Il a mis un cadenas sur la porte de la salle de bains car sa fille et son petit-fils utilisaient les bouteilles de shampoing. Leur chien a reçu des coups, il a mis des clous dans leurs pneus. Ils vivaient au quotidien avec la pression et la peur. Il ne s’est par ailleurs jamais intéressé à la mucoviscidose de son petit-fils, qu’il qualifiait de bon à rien.”
Pour l’avocate, il est clair qu’un grave problème existait au sein de la famille et que la situation allait dégénérer. “La phrase qui résume les faits du 9 mai ? L’accusé l’a prononcée lundi : “C’était pire que noir il n’y avait pas de lendemain possible, à l’idée de revivre une nouvelle nuit, c’était un calvaire. ” L’accusé était dans un désespoir total”, estime l’avocate.
Et de conclure : “Il est évidemment l’auteur du meurtre. Mais vous, jurés, devrez réfléchir au contexte des faits. Il était dans un tel état à cause de la pression exercée par son grand-père qu’il a commis un acte qu’il n’aurait pas posé en temps normal.”