Couvin : "On ne va pas broyer 10 ha au Ry de Rome pour la vipère", sept arguments et sept réponses
L’opposition couvinoise Pep’s attendait le responsable d’un projet de restauration de landes à bruyères de pied ferme, au dernier conseil communal. Sa venue est finalement reportée. Mais ce spécialiste a accepté de répondre à l’argumentation du groupe politique, en prélude au débat sur la sauvegarde de la vipère qui sera mené en mars.
Publié le 07-02-2023 à 17h49 - Mis à jour le 08-02-2023 à 17h28
D’après le conseiller Pep’s Vincent Delire, il y a urgence: le collège communal de Couvin s’apprête à passer le marché avec une entreprise qui sera chargée de déboiser dix hectares puis de les gyrobroyer, dans le cadre d’un projet de restauration de landes à bruyères autour du ry des Serpents, l’un des affluents du barrage du Ry de Rome à Petigny. L’objectif de ce dossier mené par l’échevin Claudy Noiret (CVN), c’est de sauvegarder la présence de la vipère à cet endroit. Le serpent est en effet de plus en plus rare en Wallonie.

Éric Graitson, chargé du projet pour la Région wallonne, avait été spécialement mandaté pour répondre aux arguments de Vincent Delire, qui peste contre ce dossier avec Raymond Douniaux depuis 2020. Ils avaient préparé leur dossier. Mais le spécialiste n’est pas venu, suite à des soucis de voiture. Remettre au conseil suivant ? C’était trop tard, selon Vincent Delire: le mal allait être fait et, si les vipères sont bien présentes à cet endroit, elles allaient être réduites en bouillie par les machines.
Nous avons donc sollicité les deux parties, pour répondre à cette urgence invoquée par la minorité. Et chacun nous a transmis ses arguments.
Sauver la vipère
Replantons le cadre, d’abord. La vipère est un serpent jadis très présent chez nous, qui se trouve désormais sur la liste des espèces menacées. "On observe un peu partout une forte régression de la vipère, nous confirme Philippe Ryelandt. Naturaliste de longue date en Entre-Sambre-et-Meuse, il a travaillé aux Cercles des Naturalistes de Belgique de Vierves et fait partie de la Commission de gestion des réserves naturelles de Natagora, en Entre-Sambre-et-Meuse. "Ceci est dû au fait que l’activité humaine en forêt a beaucoup changé, depuis plus d’un demi-siècle. Partout, les milieux forestiers ouverts se referment. D’une activité ancestrale agro-pastorale forestière, on est passé à la culture quasi industrielle de la forêt avec notamment des plantations d’épicéas, et, lorsque des boisements mûrs sont mis à blanc, ils sont rapidement replantés, n’offrant pas la fenêtre de temps permettant aux populations de reptiles de s’y exprimer. Ces conditions ont particulièrement affecté la vipère qui est le moins mobile de nos serpents et, peu à peu, ses effectifs ont fondu comme neige au soleil".
Son déclin en Wallonie est tel qu’elle est menacée d’extinction.
Le projet contesté vise à déboiser dix hectares autour du ry des Serpents, pour ouvrir le milieu et restaurer une lande à bruyères, propice à sa sauvegarde. Pour le groupe Pep’s, les conditions dans lesquelles ce projet est envisagé ne feront que précipiter l’extinction de l’espèce, plus que la protéger. Confrontons donc les arguments !