SDF à Couvin : débat houleux en conseil, l’opposition relance un appel à la discussion
L’opposition a relancé le débat sur un abri de nuit à Couvin. Elle suggère une rencontre avec la ministre Morreale.
Publié le 28-01-2022 à 10h19
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Au dixième point de l'ordre du jour, durant ce conseil communal de jeudi soir, le tapage des SDF présents dans les tribunes du Couvidôme fut tel que le bourgmestre a tenté un rappel à l'ordre. Il fut rapidement répondu par une sans-abri: "Vous nous foutez à la rue, on n'est pas des rats! Vous ne faites rien pour le social!"
Derrière, ses compagnons vocifèrent alors et s'invitent dans les débats: "Amenez la police demain pour nous expulser, et tout ce que vous voulez: il va y avoir du sang!" ou encore "Faites votre travail, ne laissez pas vos citoyens dans la misère. Je suis à la rue mais on me taxe encore 121 euros pour les poubelles, vous trouvez ça normal? Notre amie a failli brûler dans un incendie il y a deux semaines. Ma sœur, elle, est morte trucidée par son homme. J'ai la haine, excusez-moi d'être en colère."
Jean le Maire (Écolo), Eddy Fontaine et Vincent Delire (Pep’s) interviennent et calment les esprits. La séance reprend.
Mais en fin de soirée, au moment des questions d’actualité, l’opposition relance le débat et les discussions virent à l’aigre. Les SDF invectivent les élus, certains répliquent, cela entre, cela sort, cela s’égosille et cela réplique de façon peu constructive. Le bourgmestre doit suspendre la séance et, au passage, la retransmission du conseil sur le Web.
Un bon quart d’heure plus tard, le débat reprend, tandis que certains conseillers s’expliquent dehors avec les SDF.
Marie Depraetere (CVN) reproche à l'opposition d'avoir fait venir les sans-abri au conseil pour envenimer les échanges, ce que Pep's et Écolo démentent, sans convaincre. "Désolé Jean, je t'avais promis d'être calme": en hurlant cela, un SDF semble confirmer le sentiment de l'échevine.
Jean le Maire reprend donc son intervention: "Le 14 janvier, un incendie s'est déclaré. Des gens étaient pris dedans. Qu'avez-vous fait depuis?" Eddy Fontaine renchérit: "Le dernier féminicide, dont Monsieur a parlé, c'est une SDF qui est retournée dans les bras de son bourreau parce qu'elle n'avait pas le choix, elle était sans logement. Des appels à projets sont mis en place par la Région wallonne. Ce que nous voulons, c'est susciter une rencontre avec le cabinet de la ministre Morreale pour chercher des solutions. Il y a des bâtiments vides, près de la Croix-Rouge qui fait un travail remarquable pour les accompagner. Mettons-nous ensemble pour trouver des solutions."
Maurice Jennequin, bourgmestre (CVN) dit retenir la proposition. "Mais nous devons alors y associer les bourgmestres voisins parce que cela ne concerne pas que Couvin." On ne pourrait lui donner tort: un sans-abri dormait encore dans un abribus de Philippeville, la semaine dernière. Les températures étaient négatives.
"Si on veut créer une unité de logement, on doit répondre à un tas de conditions drastiques: il doit être accessible aux PMR, aux normes énergétiques, avec un espace numérique, un accompagnement contre les assuétudes, et ceci avec un délai à 2026, ce n'est pas si facile", explique le mayeur.
Présidente de CPAS, Jehanne Detrixhe (MR-IC) est aussi intervenue: "Je respecte ces personnes et le secret professionnel qui m'est imposé et je ne détaillerai pas les situations personnelles mais la question des SDF qui occupent l'espace public nous interpellent, avec les équipes du CPAS et du Plan de cohésion sociale, depuis bien longtemps. Tous ces travailleurs sociaux assurent l'accompagnement social comme il se doit. Ils sont suivis et certains SDF ont même des rentrées financières peut-être plus importantes que certains d'entre vous. Ils sont trois, suivis par huit personnes. Un moment donné, il faut arrêter de polémiquer."